Bon, le titre est un peu excessif. Mais pas tant que cela. Après le procès contre les camarades de Forclum, le coup d'Etat contre l'UL de Douai, la tentative d'éjection d'un camarade de CEGELEC (l'affaire est toujours en cours), voilà qu'au détour d'un article du Figaro daté de hier, on apprend qu'il y a maintenant à la Conf' un responsable chargé de suivre le développement du NPA dans ses rangs...
L'article du Figaro ne fait pas dans la dentelle ("Séquestrations : la main de l'extrême-gauche") pour se faire le porte-parole du patronat le plus réactionnaire. Pas de surprise, on pouvait s'y attendre de ce journal.
A part cela, l'article n'est pas mal documenté (évidemment alimenté par les RG, comme d'habitude au Figaro), et reflète une évidence : dans tous les conflits actuels, les militants les plus radicaux sont à la tête du mouvement. La belle affaire ! C'est bien le moins qu'on pouvait attendre d'eux, non ? Alors LO, NPA, anarchistes, maoïstes ou autres, ils sont là et c'est bien normal.
Pas de quoi fouetter un chat, et si les bourgeois et les patrons en parlent tant, ministres en tête, c'est que quelque part ils ont peur de la contagion. Pour l'instant, les séquestrations sont carrément "light", il n'y a pas vraiment d'occupations d'usines, pas de comités de grève, les syndicats contrôlent encore les luttes. On n'est ni en 1995, ni dans les manifestations des sidérurgistes des années 70/80, bouteurs en action contre les CRS et incendie du château patronal... ou mise à sac de la préfecture de la Moselle ! Mais il y a la crainte, réelle que cela déborde, que cette période revienne. Et vue l'ambiance en ce moment, on peut les comprendre.
Hier soir, dans leur soirée finalement insipide à la télé, les trois leaders Thibault, Chérèque et Mailly n'ont en fait pas dit autre chose : "Il faut que le gouvernement nous entende", "qu'il lâche quelque chose, n'importe quoi", "sinon ça va péter", et "on vous l'aura bien dit !".
Donc la bourgeoisie, Figaro en tête, lance la chasse à l'extrême-gauche. Pas très nouveau.
Ce qui nous intéresse surtout, c'est ce qui est dit sur notre syndicat :
«Les centrales territoriales sont très infiltrées, assure ainsi un représentant patronal. Il y a de l'entrisme actuellement dans les syndicats d'extrême gauche qui tentent de radicaliser les mouvements.» Ce que confirme un cadre de la CGT. «Ils nous collent sur le terrain dans tous les conflits, reconnaît-il. Ils essayent de peser sur ce qu'on dit et ce qu'on fait.» Il est d'ailleurs de plus en plus fréquent de retrouver des tracts du NPA ou de LO - vantant la lutte des classes et appelant à la révolte - traîner à la sortie des entreprises, et même à l'intérieur.
Une situation qui a poussé la CGT à confier à un ancien responsable de la CGT-transport, Alain Renault, la mission de suivre le développement du NPA dans ses rangs. «On sait très bien où ils se trouvent : dans quelles fédérations, dans quels territoires, dans quelles entreprises», avoue-t-il. Les sections départementales CGT de Seine-Maritime, du Pas-de-Calais ou des Bouches-du-Rhône seraient ainsi présidées par des militants d'extrême gauche. Tout comme les fédérations de la chimie, de quelques branches de la fonction publique, ou encore les sections d'Orly-Sud ou de la SNCM. «Le NPA a besoin d'une assise dans les organisations de masse, comme à la CGT, pour se développer», justifie un syndicaliste cégétiste."
Au delà du discours policier traditionnel ("infiltration", comme si les ouvriers étaient trop cons pour être radicaux par eux mêmes... "entrisme", comme si les ouvriers ne pouvaient pas se politiser par eux-mêmes etc.) l'article montre que la direction confédérale prend les affaires en mains... et Thibault, comme Maryse Dumas en avaient parlé de manière à peine voilée lors de la réunion des Fédés et UD du 1er Avril. L'avenir dira ce qui se passera, mais nous n'avons pas oublié l'histoire de la CFDT dans les années 80, et il y a une échéance, le 49ème Congrès, désormais sur les rails (voir le dernier numéro du "Peuple" qui vient d'arriver dans les boîtes aux lettres).
Voilà plusieurs années que nous alertons les camarades de la CGT. Ceux qui s'imaginent qu'il va être possible d'arriver à un arrangement, d'établir un rapport de forces etc. vont en être pour leur frais. Nous le répétons : le seul avenir est collectif dans la construction d'une opposition constituée et solide. Malheureusement les conditions ne semblent pas encore réunies... Espérons que nous n'en fassions pas les frais, avec maintenant en plus ce "Mr Flic" dans la CGT, ce Alain Renault qui d'ailleurs surveille ce blog dans le cadre de ses fonctions depuis au moins juin de l'an dernier... [info spéciale de notre service de contre-espionnage, n'est-ce pas "Niala" ?]