Le Congrès de la CES s'est déroulé tranquillement à Séville, entre le Baron Seillères (représentant du patronat européen BuisenessEurope), et Barroso,
représentant la Commission Européenne.
Nous avons déjà dit tout le mal qu'il fallait penser de la CES et de ses divers documents préparatoires. Il se
confirme que la "flexicurité" est au coeur du débat de la confédération européenne, pour savoir jusqu'à quel niveau il faut aller
pour accepter les exigences de la concurrence capitaliste et de la flexibilité qu'elle impose. 16 pages quand même sur le sujet dans le projet de document d'orientation... Il n'y a probablement que
Jean-Christophe Le Duigou qui n'a pas lu ce projet, puisqu'il déclare hypocritement au journal Le Monde du 24 Mai qu'il "regrette de ne pas avoir plus de
précisions quant aux bases sur lesquelles la CES va négocier sur la "flexicurité" à Bruxelles". Il se moque de qui le JCLD ? C'est écrit noir sur blanc dans
les documents du Congrès ! La CES (à la suite de John Monks et d'autres) et tout à fait favorable à la flexicurité, suivant le modèle scandinave, où c'est finalement l'Etat (et non plus les
patrons individuels), qui prend en charge via ce processus les modalités de restructurations des entreprises pour qu'elles soient plus performantes sur le marché mondial...
D'ailleurs, c'est effectivement un sujet qui chatouille et intéresse beaucoup de monde en ce moment, puisqu'en France, le Conseil Economique et Social vient également de recommander aux
partenaires sociaux d'engager "rapidement" une négociation permettant de garantir aux salariés un "parcours professionnel sécurisé" (La Tribune du 30 Mai). On ne va sans doute pas attendre
longtemps pour en voir la réalisation en France ! D'où l'importance d'une opposition radicale sur la question, comme vient de le décider le Forum du Syndicalisme de classe et de masse.
On a appris sans surprise l'élection de Bernard Thibault à la direction de la CES. Et on attendait avec intérêt ses prises de
position pour se démarquer, tenter (au moins un tout petit peu) de se démarquer de l'orientation dominante, de donner une vague couleur de radicalité à ses prises de position.
Décidément, on ne se refait pas. Naïfs nous sommes, naïfs nous resterons.
On avait bien vu que l'adhésion de la CGT à la nouvelle CSI s'était faite à l'automne dernier au pas de charge, sans débat, sans même connaître les textes fondateurs, mais par contre avec
ensuite, motions de soutien dans toutes les UD et toutes les Fédés, histoire de valider a posteriori l'adhésion... "Démocratie" oblige...
On avait bien vu que la CGT n'avait rien d'autre à dire de différent que celui du syndicalisme rassemblé dans ce
congrès de la CES, aucun amendement spécifique qui marquerait en quelque sorte la position de notre Confédération. Aucun soupçon, même vague, de radicalité.
Et bien avec l'intervention de Bernard Thibault à la CES, on n'a pas été déçus.
Merci Présidente,
Chers Camarades,
La Cgt française partage amplement la nécessité pour l’ensemble du mouvement syndical européen d’être à l’offensive comme le préconise le mot d’ordre de ce 11ème Congrès de la
CES.
Nous voulons prendre nos affaires en main, ne pas rester immobiles, attendre des jours meilleurs ou compter sur d’autres pour que la situation des salariés s’améliore. Malgré nos faiblesses, le
mouvement syndical est une des formes les mieux organisées en Europe. Nous pouvons avoir des ambitions à la dimension de l’urgence pour les salariés. Nous avons su faire des démonstrations et
exercer des pressions lorsque cela a été nécessaire au moment de la directive Bolkestein. Nous pouvons sans doute faire plus pour la promotion des services publics avec la pétition en
circulation.
Parmi les évènements politiques de ces dernières semaines, les projecteurs se sont braqués sur l’élection présidentielle française. Elle a eu lieu. Son résultat, malheureusement, ne servira pas
de point d’appui pour le mouvement syndical et aux revendications de la CES, bien au contraire ! Monsieur Sarkozy a une préférence pour les thèses patronales en faisant la promotion de la «
flexsécurité », c’est-à-dire qu’il considère que les droits actuels des salariés sont un frein à l’emploi. Un chef d’Etat qui affirme vouloir mettre en cause le droit de grève dans ses premières
réformes, n’est pas un allié du mouvement syndical. Nous avons trouvé surprenant que pour marquer son engagement européen, il ait fait le choix d’installer un ministère chargé de veiller à
l’identité nationale.
Comme cela était prévisible, l’élection présidentielle française laisse entière la crise institutionnelle européenne.
Par contre, elle risque d’éloigner un peu plus la reconnaissance de la charte des droits sociaux fondamentaux comme socle social de la construction européenne.
Passer à l’offensive, c’est affirmer ensemble, à l’occasion de ce congrès, que la reconnaissance de cette charte par les gouvernements et institutions européennes est pour nous une priorité et il
nous faut agir en conséquence.
J’ai bien entendu Monsieur Barroso nous enseigner que le changement était inévitable. Sans doute, mais la nature des changements doit être discutable, sinon c’est tout simplement l’indépendance
syndicale qui est remise en cause. Et lorsqu’on nous propose de ne plus se poser la question de savoir à qui appartiennent les entreprises, il nous suggère de fermer les yeux sur le capitalisme
financier prédateur d’emplois et générateur de précarité pour des millions de salariés.
Lorsqu’on nous parle de souplesse, de flexibilité, c’est souvent le droit des salariés dont il est question. Mais il est un domaine qui, lui, nous est présenté comme rigide, incontournable, c’est
la rentabilité financière exigée par les actionnaires ! Celle-là ne serait pas critiquable ! Les syndicats ne sont pas les pompiers ou les infirmiers d’une Europe qui, dans les faits et par les
politiques mises en œuvre, ne se donne pas le progrès social comme une priorité.
Etre à l’offensive, c’est accepter de travailler davantage ensemble et de consacrer plus de temps et de moyens à nos objectifs communs.
C’est exigeant pour nous tous, tant nous avons déjà à faire. Mais chacun d’entre nous, dans sa propre activité, sera d’autant plus crédible s’il peut s’appuyer sur une Confédération européenne
offensive qui mobilise les travailleurs de toute l’Europe.
Nous en sommes capables !
Ca ne va pas dans le bon sens camarades... La direction confédérale poursuit sa course à marche forcée vers le recentrage réaliste ! Plus que jamais il est urgent que les syndicalistes honnêtes, les camarades qui ont à coeur de défendre les intérêts de leur classe se bougent, se regroupent pour empêcher les dérapages en cours !