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15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 16:22

Dimanche 15 juin 2025

Patrons, vendus et réformistes syndicaux veulent la peau des caisses de grève !

 

Le 5 juin 2025, à la Cour d’appel de Versailles, s’est tenu le procès en appel de Claude LEVY et de Tiziri KANDI, anciens animateurs de la vie du syndicat CGT HPE. Ils ont organisé et soutenu de nombreuses luttes dans l’hôtellerie, luttes qui ont marqué ces dernières années la lutte des classes sur une base radicale. Les deux camarades sont poursuivis pour « escroquerie ».

 

Mais on juge quoi, exactement ?

Les dons volontaires effectués par certain·e·s salarié·e·s au syndicat CGT HPE à l’issue d’un jugement aux prud’hommes victorieux. Ces dons alimentaient une Caisse de Grève, mise en place tout à fait officiellement et statutairement par le syndicat CGT HPE depuis son congrès de 2012.

C’est cette même Caisse de Grève qui a permis de lancer et de tenir dans la durée de grandes grèves — toutes victorieuses — contre la sous-traitance, pour de meilleurs salaires et conditions de travail. L’exemple emblématique reste la grande grève de l’hôtel Ibis Batignolles (juillet 2019 - mai 2021), rendue possible en partie grâce à cette caisse (voir « Victoire à l’hôtel Ibis Batignolles » ). La caisse de grève, c’est l’instrument collectif de la lutte victorieuse

 

Qui est visé ?

Etrangement, le syndicat CGT-HPE lui-même n’est pas mis en cause. Alors que c’est bien lui qui a officiellement mis en place le règlement de son activité juridique et celui de la caisse de grève, a reçu les diverses contributions et a reversé les montants lors de divers conflits grévistes.

Pourtant, sont seul.e.s visé.e.s deux salariés du syndicat à l’époque (des permanents), Claude Levy et Tiziri Kandi, deux militants connus et respectés qui ont organisé et animé de multiples luttes dans l’hôtellerie, en particulier contre la sous-traitance - luttes saluées par Sophie Binet elle-même dans son livre « Féministe, la CGT ? ».

Etrange affaire, qui fait directement penser à un règlement de compte personnel. Poursuivis pour « escroquerie, manœuvres frauduleuses et abus de confiance », ils ont été lourdement condamnés en première instance, y compris avec de la prison avec sursis et à la déchéance des droits civiques, comme des malfrats confirmés ! On n’est pas en justice du travail (prud’hommes), pas en justice administrative, on est en justice au PÉNAL en correctionnelle contre deux camarades syndicalistes. La répression syndicale c’est aussi cela.

 

 

Qui est à l’origine du procès ?

46 anciens syndiqués de la CGT-HPE en majorité du Park Hyatt Vendôme, emmenés par trois cadres du Hyatt Etoile, - probablement pilotés en sous-main par la direction qui n’a pas digéré les grèves et victoires qu’elle a dû concéder. Ces mêmes anciens syndiqués qui ont parfois fait grève avec la CGT-HPE, et qui ont donc bénéficié à ce titre de la caisse de grève, en plus d’avoir obtenu réparation devant les prud’hommes.

Quatre à cinq ans après leurs dons, après avoir profité des actions syndicales, ils viennent se plaindre. A noter que seuls trois plaignants étaient présents à l’audience d’appel – trois cadres, comme par hasard – et que 16 plaignants ont été déboutés en première instance car ils n’avaient fait aucun don !

 

Les vendus, les faux amis et vrais traîtres

Si on en était resté là, on aurait un classique conflit de classe, une vengeance patronale appuyée sur un groupe de syndiqués « repentis » qui n’aspirent qu’à récupérer quelques sous en se faisant bien voir de leur direction.

Mais ce conflit de classe, de conception de la lutte des classes radicales et des moyens à mettre en place pour GAGNER s’est aussi propagé DANS la CGT.

Certaines structures se sont ainsi portées partie civiles aux côtés de l’accusation. Une trahison de classe de l’UD de Paris, de l’URIF et de l’US Commerce de Paris représentée par Karl Ghazi. Le conflit – politique et stratégique – couvait depuis des années dans la CGT sur la question du syndicalisme de lutte dans l’hôtellerie, la sous-traitance et le nettoyage. Ces bureaucrates en ont profité pour régler leurs comptes, en s’alliant ouvertement avec des vendus aux directions patronales.

 

Donc les enjeux de ce procès :

  • L’existence des caisses de grève et leur alimentation par des dons volontaires sur les sommes gagnées aux prud’hommes, qui servent ensuite la lutte collective.
  • Une conception de la lutte, classe contre classe, sans compromission avec les exploiteurs
  • La contestation des directions syndicales réformistes, publique et explicite

 

L’audience d’appel

Elle a eu lieu le 5 juin, à la Cour d’Appel de Versailles. Une quarantaine de soutiens à Claude et Tiziri s’étaient déplacés, et l’audience s’est « mieux » déroulée qu’en première instance : les juges ont été plus attentifs et moins méprisants, moins ouvertement antisyndicaux. La procureure a même reconnu le travail militant exemplaire des deux camarades, et a confirmé qu’il n’y avait eu aucun enrichissement personnel.

L’accusation (soutenue par les structures de la CGT présente) s’est concentrée sur un seul point litigieux : Un syndicat peut-il solliciter, sans obligation, un don de la part de salarié.e.s qu’il a défendus et aidés à gagner aux prud’hommes ?

D’un côté, les dons ont été versés au syndicat, pas aux camarades à titre personnel. De l’autre, plusieurs structures CGT (ULs parisiennes du 16e, du 1er et 2e arr., UD 92, militant·e·s CGT…) ont témoigné qu’il s’agit d’une pratique fréquente, y compris dans d’autres syndicats de défense juridique.

Et pourtant, l’avocat de l’UD de Paris et de l’URIF a prétendu que le simple fait de solliciter un don serait une infraction pénale, même sans obligation ! Les avocats de la défense ont rappelé que des ONG comme Médecins Sans Frontières ou la Croix-Rouge sollicitent régulièrement des dons sans que cela pose problème. Pourquoi pas la CGT HPE, tant qu’il n’y a pas de contrainte ?

L’avocat de l’UD/URIF est même allé jusqu’à rejeter le principe de défenseurs syndicaux salariés au sein de syndicats de base ! Une position inquiétante, qui traduit un nouveau virage autoritaire sur l’autonomie des syndicats de base et poursuit la « verticalisation » de la CGT mis en place avec les statuts de 2013 (50ème Congrès).
En s’associant à la plainte, la CGT se tire une balle dans le pied, sauf si elle veut tirer un trait sur la défense prud’homale — déjà en chute libre, comme l’a souligné la revue juridique CGT RPDS (voir le document joint).
Mais le fond de l’affaire n’est pas dans le juridique.

 

Le fond de l’affaire C’EST LES CAISSES DE GRÈVE

Elles incarnent une conception radicale de la lutte des classes. Elles permettent à des syndicats de base de lancer des grèves victorieuses, notamment dans les secteurs les plus précaires : sous-traitance, hôtellerie, nettoyage. C’est cette autonomie et cette efficacité collective qui sont jugées.

C’est cela qu’il faut défendre. C’est là-dessus qu’il faut combattre à la fois le réformisme syndical et la répression patronale.

 

Le rendu du jugement aura lieu le 26 septembre, mais d’ici là, il faut une nouvelle fois largement faire connaître la trahison des réformistes, leur tentative de vengeance personnelle contre deux camarades qui ont fait leurs preuves dans le feu de la lutte des classes.

Nous invitons en particulier les camarades à faire remonter les protestations contre l’attitude honteuse de ces structures CGT, qui n’hésitent pas à s’attaquer à des syndicalistes de classe exemplaires, connus et médiatisés à juste titre pour leurs victoires retentissantes qui sont devenues des pierres de touche de la lutte des classes en France – voir les nombreux films et séries à leur sujet depuis deux ans !
 

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