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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 06:59
Jeudi 11 mars 2010
Sans-papiers : la lutte continue, pour la régularisation de tous, avec ou sans circulaire !

SSPP13 02Voilà cinq mois que le dit "Acte II" de la lutte des travailleurs sans-papiers est entamé. Cinq mois que des centaines de camarades tiennent, malgré l'impasse dans laquelle les ont entraîné les dirigeants syndicaux. Cinq mois que la recherche de la prétendue "circulaire apaisée et harmonieuse" n'a produit après bien des discussions qu'un texte bien ficelé pour répondre aux besoins de l'impérialisme, et rien d'autre.
Et pourtant, la direction confédérale est passée maîtresse dans l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes, de faire croire à l'avancée de la lutte alors que tout montre qu'elle piétine et ne débouche pas.

Le dernier épisode vient de se produire avec la signature largement médiatisée d'une "approche commune" entre les syndicats et certains secteurs du patronat. Rien que le titre mérite la méditation... : approche commune entre exploiteurs et exploités ?
printEt la lecture du texte complet (également en version imprimable ci-contre) montre où en sont arrivés nos dirigeants syndicaux. A négocier eux-mêmes les supposés "bons" critères qui seront acceptables et qui à leur tour serviront à exclure celles et ceux qui ne les rempliront pas.
Comme le dit un de nos lecteurs :


" Il est paradoxal que des syndicats tels la CGT, FSU, Solidaires aient pu signer une « approche commune »  qui stipule « C’est une occasion de lutter réellement contre le travail illégal » alors que plus haut, ils reconnaissent que ces « étrangers » ….« d’une façon ou d’une autre s’acquittent et se sont acquittés de leurs cotisations et impôts, de même que leurs employeurs » .
Suivant cette définition, il ne s‘agit aucunement de « travail illégal » !
Les Sans Papiers en sont d’ailleurs les seules victimes et les patrons les seuls maquereaux ! On est loin du mot d'ordre du 48ème Congrès de la régularisation de tous les sans-papiers !"


SSPP13 02 2On lira avec intérêt cette fameuse "approche commune", pour constater qu'effectivement les critères sont plus souples que ceux de Besson (par exemple il n'y a pas le critère des 5 ans de présence), mais qu'ils sont maintenus et par exemple de manière très restrictive pour ce qui est des intérimaires [à ce propos, notons l'échec de la fameuse collecte des Cerfas parmi eux, seulement 10% des grévistes concernés...]
Aujourd'hui, les dirigeants syndicaux tentent de présenter ce document (qui rappelons-le n'a aucune valeur) comme une avancée du mouvement. Il est important que sur tous les piquets nous revenions sur le fond : une circulaire, des critères, c'est le cas par cas, et on n'en veut pas !
Depuis le début du mouvement nous disons :

Circulaire ou pas, régularisation !
Non aux critères, non au cas par cas !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !
Et c'est plus que jamais d'actualité.
[Mise à jour 17 mars]
Après que la baudruche de "l'approche commune" se soit sérieusement dégonflée, un nouveau communiqué des Onze tente désespéremment de faire croire à l'évolution d'une partie du patronat et de faire jouer les contradictions entre le patronat et le gouvernement, entre le Ministère du Travail et celui de l'Immigration. Pitoyable...]

Mais le mouvement des sans-papiers ne se limite pas à cette attente douloureuse et inquiète, sans trop de perspectives.
SSPPBobignyLe mouvement de soutien tient toujours, comme lors de la manifestation organisée par les syndicats le 13 février. Les collectifs tiennent, par à exemple à Bobigny (voir à gauche) où on organise le 2 avril une fête de soutien, ou à Aulnay (voir à droite) où l'UL CGT vient de contraindre sous la pression le patron de STN à lâcher les Cerfas, alors même qu'il engageait une procédure de licenciement contre un gréviste... dur dur le retour de bâton !
SSPPSTNAulnay
Par ailleurs, les arrestations de grévistes se multiplient. Pendant un temps, à l'automne, la carte de gréviste était une protection relative en cas de souci. Depuis la publication de la circulaire Besson, et particulièrement depuis quelques semaines, c'est fini, les contrôles se multiplient, les APRF et OQTF pleuvent, des grévistes sont envoyés en rétention, et il faut toute la détermination et l'expérience des militants chevronnés (en particulier de RESF) pour empêcher que les expulsions soient plus nombreuses... Encore récemment, un délégué a été sorti de l'avion en dernière minute, alors que tout semblait perdu... Voilà qui devrait faire méditer tous nos dirigeants qui prétendent que le dépôt de dossiers crée un risque supplémentaire pour les grévistes... Le risque, il est déjà là, tous les jours, depuis des mois et des années !

Par ailleurs, les mobilisations des camarades sans-papiers se développent en toute indépendance. Les collectifs regroupés autour de la CSP75 se sont peu à peu structurés et prennent des initiatives très positives, comme les manifestations devant les préfectures de la région parisienne, pour exiger la régularisation. Baptisé "l'ouragan du Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers", ce sont des centaines et des milliers de camarades qui défilent successivement devant les préfectures, dernièrement le 24 février à Bobigny.
Peu ou pas de soutiens dans ces manifestations, encore peu de grévistes en tant que tels. Mais la manifestation régionale de samedi dernier 6 mars a été un réel succès.

bercy4Enfin, il faut parler des mobilisations qui se sont poursuivies à l'initiative de "Droits Devants" sur le racket des cotisations sociales, qui ont conduit par exemple à une large manifestation devant Bercy le 4 février pour exiger la régularisation globale de toutes et tous les sans-papiers.

On le voit, la lutte continue, et au sein même du mouvement parmi les grévistes, les débats sont importants, à la fois pour s'organiser en toute indépendance, et pour comprendre comment sortir de l'impasse où on veut les maintenir enfermés...

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