C'est pratiquement sous ce titre ("le ras le bol des salariés"...) qu'est paru un reportage très intéressant dans la NVO Rhône Alpes du 6 février dernier, et qu'on trouvera intégralement ci-dessous.
Pourquoi très intéressant ? Parce que pour une fois on ne traite pas des conditions de travail uniquement du point de vue de l'entreprise mais de ses conséquences sur tous les aspects de la vie : vie familiale, avec son compagnon ou sa compagne, éducation des enfants, fatigue, sommeil, irritation, troubles de la santé etc. toutes choses connues par coeur par tous nos collègues postés (quel que soit le cycle), mais en général soigneusement occultés par tous les experts politiques, patronaux ou syndicaux.
L'exploitation, ce n'est pas seulement l'usine. Ce sont les conséquences sur tous les aspects de la vie, car ainsi est le capital : il se soumet toute notre vie, dans tous les recoins, jusque dans les loisirs, jusque dans notre manière de penser par les médias, jusque dans notre manière de réagir. Le travail posté, justifié strictement et uniquement sur les exigences de la production, du profit, de la concurrence, de la guerre économique (hormis quelques secteurs très particuliers, comme la santé par exemple) nous entraîne dans un monde inhumain, au sens propre. Comme on le voit déjà en 1968 dans les témoignages des travailleurs des chaînes de Peugeot Sochaux, le travail posté détruit notre humanité, ce qui fonde la richesse extraordinaire de l'être humain, son intelligence, sa capacité à réfléchir, à agir, à transformer lemonde.
Bien sûr, il n'ya aucune fatalité, car l'exploitation provoque nécessairement la révolte, c'est ce que montre l'enquête.
Le capital a besoin du travail posté, pour faire tourner les machines en permanence, et nous, nous avons besoin de dormir la nuit, d'avoir une vie régulière, de nos occuper de notre compagne ou notre compagnon, éventuellement de nos enfants, de vivre normalement, de lire, de nous éduquer et chacun(e) sait comment c'est difficile quand on est crevé par le boulot.
Pour les médecins du travail (voir le diaporama ci-contre), pour les réformistes, il faut trouver un terrain d'entente avec le patron, en concluant sur un extraordinaire "c'est au salarié de peser le pour et le contre", comme si l'ouvrier avait le choix...
On comprend mieux la lutte des travailleurs de Goodyear, qui refusent de passer d'un cycle de 3x8 sur 4 jours par semaine à un cycle de 4x8 en continu. C'est toute la vie de famille, la vie citoyenne, la relation aux enfants, les loisirs qui sont remis en cause par la dictature du capital... En ce sens, leur combat est absolument remarquable, et ils sont un exemple pour toute la classe ouvrière : au delà de la seule lutte pour la défense de l'emploi, c'est toute leur relation à la vie qu'ils défendent !
Car c'est bien notre chemin : nous ne nous battons pas pour une "exploitation light", pour un "capitalisme à visage humain". Nous voulons un autre monde, où l'homme soit au coeur de la société.
Les Goodyear se battent, au coeur du capital, là où sont les règles fondamentales de ce monde. Mais consciemment ou pas, c'est toute la vie qu'ils veulent changer !
Aussi nous avons un seul mot d'ordre :