Ne pas oublier l'histoire de notre classe est un des objectifs de ce blog.
C'est dans ce sens que nous publions ce compte rendu de lecture de deux petits livres de ce grand écrivain, faciles à lire, à recommander à toutes celles et ceux qui veulent donner un sens à leur révolte...
A l'heure où les patrons prennent à court (en otage ???) leurs ouvriers en les foutant dehors
après s'être assuré quelques millions d'euros de Bonus-exploiteurs
A l'heure où de nombreux ouvriers reprennent les bons vieux outils de la lutte, à coup de grève, occupation d'usine et séquestration de cadres, DRH, et autres voyous
A l'heure où on peut prendre son déjeuner et se régaler au moins de l'image du patron de 3M, usine
pharmaceutique, avec les traits tirés (lol) qui a passé deux petites nuits séquestrés par ces ouvriers,
Se régaler de cette image très courte car je ne peux faire l'impasse de délégués FO qui essaie de convaincre des ouvriers combattifs de relâcher le patron pour pouvoir négocier...la fermeture de
l'usine !
ça rappelle étrangement la révolte et la rage de l'ouvrière de Saint Ouen dans Reprises
Bref, des courts livres de Jack London sont à l'heure actuelle des outils de lutte, de réflexion et aussi de
plaisir, de rires et de détente toute politique...et oui, c'est possible !
Le premier livre : Grève Générale, éd. Libertalia, mai 2008, 108 p., 8 euros.
Ce recueil de nouvelles se lit très vite, et on se REGALE....le must :
« Le Rêve de Debs » où Jack London exprime en un style direct et avec humour (ce qui ne gâche rien!) son dégoût des possédants et son adhésion au socialisme. Un matin, les notables de San
Francisco s’éveillent et se retrouvent confrontés à leur statut d’oisifs : plus de chauffeur, de cuisinier, de femme de ménage… À l’appel du syndicat, les ouvriers ont déclenché une grève
interprofessionnelle illimitée. Bientôt, les vivres manquent et la détresse des possédants progresse. Mais l’armée veille au grain. La Révolution attendra…
Extrait : « Vous me rebattez les oreilles avec votre liberté de travailler. Tel est votre leitmotiv depuis des années. Les travailleurs ne commettent aucun crime en organisant cette grève
générale. Ils ne violent aucune loi. Cessez de geindre, Hanover. Depuis trop longtemps, vous trompez le peuple. Vous avez opprimé la classe ouvrière en serrant la vis. Maintenant, c’est elle qui
vous tient, elle serre à son tour, et vous poussez de grands cris […]. Combien de grèves avez-vous gagnées en réduisant les ouvriers à la famine ? Eh bien, les ouvriers ont trouvé le moyen de
vous soumettre à leur tour. Et s’ils ne peuvent y arriver qu’en vous affamant, vous crèverez de faim, voilà tout ! »
Le deuxième : Ce que la vie signifie pour moi. aux éditions du Sonneur, 48 p, 6 €.
Un texte court, sous forme d'introspection où Jack London retrace son parcours de vie et son parcours militant. Ce texte commence par des mots forts :
« Je suis né dans la classe ouvrière. J'ai découvert de bonne heure l'enthousiasme, l'ambition, les idéaux; et les satisfaire devint le problème de ma vie d'enfant. Mon environnement était
primitif, dur et fruste. Je n'avais pas de vue sur l'extérieur mais seulement sur ce qui se trouvait au-dessus. Ma place dans la société était tout à fait au bas de l'échelle. A ce niveau la
vie n'offrait rien que de sordide et misérable, aussi bien pour la chair que pour l'esprit; car la chair et l'esprit y étaient pareillement affamés et torturés. »
Ce texte retrace la vie de l'écrivain. De sa naissance dans le milieu ouvrier US, de ses débuts comme
ouvriers, dockers...De sa volonté de fuir le travail ouvrier et sa condition en cherchant l'argent facile avec sa courte carrière dans le banditisme. Puis vient la prison et le vagabondage.
Enfin, lors d'une marche de chômeur au début du 20ème siècle, Jack London rencontre des militants ouvriers, des socialistes, des gauchistes. C'est à cette période qu'il entame avec succès sa
carrière d'écrivain et ce jeune d'origine prolo va fréquenter les gens d'en haut, les riches, les notables, ceux qui sont censés être aussi riches matériellement et spirituellement.
Mais son rêve de s'en sortir individuellement disparaît au fur et à mesure que sa conscience de classe et son adhésion au socialisme se construit. Ainsi, comme il dit :
« Si bien que je suis retourné à la classe ouvrière, dans laquelle je suis né, à laquelle j'appartiens. Je ne me soucie plus de monter. L'imposant édifice de la société qui s'élève
au-dessus de ma tête ne recèle pour moi rien de délectable. C'est la fondation de cet édifice qui m'intéresse. Là je me contente de travailler, le levier à la main, au coude à coude avec les
intellectuels, les idéalistes, les travailleurs ayant la conscience de leur classe, en prenant de temps à autre une prise solide pour secouer tout l'édifice. Un jour, lorsque nous aurons pour
travailler quelques mains et quelques leviers de plus, nous le renverserons, en même temps que tous ces vivants pourris et ces morts sans sépulture, son égoïsme monstrueux et son matérialisme
sordide. Alors, nous nettoierons la cave et nous construirons une nouvelle habitation pour l'humanité, dans laquelle il n'y aura pas d'étage de salon, où toutes les pièces seront claires et
aérées, et où l'air qu'on y respire sera propre, noble et vivant. »
Pour finir par cette magnifique conclusion et le proverbe de fin :
« Telles sont mes perspectives. J'aspire à l'avènement d'une époque où l'homme réalisera des progrès d'une plus grande valeur et plus élevés que son ventre, où il y aura pour pousser les
hommes à l'action un stimulant plus noble que le stimulant actuel, qui est celui de leur estomac. Je garde intacte ma confiance dans la noblesse et l'excellence de l'espèce humaine. Je crois
que la délicatesse spirituelle et l'altruisme triompheront de la gloutonnerie grossière qui règne aujourd'hui. Et en dernier lieu, ma confiance va à la classe ouvrière. Comme a dit un Français
: "L'escalier du temps résonne sans cesse du bruit des sabots qui montent, et des souliers vernis qui descendent." »