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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 18:05
Dimanche 18 octobre 2009
CITA 2009 : Rapport de pays - l'Afrique du Sud

[Les divers rapports de pays sont issus du CITA. Nous pouvons ne pas en partager tel ou tel aspect]

AfriqueSud(1) Quelques caractéristiques du pays

L’Afrique du Sud a autour de 49 millions d’habitants et couvre presque trois fois la surface de l’Allemagne. C’est un pays capitaliste dépendant. L’Afrique du Sud est un centre économique et culturel pour l’Afrique entière. Dans les années 70, il y a eu un grand mouvement anti-apartheid, avec des formes de lutte radicales qui ont contribué à l’abolition des lois de l’apartheid. Autour de 80 % de la population est noire.

(2) L’industrie de l’automobile et les employés

En Afrique du Sud, il y a des usines de Ford, General Motors, Mercedes, Toyota et Volkswagen. Avec une production annuelle de 535.000 véhicules en 2007, l’Afrique du Sud est dans ce secteur plutôt insignifiante, en bas de l’échelle internationale (73 millions de véhicules sont construites chaque année dans le monde). Mais du point de vue local, le secteur de l’automobile est l’épine dorsale de l’économie de l’Afrique du Sud ; on y produit 7,5 % du PNB, et 36.000 personnes y sont employées (chiffres de 2007), pour la plupart des noirs.
L’industrie d’équipement a un chiffre d’affaires global de 2 % du PNB, il y a plus de 200 producteurs de pièces d’équipement, plus 150 équipementiers qui ne livrent pas exclusivement leurs produits à l’industrie de l’automobile.
Entre 2004 et 2006, la vente des véhicules a augmenté de façon régulière, en 2008, la vente s’est effondrée de 20 % pour n’atteindre que 533.000 véhicules, et en 2009, l’effondrement a continué.
En redoublant l’exploitation (par la production allégée), la productivité dans l’industrie sud-africaine a augmenté particulièrement autour du millénaire.

(3) Les conditions de travail et de vie et les transformations par la crise économique mondiale.

En Afrique du Sud, les conditions de travail et de vie ont toujours été marquées par l’oppression de la population pendant et après l’apartheid, par la vie dans les „townships“, des bas salaires et une mauvaise sécurité sociale. Cette situation s’est encore aggravée par la crise.
Les entrepreneurs de l’industrie automobile ont profité de la crise économique mondiale pour retirer des droits aux ouvriers et pour aggraver les conditions de travail. P. ex., les ouvriers travaillent pendant deux semaines, ensuite ils doivent rester à la maison pendant deux semaines sans salaire. Pour ces travailleurs au chômage partiel, il n’y a ni sécurité sociale ni pension. Ils reçoivent des salaires entre 4500 et 9700 Rand (ce qui correspond à 380-820 €), ce qui ne suffit souvent pas à payer la nourriture et le transport pour aller au travail. La situation s’est aggravée parce que les salaires des chômeurs partiels sont réduits de moitié.
L’endettement de la population est un grand problème qui s’intensifie avec la crise économique mondiale. 7,5 millions de personnes en Afrique du Sud ont bénéficié d’un soutien par l’État : l’ensemble des dettes dans la construction de logements / la propriété immobilière pour les propres besoins s’élève à 14 milliards de Rand (~ 1,2 milliards d’€), les dettes provoquées par les crédits s’élevant à 4 milliards de Rand (~ 340 millions d’€). De mai à juillet 2009, 270 000 personnes ont été licenciées, augmentant ainsi le chiffre des chômeurs à 4,1 millions, ce qui donne un taux officiel de chômage de 23,5 %. Mais c’est un chiffre édulcoré, car au deuxième trimestre de 2009, le chiffre des demandes d’emploi a progressé de 300 000 à 1,5 million.

Dans la crise, l’industrie réclame des milliards de soutien par l’État. L’industrie de l’automobile, la direction du syndicat, le gouvernement, les banques et d’autres industries vont délibérer ensemble en octobre 2009 pour estimer la profondeur de la crise.

(4) L’évolution des luttes, les conflits, la coordination des luttes

Il y a des protestations violentes contre la décharge de la crise sur le dos de la population. En particulier, on revendique l’électricité et l’eau courante dans les logements, ce qui ne va pas de soi surtout dans les „townships“. Des milliers de personnes manifestent dans la rue pour imposer leurs revendications. En juillet 2009, des gens qui protestaient sont allés dans un supermarché à „Gauteng Shoprite“ et se sont servi de nourriture sans payer ; et au lieu de se laisser intimider par les caméras de surveillance, ils se sont fait prendre en photo exprès pour montrer leur protestation au gouvernement. Des centaines de personnes ont été mises en détention, mais après d’autres protestations, on les a remises en liberté. La brutalité de la police est comparable à celle de l’apartheid. Des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène, du plomb de chasse sont employés, des hommes, mais aussi des femmes plutôt âgées sont emmenés par la police avec brutalité.

Depuis les années 70, la conscience de classe des ouvriers et des masses s’est développée, ce qui a entraîné la fondation de syndicats et puis la chute du régime de l’apartheid. Mais par la suite, certains anciens combattants contre l’apartheid se sont laissés corrompre et se sont dressés contre les luttes. La direction des syndicats représente l’“unité nationale“, comparable au chauvinisme social en Allemagne. Une résistance croissante contre cette politique trouve son expression dans une lutte des travailleurs chez VW en 2007.

Une des difficultés réside dans le fait que le degré d’organisation des forces combatives et révolutionnaires est encore relativement faible. Si on arrive à digérer la trahison de la direction du syndicat et à renforcer les forces combatives et révolutionnaires, il y aura un nouvel essor de la conscience de classe en Afrique du Sud !

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