Demain, le congrès commence.
Même s'il ne faut rien en attendre comme changement, il promet quelques vagues, visibles ou invisibles...
Car le malaise est profond et le mécontentement gronde. Il faut dire que le "développement humain durable" est resté en travers de la gorge de pas mal de militants honnêtes...
Les toutes dernières infos qui remontent font part de ce mécontentement, bien plus large qu'au congrès précédent, et qui dépasse le cercle des opposants traditionnels. De très nombreux syndicats ont pris position publiquement, en rompant la tradition qui veut que l'on lave le linge sale en famille. Les CGT de la SEVA, de Philips, de Douai, des Mines, les cheminots de Montparnasse, le Conseil Général du Nord, dans la CGT Educ'Action (Nord, Morbihan), nous avons renoncé à reproduire tous ces documents sur notre blog, tant ils vont dans le même sens, avec une direction insistante : non décidément, ça ne va pas.
Et ce n'est pas fini. Nombreux sont les syndicats qui se sont positionnés sans le faire connaître publiquement ou dans les tous derniers jours. On sait ainsi que la CGT EdF ile de france s'est prononcée contre les documents proposés, comme plusieurs syndicats d'Aubervilliers (Territoriaux, Saint-Gobain, OPHLM) et de nombreux autres.
Gageons que ça va manoeuvrer sec dans les couloirs pour traficoter les résultats et faire le tri entre les "bons" et les "mauvais" votes.
Ce congrès marque un changement. Des syndicats osent afficher publiquement leur désaccord, nous l'avons dit, et c'est le signe que les contradictions s'approfondissent, même si le syndicalisme de classe n'est pas encore ni unifié, ni solide. Par contre l'opposition à la direction confédérale se développe. On lira avec intérêt le témoignage d'un retraité qui explique pourquoi "il ne vaut pas mieux se taire" et afficher ouvertement son opposition...
D'ailleurs, la direction de la CGT se rend bien compte du problème. On découvre dans "Le Peuple" (qui a de ces audaces démocratiques, il est vrai que l'avenir de la revue est en cause !!!) que la candidature Delannoy a bien occupé le CCN de début novembre, bien entendu pour la renvoyer dans les cordes, mais en étant obligé de reconnaître que cela manifestait quelque chose de profond.
Cette candidature a été extrêmement positive, même si pour l'instant elle n'a pas permis l'organisation d'une opposition structurée et bien organisée. Positive, car elle a permis de rompre l'isolement des syndicats, chacun dans son coin, de rendre visible que le malaise est général, qu'il ne s'agit pas des quelques mauvais coucheurs habituels mais d'une vague de fond. C'est pour cette raison que sur ce blog nous avons soutenu cette candidature sans réserves, en participant partout à sa popularisation, de Lyon à Toulouse et partout ailleurs.
C'est pour cette raison que nous disons aujourd'hui, "Tous à Nantes" mercredi, 19h00, Manufacture des Tabacs (10 boulevard stalingrad) pour participer à la réunion publique au coeur du Congrès. En particulier, tous nos lecteurs régionaux doivent faire l'effort d'être présents, d'entraîner leurs collègues du syndicat pour montrer justement le caractère général de cette opposition.
Aujourd'hui, l'enjeu est d'élargir l'opposition. L'enjeu n'est pas le Congrès lui-même avec des rêves hypothétiques pour convaindre les délégués à la dernière minute, même si bien sur il va falloir suivre attentivement ce qui va s'y passer.
L'enjeu n'est pas de s'adresser à Thibault ou la direction confédérale pour leur demander de partir ou de s'expliquer. Les choses sont claires, les camps sont délimités. Nous le répétons, une fois de plus : "ce sont des ennemis qui se cachent, pas des amis qui se trompent". Ils représentent la bourgeoisie dans notre camp, et ils en ont fait la preuve pendant tout leur mandat, et Jean-Pierre Delannoy l'a dit, leur bilan est catastrophique !!!
L'enjeu c'est de débattre dans les syndicats, avec les militants honnêtes, tous celles et ceux qui s'interrogent sur le "développement humain durable" ou les journées d'action bidon, Thibault à l'Elysée ou l'absence de riposte aux licenciements. Ne perdons pas notre temps à débattre avec les réformistes convaincus. Soyons sans illusion sur la CGT telle qu'elle est aujourd'hui.
Notre enjeu, ce n'est pas imaginer qu'on va pouvoir la changer, comme ça, dans le contexte actuel. L'enjeu, c'est de regrouper les opposants, d'éclairer les orientations, de structurer, de construire une solide opposition syndicale de classe.
D'ailleurs, le déroulement même des événements montre la farce dans laquelle nous évoluons. On apprend par la presse la composition du futur bureau confédéral (Le Monde ou Les Echos), ce qui provoque un communiqué courroucé de la Confédération. Mais qui peut croire un seul instant au caractère démocratique de l'élection de la direction, qui est en fait désignée par l'ancienne (on dit "cooptée") et ensuite validée de manière fictive à la CE ? Ce qui a provoqué ce communiqué, c'est qu'en fait, après la couleuvre du "développement humain durable" difficile à digérer, les structures ont eu vraiment eu du mal à encaisser cette annonce anticipée...
On verra bien. Quoiqu'il en soit, on voit apparaître des noms, comme Mohamed Oussedik, qui sont véritablement les porteurs de l'orientation de collaboration de classe. Poulain de Le Duigou sur l'emploi industriel, c'est un jeune, issu de la "diversité", cadre, ultra-réformiste. Bref, l'avenir de la confédération telle qu'elle est vue par la direction actuelle !!! Et entre lui et Frédéric Imbrecht dont on parle également beaucoup, c'est du même tonneau : issu de la Fédération Mines Energie, vous savez, EdF et ce consensus tacite avec Proglio autour du CCAS ???
Par ailleurs, on lira avec intérêt cet article de l'Institut Supérieur du Travail à propos de l'évolution des effectifs de la CGT par fédérations, et on regardera aussi cette vidéo du JT de FR3 Nord Picardie, ou JP Delannoy affiche sa détermination à l'ouverture du congrès, en s'inscrivant dès le début à la tribune pour voir si on lui donnera la parole ou pas...