Mercredi 18 janvier 2023
Retraites : comment mener le combat ?
Dans un article précédent (« Usure prématurée, carrières incomplètes, les vrais enjeux des retraites »), nous avons repris ce qui fonde, selon nous, le combat pour la défense des retraites d’un point de vue de classe – car c’est bien là qu’est l’enjeu essentiel aujourd’hui : nous, ouvrier.e.s, prolétaires, ne voulons ni de la retraite des morts, ni de la misère.
C’est cela aujourd’hui notre guide dans le combat qui débute.
Alors, pour tous les camarades soucieux.ses de développer une orientation de classe, rappelons les grandes revendications que nous avons avancées depuis des années.
Voir notre dossier sur les retraites, et en particulier les trois articles « A nouveau contre Macron et son monde, contre la pénibilité » de novembre 2019, « Retraites, ce que nous voulons » de décembre 2019 et « 39 jours de combat sur les retraites, où en est-on ? » de janvier 2020.
Résumons :
- Age de la retraite : 57 ans (les flics partent bien à cet âge, eux). Il est connu que la santé des ouvrier.e.s décline rapidement à partir de 55 ans, et nous voulons profiter de ce temps libre de fin de vie, pour la vie sociale et collective, la famille et les petits-enfants, les loisirs dont on n’a pas pu profiter durant ces années d’exploitation intenses. Et l’espérance de vie en bonne santé des flics est bien supérieure à celle des ouvriers !
- Reconnaissance de la Pénibilité, collective et non individuelle, par définition d’entreprises « pénibles », comme de métiers pénibles, ouvrant des droits anticipés, identiques à la pré-retraite amiante : un tiers-temps pénibilité, une année de pré-retraite pour trois ans d’exposition. Ré-intégration de l’ensemble des critères, y compris l’exposition des toxiques chimiques qui a disparu depuis bien longtemps. Notons des revendications partielles qui vont dans ce sens, comme la revendication de jours de congés supplémentaires à partir de 55 ans (revendication proposée par la CGT Géodis, par exemple). Voir également notre Dossier pénibilité sur ce blog.
- Suppression de la validation par trimestres. Retraite pleine et entière dès l’âge atteint, sans aucune décote, cela parce que les carrières incomplètes, pour les femmes, pour les précaires, pour les immigrés aboutissent à des pensions misérables, bien en dessous du seuil de pauvreté.
- Pension minimum à 1500€ nets, maximum à 4500€. Il y a des niveaux de retraites absolument indécents, renforcés par les avantages spécifiques, par exemple pour les cadres supérieurs.
- Un seul régime de retraite, intégration des retraites complémentaires dans le régime général.
- Fin du paritarisme, source de corruption, retrait des organisations syndicales de la gestion de tous les organismes paritaires.
- Nous refusons de rentrer dans la discussion du mode de financement, comme s’il pouvait exister une bonne gestion du capitalisme. La question n’est pas celle d’une meilleure répartition, de chicaner sur les chiffres et les milliards, c’est celle d’un mode de production et d’exploitation auquel nous sommes soumis. Nos revendications, nous devons les arracher, quoiqu’il en coûte pour le capital.
C’est sur ces bases que nous devons mener le combat dans les entreprises, convaincre nos collègues, nos syndicats.
C’est une lutte politique dans le syndicat, une lutte d’orientation contre les courants réformistes qui les uns après les autres cherchent à nous convaincre qu’ils sont les plus sérieux, les plus raisonnables, qu’on pourrait gérer autrement un capitalisme qu’il faudrait rendre plus humain.
Nous devons défendre une orientation de classe, être bien clairs sur les secteurs, ouvriers et prolétaires, que nous défendons en priorité. Ce qui n’empêche évidemment pas l’alliance avec d’autres couches et secteurs sur des revendications unifiantes, l’exemple marquant est celui de la pénibilité, qui dépasse largement les secteurs ouvriers et concerne des techniciens et même des cadres (stress, burn-out…).
Nous voyons l’importance des mots d’ordre comme « Non à la retraite des morts ! » (dommage que ce soit surtout FO qui mette le paquet dessus…), « la retraite et pas l’arthrite ! » et autres slogans bien clairs, qu’il faut défendre et populariser, en expliquant pourquoi nous avançons ces mots d’ordre plutôt que d’autres.
La bataille qui s’engage doit aller bien au-delà de « Retrait de la réforme Macron », ce qui est bien entendu le point de départ, et doit permettre de clarifier quel monde nous voulons construire pour demain !