Après le 48ème Congrès Confédéral, ce bulletin, déjà à l'initiative d'une rencontre réussie avant le Congrès, propose une nouvelle rencontre de bilan (au même endroit, salle Eurosite, 27 rue Godillot, 93400 Saint-Ouen, de 10h à 17h) dans son dernier numéro. Nous en reproduisons le texte d'appel, accompagné en fin de quelques commentaires
Le 25 mars dernier, nous nous sommes réunis à plusieurs centaines à Saint-Ouen, sous la banderole qui disait « Sauvons la CGT, centième anniversaire de la Charte d'Amiens ». Nous avons sorti les jours qui ont suivi un bulletin de compte rendu de notre réunion. Nous avions décidé de nous revoir après le 48e Congrès de la CGT pour faire un bilan, ouvrir des perspectives pour défendre notre CGT. Nous proposons donc que cette réunion ait lieu le 24 juin, même lieu, mêmes horaires.
Pour nous, le 25 mars, il n'était pas question d'organiser un « congrès bis » de la CGT. || n'est pas plus question le 24 juin de faire un « compte rendu de congrès bis ». Mais le Congrès est passé, les revendications collectives demeurent, les problèmes posés le 25 mars restent entiers. La question du « syndicalisme rassemblé » dont la presse s'est fait l'écho, personne ne peut le nier, a été accueillie avec Chérèque dans la salle du congrès par une salve de sifflets. Oui, les délégués sont pour l'unité pour les revendications. Par ces sifflets, ils ont démontré qu'ils n'étaient pas pour l'unicité et se rassembler avec le chef de file de ceux qui en 2003 et 2004 ont participé activement à la co-législation de l'entreprise de démantèlement de la Sécurité sociale de 1945 engagée sous l'égide de l'Union européenne.
Oui, sous une forme ou une autre dans leurs interventions, nombre de délégués ont affirmé vouloir défendre le Code du travail, les Conventions collectives, les statuts, la Sécurité sociale de 1945.
Ils ont affirmé par là leur volonté de défendre les droits collectifs contre l'individualisation, même si tous ne maîtrisent pas bien encore ce que représentent la Sécurité sociale professionnelle et le statut du travail salarié individualisé.
Que dire encore du tour de passe- passe de la direction confédérale qui parle de la « nouvelle confédération mondiale » sans avoir jamais publié un seul texte constitutif (orientation et statuts) de cette future organisation ? Et c'est un CCN après les vacances d'été qui devra décider de l'adhésion ou non de notre CGT à cette « structure » C'est donc dès maintenant qu'il faut en débattre avec les syndiqués, les syndicats, de telle façon que celles et ceux qui ont voté Non à la Constitution européenne sachent que ceux qui construisent la «nouvelle confédération mondiale» sont ceux qui appelaient à voter Oui. Pour que les membres du CCN soient mandatés réellement sur cette question (comme ce fut le cas pour le CCN de février 2005 où les difficultés du sommet ont été tranchées par la décision de « la base»). »
Préserver notre CGT, c'est préserver le fédéralisme. Pour préserver la CGT, il faut préserver la base du fédéralisme, qui est le syndicat dans l'entreprise ou le service. Nous ne pouvons que nous féliciter qu'ait été repoussée, sous la pression des délégués, la suppression de syndicats de moins de 20 syndiqués dans les services et entreprises.
Mais le problème posé par la création des syndicats multi professionnels, de site, reste entier. Par contre, la préservation des syndicats dans les entreprises et les services ouvre de réelles perspectives pour défendre les conventions collectives et les statuts, préserver les fédérations et les UD.
Cela n'était pas joué d'avance. Mais si l'objectif de la direction confédérale demeure, la résistance s'est organisée, et un segment entier du fédéralisme a été préservé.
Quant au système de cotisations, 36 % contre, 4 % d'abstentions, ce résultat n'est pas celui qu'escomptait la direction confédérale. Il devrait d'ailleurs être difficile de le mettre en place. Chaque syndicat maintenant va décider de l'application ou non, puisque ce nouveau système de cotisations n'est pas une modification statutaire.
Dans ce bulletin, vous allez avoir des interventions prononcées ou non prononcées, puisque concernant la démocratie dans ce congrès, parlons clair : délégués désignés d'en haut, délégués désignés par leurs syndicats mais interdits de congrès, délègues sans mandat d’aucun syndicat. Mandat réservé à des responsables de fédération et d'UD sans mandat des syndicats. Refus de faire voter sur les amendements déposés par les syndicats. Tri sans précédent du droit d'intervention en plénière des délégués. Temps de parole réservé pour la défense de l'appareil confédéral. Malgré cela, la voix démocratique de préservation de la CGT s'est exprimée. Les résultats sont là. Les militants attachés à la défense de la CGT indépendante de classe et de masse sont bien la majorité
Alors, le 24 juin, tirons ensemble les enseignements, discutons, débattons. C'est l'objet de notre rencontre. De nombreux délégués au 48e Congrès ont déjà fait savoir qu'ils seraient présents. Ils vous donneront leur appréciation. Nous ne prétendons pas détenir la vérité. Quelles que soient les options des uns ou des autres, nous devons préserver la CGT, la CGT créée et perpétuée par nos anciens.
Pour le Bulletin la « CGT n'est-elle pas en danger »
Nous pensons qu'il ne permet malheureusement pas d'avancer bien loin.
- Tout d'abord, il ne situe pas l'affrontement d'orientation au sein de la CGT en rapport avec le capitalisme et la lutte des classes, entre une voie de lutte de classe et une voie de collaboration de classe. En ce sens, ce texte ne permet pas de comprendre la nature des conflits au sein de la CGT, et ne permet pas de comprendre qui défend quoi, de tracer une nette ligne de démarcation entre nos amis et nos ennemis.
- Ce texte donne aux militants de classe une perspective extrêmement peu ambitieuse : "préserver la CGT créée et perpétuée par nos anciens", sans s'interroger d'aucune manière sur la manière dont on en est arrivé là aujourd'hui. C'est pourtant une question de fond.
- Ce texte pose comme principe de "préserver la CGT, c'est préserver le fédéralisme". Nous avons déjà dit ailleurs (ici ou là) que cela méritait discussion. Nous partageons l'avis sur le maintient des syndicats de moins de 20 personnes, mais nous sommes tout à fait en désaccord avec le rejet des syndicats de site défendu par ce bulletin. Nous défendons (et nous pratiquons) une orientation syndicale de classe sur des sites industriels regroupant de nombreuses entreprises avec un même donneur d'ordre, et c'est le syndicalisme de classe d'avenir, de l'unité de la classe ouvrière, contre la division des statuts et la précarité imposée par les capitalistes.
- Le projet porté par ce document, c'est "défendre le Code du travail, les Conventions collectives, les statuts, la Sécurité sociale de 1945". Franchement camarades, c'est un peu "short", non ???
- Enfin, au nom de "nous ne ferons pas un bilan bis", le document ferme quand même pas mal la porte à la discussion, et renvoyant, comme la dernière fois, à un déballage de témoignages (certes fort intéressants) mais sans permettre un véritable débat.
- Par ailleurs, ce texte reprend un certain nombre de questions importantes, comme la nouvelle Confédération mondiale, où la conduite à la hache d'un Congrès tout sauf démocratique. Nous partageons tout à fait ce qui est dit ici.
Cela dit, cette rencontre est importante, nous invitons toutes les lectrices et lecteurs du blog investis dans la CGT à y participer. C'est à ces opportunités qu'il faut se raccrocher pour avancer dans la construction d'un syndicalisme de classe !