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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 07:32
Samedi 6 mars 2010
TOUS ENSEMBLE avec les Total à la Défense le 8 mars !

Total1Depuis début février, les camarades de la raffinerie Total de Dunkerque se battent pour l'emploi, le leur mais aussi celui de toute une région déjà durement touchée par le chômage.
Le mouvement a pris de l'ampleur, et on a même vu une semaine de grève totale de toutes les raffineries du groupe, menée par la CGT, mais liquidée "pour un CDD de cinq ans" à la première intervention du ministère. CDD de cinq ans ? Oui, car le groupe ne s'est engagé que pour cinq ans... Et les camarades de Dunkerque se retrouvent à nouveau seuls face au projet de fermeture.

"Trahison" crient tous les militants de lutte. Non, non, chers camarades, ce n'est pas une trahison. Ce sont deux visions de la lutte, de l'emploi. Deux visions contradictoires.
CoordCGTTotalD'un côté les camarades de Dunkerque qui se battent pour l'emploi, pour l'intérêt ouvrier, avec un sens élargi de la solidarité au plan régional. Et le dos au mur.
De l'autre la position confédérale qui ne conçoit l'emploi que dans le cadre de l'économie capitaliste, d'un "plan  raffinerie", de l'indépendance énergétique de la France (ce qui fait sourire en parlant de pétrole...) etc... et qui donc se satisfait d'une vague promesse patronale et ministérielle qui rentre en plein dans le jeu.
Oh, ça a fait des vagues, parce que le lâchage des camarades de Dunkerque en pleine lutte, ça fait désordre. Il a même fallu un démenti officiel (voir ci-contre) de la coordination CGT du groupe Total, ce qui n'est pas banal, pour tenter de justifier l'injustifiable... Cela dit, toujours pas la moindre petite dépêche confédérale pour appeler au rassemblement de lundi, lors du CCE...

Mais la lutte continue.
Lundi 8 mars, c'est le CCE extraordinaire qui doit traiter de la restructuration du groupe qui va avoir lieu à la Défense. Hier, vendredi, les camarades de Dunkerque ont bloqué la sortie du brut en prenant en otage des pièces de contrôle commande du circuit des vannes.
Et à cette occasion, un appel à la convergence des luttes est faite, la plus large possible, pour à la fois soutenir les camarades de Total et pour tenter une nouvelle fois d'organiser le "front du refus" face aux restructurations capitalistes.

Appel TotalUn "Appel national à Comité de Soutien" (voir ci-contre) circule largement dans ce but.
Il faut que nous soyons nombreux aux côtés des camarades, comme nous avons pu l'être avec les Contis ou le 17 septembre dernier.

La question qui resurgit, une fois de plus, est celle de la convergence des luttes, de l'objectif de la grève générale, du "TOUS ENSEMBLE" contre les restructurations et le capitalisme.
C'est l'aspiration la plus forte de la classe ouvrière, qui en prend plein la tête et ne comprend pas la logique des combats éparpillés. Les Contis d'un côté, la santé de l'autre, Total, Philips, Goodyear, la sous-traitance automobile, chacun dans son coin, alors que l'évidence, claire pour toutes et tous, c'est que derrière chaque restructuration particulière, c'est le même système qui est en cause.

En ce sens, il faut tout faire pour regrouper les luttes partielles, comment tentent de construire les camarades de Philips Dreux, de Continental, de la métallurgie du Nord Pas de Calais, de divers secteurs de SUD ou bien d'autres.
Mais il faut aussi s'interroger :
pourquoi ça ne marche pas ?

Ce n'est pas faute d'efforts des camarades concernés, qui multiplient les occasions de contact, de renforcement des liens à la base, les déplacements, les rencontres (encore le 2 mars à Dunkerque).
C'est qu'il y a un problème de fond. Pour être capables de faire converger les luttes, il faut avoir un objectif clair, il ne suffit pas d'en rester à rejeter le capitalisme. Il faut  proposer une autre société, une autre vision du monde, remettre le monde à l'endroit, comme d'ailleurs les camarades de Philips l'ont fait dans leur brève expérience de "contrôle ouvrier", ou comme nous le faisons à propos des retraites.
Il faut sortir de la logique de l'accompagnement et de la réforme, en toute indépendance de classe envers nos exploiteurs, dans les entreprises ou l'Etat. Il faut rentrer des deux pieds dans le domaine politique.
Certains camarades l'ont très bien compris (avec des interprétations très différentes) : Xavier Mathieu l'été dernier, lorsqu'il s'écrie "le syndicalisme c'est de la politique ou je n'y comprends rien". Guy Eyermann, ex leader des New Fabris, promoteur de la première initiative de rencontre des entreprises en lutte, également lorsqu'il rejoint la liste de Ségolène Royal pour les régionales. [Mise à jour 11  mars : ou comme ces listes de syndicalistes combatifs qui appelent à voter pour le Front de Gauche, ou Pierre Le Méhanès (SBFM) sur les listes du NPA].
Et là, tout de suite, on voit le souci : politique, oui, mais QUELLE politique ?

Le problème des camarades en lutte, c'est qu'ils laissent soigneusement cette question de côté.
Parce qu'elle suppose débat, contradictions, polémiques avec les réformistes, démarcations, construction d'un projet alternatif et indépendant. Elle suppose d'être clair par rapport à ceux qui se prétendent nos dirigeants, dans les syndicats ou les partis réformistes :
Des amis qui se trompent, sur qui on peut faire pression, ou des ennemis qui se cachent, avec qui il faut rompre ?

Or actuellement, tout le monde veut éviter ce débat. Tous les camarades et secteurs combatifs imaginent qu'on va pouvoir avancer en mobilisant à la base de la manière la plus radicale possible, pour faire pression sur des dirigeants pour qu'ils prennent leurs responsabilités. C'est ce qui s'est dit par exemple lors de la rencontre du 10 février à Sin Le Noble, à l'initiative de la métallurgie du nord Pas de Calais.
Nous nous répétons : ça ne marche pas. Et si cela marchait, les réformistes récupéreraient le mouvement en toute tranquillité... Regardez comment Thibault a récupéré le CPE lors du 48ème Congrès ? Comment les fédés ont récupéré la journée du 17 septembre ? Comment la Confédé récupère le mouvement des sans-papiers ? Les choses ne sont-elles pas claires ?

JPDPartisanLa question d'actualité pour nous aujourd'hui n'est pas d'abord celle de la lutte radicale. Entendons nous : évidemment il faut mener la lutte radicale, faire converger les luttes, tisser des liens etc. Mais cela n'est pas le problème essentiel.
Le problème est celui de l'organisation indépendante des  militants de classe, à la fois en termes d'organisation, en termes d'apparition et de démarcation, et en termes de contenu.
C'est pour cela que nous avons soutenu la candidature de JP Delannoy, et que nous l'avons défendue de la manière la plus large et la plus visible possible.

Tant que nous ne nous donnerons  pas les moyens de débattre, de construire pas à pas cette unité de classe solide, sur un projet solide, toutes les tentatives de convergence et de coordination des luttes sont (à terme) vouées à l'échec. Il faut oser le dire...
Alors, lundi nous serons à la Défense avec les camarades de Total, parce qu'il s'agit d'un combat de classe qu'il faut défendre, qu'ils se battent courageusement, même abandonnés par certains.
Mais ne nous voilons pas la face : il faut aller bien plus loin, et cela dépasse complètement les luttes elles-mêmes.

Total2

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