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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 17:53

Jeudi 3 juin 2010

Evacuation à la Bastille, retours des marcheurs de Nice : le mouvement des sans-papiers mûrit

 

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Bastille030610Ce matin peu après 7 heures, la police est intervenue pour faire évacuer les travailleurs sans papiers qui occupaient les marches de l’Opéra Bastille depuis le 27 mai.
La police était nombreuse et équipée comme si elle envisageait un affrontement. Les sans papiers, pour la plupart, étaient décidés à rester sur place. La police, après l’évacuation des marches, a fractionné les sans papiers en plusieurs groupes qu’elle poussait vers les bouches de métro. Dès le matin, une trentaine de grévistes et un militant CGT ont été arrêtés pour rébellion à agents. Ils sont retenus dans plusieurs commissariats et progressivement relâchés, mais à l’heure où nous écrivons il n’est pas certain qu’ils soient tous relâchés. La plupart des groupes ont repris le métro vers 11 heures. La tension était pourtant assez forte, des camarades sans papiers ne voulant pas quitter la place avant la libération de leurs camarades.

Bastille030610 CGTLes soutiens étaient présents, comme les dirigeants CGT du mouvement.
Raymond Chauveau a été abondamment interviewé. Ce qui dominait dans les déclarations était la surprise. Les responsables  CGT présents ne semblaient pas comprendre le sens de cette intervention après la réunion soi-disant « très constructive » selon eux que les onze organisations avaient eu hier, pendant trois heures avec les ministères du travail et de l'immigration. Un soutien s’étonne que pendant cette réunion « il n’a jamais été question d'évacuation […]. Au contraire la décision avait été prise de poursuivre les discussions sur les critères la semaine prochaine. On ne sait pas pour l'instant qui a pris l'initiative de cette évacuation ». Raymond Chauveau jugeait lui aussi que le travail avait été très « constructif » pendant cette réunion.

Hier soir, le compte rendu fait aux grévistes affirmait même que le ministère du travail avait donné son accord à l’ « approche commune »... On est quand même très étonné de ce qui serait un véritable retournement du gouvernement... Intox ? Réalité ? L’avenir le dira, mais on reste extrêmement méfiants, à la suite des mensonges accumulés tous ces derniers mois par la direction de la CGT, Chauveau en tête. Et quand on voit le fayotage honteux de la confédération et des Onze en général vers le patronat, on se dit qu'il n'y aurait vraiment pas de quoi s'en réjouir !
Chauveau voyait dans cette évacuation le fait que « le gouvernement ne voulait pas négocier sous la contrainte ». Une façon douce que dire que le gouvernement voulait en fait négocier en position de force... Ce matin, un membre du cabinet du ministère de l'immigration déclarait de son côté à la radio que les discussions allaient se poursuivre et s'intensifier. Mais sur quel contenu ?

Ces déclarations de Chauveau relèvent-elles d’une naïveté, dans ce cas déconcertante, ou d’une volonté de calmer le jeu, de continuer à balader les travailleurs en leur faisant miroiter sans cesse une issue qui comme l’horizon recule en même temps que l’on avance ? Il est certain par contre qu’une bonne partie des occupants des marches de la Bastille ne voulaient pas bouger avant d’avoir obtenu quelque chose, même s’il y avait des illusions sur ce « quelque chose » (par exemple une nouvelle circulaire). Et on sait par ailleurs que les tensions montent entre une partie des grévistes et la direction de la CGT, les accrochages, même publics, étant de plus en plus fréquents, comme lors de la dernière rencontre des délégués à Montreuil.

logo MRTSPHier également, la journée avait été riche en événements. Mercredi matin vers 7h45 à la gare de Lyon, les marcheurs qui rentraient de Nice étaient accueillis par plus de 1500 sans papiers des différents comités et des militants du blog "Où va la CGT ?" étaient présents avec eux. Rentrés à Baudelique en manifestation, les marcheurs se sont arrêtés devant l’Opéra Bastille, pour exprimer leur solidarité avec les occupants des marches. Ils se sont adressés à eux pour affirmer qu’ils poursuivaient un objectif commun, celui de la régularisation de tous. La sono de la fourgonnette de la CGT a vainement tenté de couvrir leurs interventions, mais s’est arrêtée assez vite.
La rencontre était chaleureuse des deux cotés, mais certains délégués ont fait barrage entre les deux cortèges pour que la  fraternisation n’aille pas trop loin. Les manifestants étaient trop nombreux pour que ce service d’ordre puisse les expulser comme ils l’avaient fait le 27 avec les camarades du comité de Vitry. En remontant le boulevard Magenta, la manifestation du retour de la Marche rencontrait également les sans papiers grévistes de Randstad.

Les marcheurs sont rentrés stimulés par leur périple. Les collectifs n’ont pas encore fait de bilan mais ce qui ressortait clairement dans la réunion tenue hier soir rue Baudelique c’est qu’ils avaient été partout bien accueillis. La plupart du temps justement par les organisations locales des Onze, ceux qui leur font la guerre à Paris !
A la seule exception de Marseille, ils ont été partout accueillis par la CGT. A Nice c’est même l’Union Locale CGT qui était la force accueillante la plus importante. Les marcheurs ont donc mieux compris qu’il n’y a pas « une » CGT, mais que la CGT est divisée, qu’il y a des débats en son sein sur la façon de concevoir le rôle du syndicat. Il y a donc des perspectives nouvelles pour l’unité du mouvement des sans papiers, même si tous les militants des collectifs ne sont pas acquis à l’idée que l’unité doit être cherchée avec les travailleurs qui luttent avec la CGT.

La situation mûrit pour construire l’unité du mouvement des sans papiers pour la régularisation de tous, même si rien n'est encore acquis. Pour faire triompher la régularisation, la revendication de l’unité des sans papiers est indispensable. Elle se fera CONTRE ceux qui dans la CGT dirigent le mouvement des travailleurs sans papiers autour des critères et de « l’approche commune » et le conduisent à une impasse.
 

 

Libération de tous les sans-papiers et militants arrêtés !
Unité ! Unité ! Unité !
Circulaire ou pas, des papiers pour tous ! Les critères, on n'en veut pas !
Régularisation sans condition de tous les sans papiers !

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