Samedi 27 avril 2024
La série tv "Machine" et la CGT
« Machine », c’est une mini-série en six épisodes sur Arte, une fiction assez délirante de lutte sociale, sur fond de projet de fermeture d’une usine d’électroménager propriété d’un patron coréen.
L’héroïne est une ancienne des services spéciaux de l’armée, championne de kung-fu (à mi-chemin entre Kill Bill et Bruce Lee) et ça bastonne à tous les épisodes. Elle s’embauche à l’usine et se lie d’amitié avec un ouvrier ancien toxico mi-marxiste, mi-autogestionnaire, sur la base de la fameuse citation de Macron au journal Elle en 2017 : « Mon conseil à la jeunesse : lire Karl Marx ».
Bref, une fiction réussie et délirante, totalement hors de la réalité, mais qui a fait grincer des dents à la CGT.
On comprend pourquoi. Pendant toute une partie de la série, on voit une CGT réformiste, complètement opposée à la lutte pour l’emploi, et qui ne jure que par « le fric » contrepartie à une fermeture acceptée et validée par un accord avec le patron. Une CGT collabo jusqu’à la caricature, avec une séquence hilarante où le syndicat se réunit pour discuter du barbecue alors que l’usine occupée est attaquée par un commando de nervis mis en déroute par l’héroïne, force combats à l’appui. Où l’on découvre que l’un des délégués sert d’informateur à un ancien légionnaire barbouze lié au patron et à la préfecture. Et ainsi de suite.
Alors, dans la vraie CGT d’aujourd’hui ça n’a pas plu, et on a vu sur les réseaux sociaux quelques commentaires croustillants, de vrais bureaucrates (par exemple un certain RP de l’UD de Paris) qui n’ont eux pas hésité à attaquer les vrais syndicalistes de classes, par exemple à la CGT-HPE. Car si la série est évidemment une caricature, elle repose sur un fond de vérité, on le sait tou.te.s. Et on les connaît, ces pseudos syndicalistes qui ne jurent que par le paritarisme et la négociation, qui refusent toute lutte des classes un peu radicale, surtout quand elle passe les limites de la légalité bourgeoise. Il n’y a que la vérité qui blesse, n’est-ce pas ?
Cela dit, cette série n’est pas antisyndicale ou anti-CGT. Même l’Humanité le reconnaît : « La lutte des classes, ce n’est pas ringard, la série n’épargne pas les syndicats qui s’inscrivent dans les agendas patronaux », et la fin de la série opère un retournement qu’on ne spoilera pas ici. On y voit une convergence plutôt croustillante entre les grévistes combatifs et les Gilets Jaunes, et les citations de Karl Marx pleuvent à tous les étages, toujours de manière bien venue.
On peut bien sûr trouver la référence à l’autogestion très angélique, référence à la lutte des LIP en 1974-1975, avec le fameux « On fabrique, on vend, on se paie », mais cette série est bien faite, drôle, si on accepte le côté assumé caricatural, si on a le sens de l’humour, et surtout le sens de la lutte des classes chevillé au corps !
Et merde aux réformistes bureaucrates syndicaux !
A voir en Replay jusqu’au 18 mai
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