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18 janvier 2024 4 18 /01 /janvier /2024 10:55

Jeudi 18 janvier 2024

La Fédération du Commerce et les Jeux Olympiques

 

Hier 17 janvier, la FD du Commerce appelait à un rassemblement massif devant le siège du Comité des JO à Saint-Denis pour protester contre les mesures en train d’être prises (voir ci-contre) :

« A l’approche des JO 2024, la déréglementation du code du travail foisonne à tout va, décret sur décret, on voit les droits des travailleurs se suspendre pour la cause (capitaliste) !

Un palmarès de mesures régressives est déjà annoncé, d’autres sont à venir, toutes venant réduire les travailleurs à des esclaves : ouvertures imposées des commerces le dimanche, suspension injustifiée du repos hebdomadaire pendant plus d’un mois, invitation aux employeurs à rogner sur les congés estivaux sans compter toutes les conséquences sur les conditions de travail !

Les travailleurs du commerce et services ne seront pas les esclaves du capitalisme.

Si le gouvernement ne revient pas sur ces décrets régressifs, la Fédération CGT Commerce et Services mènera autant d’actions coup de poing qu’il le faut pour défendre les droits des travailleurs, d’ici et pendant les JO !
La Fédération CGT Commerce et Services ne laissera pas la flamme olympique brûler nos droits et conquis sociaux. Elle appelle donc l’ensemble des travailleurs du commerce et services à se mettre en grève et à se mobiliser le 17 janvier 2024 devant le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques. »

Sur ce blog, nous ne sommes pas des fans de la FD du Commerce (voir tous les articles du blog ICI), mais l’initiative est juste, sur le principe.

Après les morts au travail sur les chantiers, après la sous-traitance en cascade et les centaines de sans-papiers utilisés comme main d’œuvre hyper-précaires, à côté de la chasse aux SDF, et aux sans-papiers (expulsés de la Région Parisienne), la réquisition des logements étudiants pour les visiteurs et les participants, la régression sociale dans le domaine hôtellerie/restauration/accueil doit être dénoncée et combattue. Donc, c'était une bonne initiative, et nous n’allons pas nous réjouir de son échec.

 

Le problème, une nouvelle fois, c’est la manière de faire. Outre le silence complet sur les atteintes aux droits dans les autres secteurs qui auraient mérité un rappel, la direction de la Fédération s’est fendue d’un mail (daté du 11 janvier) menaçant et carrément significatif :

« Chères camarades DSN et DSC,

Rappelons notre appel à la mobilisation pour défendre les droits des travailleurs face aux dérogations abusives liées aux Jeux Olympiques de 2024.

La grève et action prévue le 17 janvier 2024 devant le Comité d'Organisation des Jeux Olympiques nécessite la présence de tous : DSN, DSC, élus, mandatés et syndiqués.

Si en tant que DSC ou DSN, vous persistez à refuser de participer à cette action sans raison valable, soyez avertis que la fédération prendra des mesures drastiques en suspendant immédiatement vos mandats fédéraux nationaux.

Le défaut de justification valable de votre non-participation sera interprété comme un abandon flagrant dans la défense des intérêts des salariés de la restauration collective, directement impactés par ces dérogations. Cela contrevient de manière inacceptable à l'engagement attendu de chaque DSC et DSN envers la fédération. Ne pas se conformer de cette mobilisation votée lors du CFN entraînera des conséquences sévères sur votre mandat national au sein de la fédération. La présence de chacun est impérative, et tout manquement sera traité avec une rigueur maximale.

De plus, je vous transmets les tracts modifiables pour l'action du 17 janvier. Ainsi, vous avez la possibilité de personnaliser le contenu en ajoutant le nom de vos enseignes et vos arguments spécifiques. Faites-en votre propre outil de communication pour une mobilisation efficace.

La fédération prend en charge frais de déplacement, d'hébergement et de repas. Contactez Laurence à l'adresse suivante : l.lemaillot@commerce.cgt.fr pour organiser vos déplacements.

Informez-moi par e-mail (m.dacosta@commerce.cgt.fr) du nombre exact de participants (nom/prénom/enseigne) pour une meilleure organisation.

Restons déterminés ! Atteignons l'objectif de plus de 2 000 participants.

Fraternellement »

Donc une mobilisation centrée avant tout sur les élus, sans aucune prise en considération des contextes locaux, de la mobilisation possible ou pas – menaces de supprimer les mandats désignatifs à la clé, suivant les bonnes vieilles méthodes dictatoriales de la Fédération.

L’objectif, c’est 2000 participants, pour faire le buzz médiatique – et à 150 on était loin du compte (voir ci-contre). Mais qu’en est-il de la vraie mobilisation sur le terrain, avec les travailleuses et les travailleurs, sur leurs revendications ?

Il est facile d’incriminer les délégués sur leur manque de mobilisation et de travail pour mobiliser, cela peut être parfois le cas, mais pour en arriver à sortir ce mail menaçant, c’est faire de cas particuliers une généralité. A moins que la mobilisation n’était pas au rendez-vous ?. Les grandes formules ronflantes (« Si la flamme des JO brûle le code du Travail, on promet l’incendie social ») ne remplacent pas le travail de terrain, et une mobilisation d’élus une vraie mobilisation sociale.

 

Alors, plutôt que de menacer les délégués, de les mettre sous tutelle, de les démettre de manière autoritaire, de réduire la contestation interne au silence, de magouiller les votes, il vaudrait mieux revenir à une véritable démocratie syndicale partagée, par la motivation collective et le débat – même contradictoire, et le travail à la base. C’est particulièrement valable pour la Fédération du Commerce, c’est bien sûr valable pour n’importe quelle structure syndicale de n’importe quelle étiquette !

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