On ne sait, et on l'a bien répété sur ce blog, la lutte des sans-papiers n'est terminée. Partout les luttes se poursuivent sous des formes diverses, partout des interrogations sur comment avancer, face au blocage de la Confédération.
Comme l'a fait remarquer à juste titre un lecteur, il faut désormais arrêter de se lamenter sur les blocages réformistes, ça devient rengaine même s'il ne faut pas manquer les dénoncer..
Il faut savoir s'appuyer sur les expériences les plus avancées, tant sur les mots d'ordre que sur les formes d'organisation.
Aussi, pour ce qui se passe dans la CGT (objet de ce blog), nous venons d'être informés de quelque chose d'assez intéressant : la constitution à Grenoble d'un syndicat multiprofessionnel des travailleurs sans-papiers CGT.
C'est à dire une structure autonome, où les sans-papiers peuvent se regrouper dans un cadre syndical, diriger eux-mêmes leur lutte. Un syndicat "à eux" en quelque sorte, qui se rapproche de la proposition d'une "CGT-MOI" (CGT "Main d'oeuvre immigrée", par analogie aux FTP-MOI durant la deuxième guerre mondiale) faite il y a quelque temps également sur ce blog.
On le sait, le principal souci rencontré dans la lutte est sa bureaucratisation, la prise en charge exclusive par les experts syndicaux réformistes, le refus que les travailleurs sans-papiers prennent eux-mêmes leurs affaires en main. Bref une mise sous tutelle, bien dans la tradition chauvine d'un pays impérialiste.
De ce point de vue, il nous semble que l'initiative de Grenoble est intéressante, mérite d'être suivie et généralisée. On le sait, il est désormais possible de créer des syndicats multiprofessionnels dans la CGT (par exemple les syndicats de site, qui ont fait pas mal parler d'eux). Il y a là une opportunité à saisir, et nous espérons que les camarades de Grenoble, sans-papiers ou soutien, sauront nous rapporter le bilan de leur expérience.
Pour commencer, ce syndicat a organisé Jeudi dernier 30 avril l'occupation de la Direction Départementale du Travail et de l'Emploi à Grenoble, et a diffusé le communiqué suivant :
"COMMUNIQUE DE PRESSE - 30 avril 2009
Depuis ce matin, 50 travailleurs sans papiers syndiqués à la CGT occupent la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi pour demander leur régularisation assortie du droit de travailler. Empêchés de travailler au grand jour parce que sans papiers, ils sont poussés dans la clandestinité et subissent de ce fait les pires conditions d’exploitation et la peur permanente d’être arrêtés et expulsés. Le combat de la CGT est de faire reconnaitre aux pouvoirs publics que les sans papiers travaillent et qu’à ce titre ils doivent pouvoir bénéficier du droit du travail. Ceci passe par leur régularisation.
Plus de 120 dossiers déposés par la CGT sont actuellement entre les mains du préfet. Tout laisse à penser que de nombreux rejets se préparent dans les bureaux de la préfecture.
Ce que demande le préfet pour la régularisation de ces travailleurs est impossible : produire des fiches de paye alors que les employeurs ne peuvent les déclarer qu’à partir du moment où ils ont un titre de séjour. Ce qui fait d’ailleurs l’affaire d’une fraction peu scrupuleuse du patronat.
Dans les faits, la politique restrictive et répressive des pouvoirs publics en matière d'immigration maintient et renforce le travail clandestin. C'est au contraire en donnant davantage de droits aux travailleurs étrangers, notamment en facilitant leur régularisation, qu'on se donne le plus de moyens de lutter contre le travail clandestin, et qu'on peut aboutir le plus rapidement à améliorer les conditions de travail dans des secteurs comme la restauration, le BTP, l'agriculture, l'aide à la personne..."