Le 31 mars, la Fédération de la Métallurgie annonçait une grande journée d'action dans le secteur de l'automobile pour le 23 avril. Au lendemain du 19 et face à la colère des travailleurs du secteur, hachés menus par les restructurations, il fallait proposer un dérivatif, donner l'impression de "faire quelque chose".
Et puis, plus rien. Silence radio. Et puis, on apprend (tout à fait par hasard, aucune info fédérale) que la journée "prend de l'ampleur" et se transforme en journée interfédérale (Métallurgie, Chimie, Verre-Céramique).
Et puis nous voilà le 24.
Nous, avec encore un peu de naïveté, on s'attendait à des initiatives, des manifestations, des regroupements, à de l'action quoi, histoire de ne pas lâcher la pression avec nos collègues de Mollex, Continental ou Caterpillar. Du coup, on l'avait annoncée sur ce blog dans l'agenda, pour que nos lecteurs puissent s'y intéresser et y participer selon les régions.
Alors, on a tenté de recenser ce qui s'est finalement fait sur cette journée d'action, et c'est la misère (mais surtout si nos lecteurs ont des infos, qu'ils nous les transmettent) :
- un rassemblement devant les grilles de Valeo à Caen
- une conférence de presse à Michelin Clermont-Ferrand
Et puis, on n'a rien trouvé d'autre... tout simplement rien d'autre.
C'est à dire qu'en première analyse, cette journée a tout simplement été "fantôme", "virtuelle". Un effet d'annonce pour les médias, mais dans la réalité, RIEN.
On se trouve là face à une pratique qui existe depuis belle lurette mais tend à se généraliser et qui est extrêmement grave : la manipulation de l'opinion, les effets d'annonce, le mensonge. Pour nos dirigeants syndicaux, peu importe la vérité, la réalité de la lutte des classes, ce qui compte, c'est de faire croire qu'on fait quelque chose pour se placer en position de force face au gouvernement (car les patrons ne sont pas dupes...). Comme dans les anciens pays de l'Est, tout est positif, tout va de l'avant, sans aucun problème.
C'est une vision du monde lisse sans aucune contradiction. Une vision du monde qui nous entraîne à notre perte, car on ne peut construire sur du mensonge. Les militants de classe le savent, "seule la vérité est révolutionnaire", même si elle est parfois désagréable à entendre, même si elle exige parfois bilan et auto-critique.
La leçon de cette "journée virtuelle" doit être retenue par tous : aucune confiance dans les discours officiels, dans les communiqués triomphants, dans les déclarations péremptoires. Nous devons tout passer à la moulinette de l'observation, de la contre-enquête, de la critique. Nos dirigeants réformistes sont capables de tout inventer, de tout manipuler.
Nous devons nous défendre, nous ré-approprier notre vie, notre lutte, notre classe. Un des rôles de ce blog est de faire circuler l'information qui ne circule pas ailleurs, de dévoiler la "vraie vérité" de la lutte des classes et du syndicalisme. Mais nous savons aussi que nous non plus ne sommes pas à l'abri de l'erreur, ou de la manipulation par d'autres (cela nous est arrivé une fois ou l'autre). Nous y sommes attentifs, mais pas infaillibles.
Aussi, nous disons à nos lecteurs d'être les acteurs de ce blog, de la contre-information de classe, c'est un des volets de la reconstruction d'un syndicalisme de classe, comme d'une perspective vraiment révolutionnaire.
Plus jamais manipulés !
Comptons sur nos propres forces !