Un fidèle lecteur du blog de Normandie a été particulièrement éverné par le dernier numéro du "Peuple", et en particulier l'éditorial de Eric Aubin. Il y a de quoi !
Alors, c'est un peu "rengaine", mais il est parfois utile d'enfoncer plusieurs fois le même clou, et en cette veille du premier mai, il est intéressant de répéter le sens véritable que la direction confédérale veut donner à la CGT CFDTisée... Par ailleurs, dans le débat sur "l'avenir des syndicats", le camarade exprime un point de vue un peu différent de ce qu'on a pu lire sur ce blog.
Voici son courrier
Si une partie des militants CGT se satisfait de la stratégie confédérale , pour une autre - la plus combative, celle qui pense et agit encore au nom de la lutte des classes -, ces mobilisations au compte-goutte (29 janvier, 19 mars et 1er Mai) ne sont pas acceptables.
Alors évidemment, avec une certaine radicalité des luttes et à l’approche du 49ème Congrès confédéral, il s’agit rapidement de mettre un terme à l’agitation des masses (minoritaire mais certainement concertée, parce que gauchiste, cela ne peut pas être autrement pour ces réformistes). Donc, la chasse aux sorcières (ou ce qui commence à y ressembler) commencée il y a déjà quelques temps va se poursuivre, semble t-il, plus durement envers les militants combatifs qu’ils soient d’extrême gauche ou pas. Et tant pis, si ce sont eux qui ont la meilleure analyse de la situation et en conséquence, se trouvent être parmi les meilleurs défenseurs des intérêts des travailleurs.
Nommer un responsable en charge du suivi de la progression du NPA (et plus largement de l’opposition) dans la CGT montre où en est - idéologiquement et politiquement - le bureau confédéral CGT.
Dans un sens, cela a le mérite de la clarté et confirme entièrement ce qui se dit sur ce blog depuis plusieurs mois : Bernard Thibault, Le Duigou et d’autres ne sont pas des amis qui se trompent mais bien des ennemis qui se cachent ! Ces gens et leur clique ont totalement abandonné tout véritable esprit de combativité syndicale et sont maintenant des forcenés de la collaboration de classe. De partenaires sociaux en dialogue social tout en passant par les diagnostics partagés et les experts en tout genre, ils sont ce que l’on appelait autrefois les nouveaux « valets du patronat » dans les rangs des travailleurs.
Leur objectif n’est, à l’évidence, plus la satisfaction des revendications des travailleurs sinon ils montreraient un peu plus d’activité mobilisatrice.
Alors la chasse aux militants leur est nécessaire même si elle est particulièrement scandaleuse. D’autant que plusieurs responsables confédéraux font toujours partie de l’association « Confrontations », main dans la main avec des patrons qui ne se sont pas fait connaître pour leur particulière bienveillance envers les travailleurs. Ces patrons attendent un retour sur leur participation et la politique confédérale menée ces dernières années apparaît bien comme un service rendu par nos dirigeants à cette officine patronale et au patronat tout entier. Au fait, y a t-il un responsable confédéral chargé du suivi du développement de ce club de collaboration de classe « Confrontations » ?
Sinon, c’est déjà trop tard, la gangrène est trop avancée.
Effectivement, il y a des coupables dans notre organisation, ce sont ceux-là même qui y commettent des dégâts depuis des années et ils ne sont pas à rechercher du côté des « gauchistes », des militants révolutionnaires ou des travailleurs combatifs (qui n’ont pas forcément besoin de « guides » pour lutter) mais plutôt de ceux qui fraternisent en permanence et honteusement avec le patronat, le gouvernement.
Tous les derniers articles du blog l’ont exprimés, ce n’est que passivité confédérale là où il faudrait organisation et mobilisation permanente. La stratégie démobilisatrice du bureau confédéral est volontaire et ce n’est pas uniquement pour rester aligné sur la CFDT mais bien parce que cela correspond aux orientations idéologiques qu’il tente d’appliquer dans toute la CGT. C’est un objectif qui ne date pas seulement de l’élection de Bernard Thibault comme secrétaire général mais qui s’est accéléré ces dernières années ( tout ne s’explique pas par l’entrée dans la C.E.S. ).
Ces tristes individus sont dans l’obligation d’aller « au charbon » et après l’article de Le Duigou (Ensemble N° 17 « Pour un meilleur usage des profits »), l’intervention de Maryse Dumas (Réunion FD, CR et UD du 1er avril 2009), nous avons droit dans le dernier numéro du journal Le Peuple (N° 1683 – 22 avril 2009) à un texte pitoyable « Mesurons ce qui bouge ! ». Ecrit par Eric Aubin, membre de la Commission exécutive confédérale mais aussi secrétaire général de la triste Fédé de la Construction (celle-là même qui se débarrasse manu militari de toute opposition à ses orientations), cette tentative de justification de l’impossible prétend nous informer sur de pseudos avancées obtenues :
« De nombreux salariés et notamment des militants pensent qu’il n’est pas bon de multiplier les journées d’action, considérant que les résultats se font attendre et que le risque est la démobilisation.
Et bien, c’est ignorer ce qui a déjà bougé grâce à la mobilisation. »
Et il énumère les points obtenus en commençant par :
« D’abord l’opinion publique qui, à près de 75% soutient la mobilisation ».
Et oui, camarades, des millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités, d’étudiants, de lycéens manifestent, sont en grève pour ça, pour ce résultat ! Soyez heureux et satisfaits, l’opinion publique soutient la mobilisation !!!
Le négociateur confédéral Eric Aubin, qui n’a peur de rien, continue sa multiplication des petits pains :
- l’allocation de fin de formation pour les chômeurs
- l’allocation équivalent retraite pour les chômeurs n’ayant pas 60 ans
- le financement de la retraite complémentaire entre 60 et 65 ans
- Le recul des sénateurs sur le travail du dimanche
Nous sommes loin de la plate-forme intersyndicale (déjà bien faiblarde) du 15 décembre 2008 et nous sommes encore plus loin des revendications claires, précises portées lors des manifestations.
Ce que veulent les travailleurs :
- c’est l’arrêt des fermetures d’entreprises
- l’arrêt des licenciement
- et parce que trop souvent isolés dans leur combat, de meilleures conditions de départ.
- ce sont des augmentations immédiates de salaires, de pensions, de minimas sociaux
Ce ne sont pas des miettes qu’ils veulent mais la fin de cette politique antisociale !
Alors, ce qui a bougé est loin de répondre à ces revendications, aux attentes.
S’ORGANISER…
Nous n’avons pas d’autres choix que de nous organiser dans notre CGT (Syndicats, Ul, UD…) et de déborder ces directions syndicales habituées à la moquette des salons du patronat ou des ministères plutôt qu’au bitume de la rue et au bruit des usines.
Contrairement à ce que certains camarades pensent, nous ne devons pas abandonner nos syndicats, il faut les reconstruire ou leur faire prendre une autre voie, celle de la lutte des classes tout en travaillant à un syndicalisme de masse. Ce n’est pas simple mais c’est la seule voie.
A l’heure actuelle, c’est impératif d’abord pour résister à cette droitisation permanente dans les orientations en cours et ensuite pour ne pas que le 49ème Congrès soit un revers supplémentaire pour les militants et les travailleurs.
Un militant CGT