Des camarades de ce blog sont allés manifester à Compiègne avec des camarades qui luttent pour la régularisation de tous les sans papiers. La participation de ceux-ci est essentielle parce que l'heure est à la construction de la solidarité ouvrière internationale : l'échange d'expériences et les rencontres directes comme dans cette manifestation, nous aident à y voir plus clair et renforcent notre détermination.
En tête de manifestation, bien sûr, les CONTI en T Shirt « Continental, patrons voyous ! »
Mobilisés, et même très remontés car aucune solution pour l'emploi ne se profile à l'horizon malgré la rencontre à Paris du mercredi 28. Au contraire, la restructuration s'accélère. 5000 manifestants, moitié moins que le 19 mars, mais toujours la rage et la révolte !
Une mère de famille, ouvrière à Conti manifeste avec ses deux enfants, des ados, exprime son point de vue sur la lutte. Pour elle, le plan social est en marche : « on est à 19 jours de la fermeture, soi-disant 650 licenciements le 19 octobre prochain, la suite en 2010, mais on n'y croit pas ça va aller plus vite. D'ailleurs, la direction s'engage sur des dates, mais le jour même elle tient une nouvelle réunion sans concertation à Paris ».
De fait, depuis que le local de sécurité a été détruit, la direction traîne pour réparer . Des ouvriers pensent que la mise au chômage technique en attendant arrange la direction car l'Etat est mis à contribution. Pour cette ouvrière, ce qui est positif, c'est l'unité intersyndicale sur l'usine, du jamais vu avant.
Dans la manif, la solidarité est forte. Tous les travailleurs de la région sont touchés. Une militante de la Cgt'éducaction dénonce : « c'est une catastrophe sociale pour toute l'Oise, déjà en déficit d'emploi. Cinq entreprises au moins sont en train de fermer, avec Continental, Lear, des sous-traitants, ce sera au delà des 1120 Conti, toute une chaîne d'emplois qui vont disparaître ». Aucun travailleur n'est épargné dans la région : le centre commercial a diminué son personnel de moitié en raison de la baisse des ventes : « Dans les écoles, on commence à ressentir les conséquences familiales, alors que les gens ont encore leur emploi, qu'est ce que ça sera ensuite ». « La population de la région comprend cela et elle est très solidaire, elle participe aux manifs régionales pour l'emploi ».
« Le gouvernement a préféré condamner la casse matérielle plutôt que la casse humaine » déclare le représentant de l'intersyndicale en fin de manif. Il s'agit de l'interpellation de 7 ouvriers convoqués au tribunal pour les violences à la préfecture de l'Oise ; mais la solidarité sur ce sujet est complète. Les illusions sur la neutralité de l'Etat en ont pris un coup.« Ca a éclaté le jour où il est apparu que l'Etat ne soutiendrait pas l'emploi ouvrier : aucune justice, aucune perspective d'avenir pour nos enfants, c'est trop ! c'est le désespoir face à cette injustice , on les comprend. La colère face à tant de malhonnêteté, ça pourrait même aller plus loin » Face aux poursuites des 7 salariés, les Conti proclament : « c'est le patron et l'Etat qui sont voyous », et les négociations sont actuellement suspendues par les syndicats en attendant la levée des sanctions.
Colère aussi, contre le mépris des hommes politiques. Celui du député UMP Goneau, jamais sorti de son bureau pour rencontrer les ouvriers, conspué à la fin de la manif « Goneau, on t'emmerde ». Ce mépris allié au lâchage par l'Etat, fait vite mûrir les consciences, et à côté des revendications classiques du discours final, on entendra : « les Conti sont tous des révoltés, et même des révolutionnaires, à cause de tous ceux là ».
Bref, une manif tonique, qui montre à la fois la combativité ouvrière, la solidarité de toute une région qui se mobilise pour défendre l'emploi, et aussi , avec la rencontre des travailleurs allemands à Hanovre, une dimension de solidarité internationale.
Mais, comme le disait un postier dans la manif, : « Les travailleurs sont déterminés, mais aucun parti ne les représente vraiment, c'est ça le problème ! »