Si nous avons répondu présents à votre invitation, c'est bien sûr parce que nous avons été avec vous ces derniers mois et ces dernières semaines en grève et dans la rue. Mais c'est aussi et surtout parce que c'est ensemble que nous voulons continuer.
Je voudrais tout d'abord, au nom des étudiants et des lycéens, saluer le soutien de l'USTM et des unions locales comme celles de Seclin, Arras ou Dunkerque.
C'est aussi parce que vous n'avez pas limité votre mobilisation aux quelques journées d'actions décidées par les directions des confédérations syndicales, c'est parce que vous avez été avec nous depuis le début, et à chaque occasion, que nous avons pu gagner.
C'est ce soutien qui a permis notre victoire, même si elle est partielle, contre le gouvernement Villepin. Car c'est bien la peur d'une généralisation de la lutte, salariés et jeunes ensembles, qui a fait reculer le gouvernement et qui l'a obligé à reculer piteusement, à manger son chapeau.
Ceux qui pensent aujourd'hui que tout est rentré dans l'ordre ou que les jeunes sont rentrés dans le rang se trompent ou se rassurent à bon compte. On se battra jusqu'au bout contre la précarité.
Ce combat contre la précarité ne se limite pas au retrait du CPE. La loi sur l'égalité des chances, c'est aussi la réhabilitation du travail de nuit à partir de 15 ans. C'est aussi l'apprentissage à partir de 14. C'est le retour au 19ème siècle. Et on ne s'est pas battus pour se retrouver demain embauchés en CNE !
La précarité ne se limite pas à la question du contrat de travail, à la question d'imposer le droit à un CDI pour tous.
La précarité, ce sont aussi les horaires flexibles, les bas salaires, le chantage patronal permanent. En tant qu'étudiants, nous en savons quelque chose puisque nombre d'entre nous sont obligés de travailler et de multiplier l'intérim et les petits boulots pour payer leurs études.
Vous avez raison de revendiquer un salaire minimum à 1600 euros. Comment vivre dignement avec moins ? Vous avez raison de revendiquer des embauches et l'arrêt des licenciements, c'est la seule façon d'en finir avec le chômage.
Notre combat est loin d'être fini et il faut regretter que les confédérations syndicales, y compris la CGT, n'aient pas voulu aller plus loin après le 10 avril alors que le rapport de force était en notre faveur, alors que nous avions les cartes en main, alors que nous avions ouvert une première brèche. Il n’y a pas eu d’appel à continuer et à généraliser la lutte après le 10 avril. Par peur peut-être de briser l’unité réalisée sous la pression du mouvement des jeunes. Mais à quoi sert l’unité au sommet si c’est pour ne rien faire ou simplement accompagner mollement un mouvement qui existe déjà ?
Ce que notre lutte a montré, c'est que la seule façon de gagner, c'est tous ensemble avec les armes de notre classe, les grèves, les manifestations, les blocages. Nous laissons les diagnostics partagés et les négociations à froid aux autres. La seule façon de changer le rapport de force et de changer nos vies, c'est la mobilisation à la base et la généralisation des luttes.
Le capitalisme impose depuis des années un recul dramatique à l'ensemble de la population. C'est pour cela que nos revendications sont les mêmes, c'est pour cela que la lutte de chacun est celle de tous. C'est pour cela que nous avons été ensemble dans la rue ces dernières semaines. C'est pour cela que nous serons, jeunes et salariés, à nouveau dans la rue demain pour nos revendications. Tous ensemble !