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30 mai 2007 3 30 /05 /mai /2007 19:49
Mercredi 30 Mai 2007
Compte rendu du Forum syndical de classe et de masse du 26 mai 2007

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130 personnes se sont retrouvées pour la tenue de ce forum ; c’est un peu moins que prévu, mais ce n’était pas ridicule du tout, la salle était presque pleine. Un succès relatif donc pour cette première initiative commune.
Comme réserve, on peut noter que le public était constitué pour une large part d’enseignants, d’étudiants et de retraités, beaucoup de militants chevronnés. Il manquait, à l’évidence, la participation de syndicalistes de base, de militants (du privé comme du public) actifs dans la défense quotidienne des travailleurs. Or c’est bien à partir de ces camarades-là que l’on reconstruira le syndicalisme de classe. Il y a donc encore du chemin à faire et l’enjeu aujourd’hui, c’est de développer l’initiative.
Mais une première pierre a été posée, de manière solide ; on peut donc s’appuyer dessus pour continuer.

Une journée « globalement positive » (comme disait l’autre…)

A ce que nous avons pu constater, tous les camarades présents sont ressortis contents et optimistes, et c’était absolument essentiel pour cette première étape et donner une chance à l’expérience de se poursuivre. Les débats se sont tenus dans les délais et en respectant les horaires, grâce à un « maître du temps » à la fois rigoureux et plein d’humour, une organisation technique parfaite grâce aux camarades de « Continuer la CGT », et avec des débats d’un bon niveau doublés d’une volonté d’unité très forte. Un signe qui ne trompe pas : rares sont les présents qui sont partis avant la fin ! La journée s’est terminée de manière tonique, sur l’adoption d’une résolution commune et en chantant l’Internationale.
Sans aucun doute, le forum a atteint les objectifs qu’il s’était fixé, et nous avons bien avancé. Reste maintenant à poursuivre, et ce n’est pas le plus facile ! Après une ouverture du forum qui situait les enjeux de la journée, les travaux ont commencé.

Le premier débat donnait « la parole aux luttes »

Le camarade du CGT-E Dalkia a expliqué l’histoire agitée qui a conduit à leur sortie de la CGT et à la création de leur syndicat. Une histoire que les lecteurs assidus du blog connaissent bien. Deux grèves ont été détaillées, celle de PSA Aulnay de février-mars, bien sur, mais celle, moins connue de Sanofi-Aventis Vitry survenue en janvier-février dernier. Les mobilisations de la jeunesse étudiante-salariée suite à l’élection de Sarkozy ont aussi été relatées avec AG et manifestations à la clé, comme celles prévues pour le 2 juin. D’autres exemples ont été donnés, comme la bataille contre la décision de l’Etat de créer un « ordre des infirmier » à l’image de la structure féodalo-pétainiste de « l’ordre des médecins ». Un tableau des mobilisations récentes à été brossé montrant à la fois la vivacité d’un syndicalisme combatif, l’absence d’organisation de celui-ci et la façon dont les directions confédérales lui mettent des bâtons dans les roues. Un camarade de la CGT chômeurs a pu par exemple nous décrire les rapports conflictuels de cette structure avec l’appareil confédéral.
Quelques leçons ont été ébauchées de ces luttes, mais, disons-le franchement, c’est la partie la moins réussie du forum. Nous avons en quelque sorte reproduit ce qui se passe dans toutes les assemblées syndicales où chacun vient raconter son histoire, où ça va un peu dans tous les sens et où cela ne construit pas. On en sort ragaillardi parce qu’il y a des luttes, on note quelques rendez-vous de manif dans son agenda, c’est sympathique mais au fond, cela ne sert pas à grand’chose…
Lorsque nous renouvellerons l’exercice à l’automne, nous devrons réfléchir soigneusement à la manière de mener une telle partie, qui a un intérêt réel mais doit être plus constructif. Cela dit, comme c’était le débat introductif, cela n’a pas trop pesé sur le déroulement et la conclusion de la journée.

Ensuite, c’est plus au fond que nous avons discuté du syndicalisme d’accompagnement

Une introduction, préparée par les collectifs organisateurs insistait sur deux points : la Sécurité sociale Professionnelle et le syndicalisme international.
Dans un contexte où le capitalisme ne survit que par la dégradation continue des conditions d’existence des travailleurs, il ne s’agit plus de s’opposer à la précarité, aux restructurations mais de prendre acte et de négocier les rythmes et contenus de cette dégradation. La Sécurité Sociale Professionnelle fait partie de ce capitalisme à visage humain qu’espèrent les confédérations et dont elles cherchent à convaincre les patrons. Quant aux structures internationales : CES ou CSI, ce ne sont que des outils d’arrimage du syndicalisme au capital international. Et ce n’est pas le dernier Congrès de la CES qui va nous démentir !
Nous notons que la Sécurité Sociale Professionnelle, dont la critique n’était pas très évidente à l’époque où nous avons amorcé le blog « Où va la CGT ? » en novembre 2005, est maintenant unanimement rejetée avec un argumentaire solide, à même de nous armer dans les batailles à venir contre le contrat unique.

Nous avons remarqué, dans les contributions venues de la salle, que la FSU a essayé de faire le même coup que la CGT en imposant une adhésion surprise à la CSI au congrès de janvier à Marseille. La direction n’a pas pu éviter un débat de fond qui a cours en ce moment même. La contestation de la direction et de cette adhésion ne sera sans doute pas majoritaire au prochain vote en juin, mais le débat aura eu lieu.
Sur le syndicalisme dans l’Education (encore) Nationale, une camarade de Sud Education est intervenue pour mettre l’accent sur les axes délaissés par le syndicalisme réformiste. C’est la question des précaires d’une part, et des personnels ouvriers et administratifs touchés par la réforme Fillon de 2003 sur la décentralisation. C’est l’un des débats qu’il nous faudra bien avoir, tant le syndicalisme dans ce secteur (particulièrement FSU) est structuré par le corporatisme dominant chez les enseignants.

On notera l’intervention de plusieurs camarades de collectifs jeunes CGT. Les jeunes plus précarisés, sont plus facilement acquis à la lutte contre la précarité et à la critique de la Sécurité Sociale Professionnelle. Le syndicat doit accroître leur conscience ou alors il manque à son rôle. C’est aussi important que de mener des luttes victorieuses !

A part cela, peu de chose à dire sur les débats en dehors des quelques accrochages qui ont eu lieu, par exemple sur l’appréciation que l’on peut avoir des syndicats cubains (pour nous des appendices d’un régime exploitant et opprimant les travailleurs dans un cadre prétendument socialiste). Nous pensons que ces accrochages étaient pratiquement inévitables, dans la mesure où ils étaient potentiellement existants depuis l’origine. Cela dit, on a pu constater que tout le monde s’est quand même tout de suite calmé et que le débat s’est poursuivi tranquillement, y compris entre contradicteurs les plus passionnés. La volonté d’unité a été particulièrement visible, paradoxalement, à ce moment !
De même manière sur la question du « souverainisme » comme l’a résumé un intervenant. Il y a en fait deux débats semble-t-il à ce propos, l’un sur l’importance relative des « directives de Bruxelles » (pour résumer) sur la politique en France. L’autre sur la nécessité ou pas de prendre des mesures de protection nationale. Il n’y a cette fois pas eu d’incident, mais les contradictions sont peut-être encore plus essentielles, dans la mesure où il ne s’agit pas là d’un syndicat à l’autre bout du monde, mais de l’intervention syndicale de classe ici même, dans nos syndicats, dans nos entreprises !

Il y a eu peu de débat sur la Sécurité Sociale Professionnelle, c’est dommage. Peut-être aussi est-ce parce que c’est encore très général et pas encore mis en œuvre ?

Enfin, nous avons discuté d’un projet de plateforme et des méthodes de lutte

Sur le projet de plateforme, il y a eu une bonne discussion, qui a montré à la fois l’unité qui existait réellement entre les participants, et les problèmes qui subsistent encore pour pouvoir avancer. Nous renvoyons pour plus de détails à un autre article de ce blog, qui reproduit d’ailleurs l’intégralité du projet en discussion.
La partie suivante sur les formes et méthodes de lutte (également reproduite ici sur ce blog) a très vite fait consensus entre les participants : démocratie ouvrière, AG décisionnelles, Comités de grève, convergences des luttes, combat contre les bureaucraties… le débat ne s’est pas éternisé car au fond, ce qui était écrit reflétait l’état réel de la pratique de classe dans les mouvements sociaux, qu’il s’agisse de la grève à PSA Aulnay, ou les AG étudiantes. Et les présents étaient d’une certaine manière déjà convaincus !
Le débat a un peu dérapé sur l’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis et sur le droit de tendance, certains camarades sont très attachés à ces discussions, et avec des points de vue très différents. Pour avancer, nous devrons définir quel est l’enjeu précis de la discussion, et est-il si important que cela aujourd’hui ? Autrement dit : n’est-il pas possible de laisser les contradictions dans l’ombre en attendant des jours meilleurs où nous y verrons plus clairs ? Sinon, selon nous, le risque est grand de s’empailler sans fin sur des principes généraux, alors qu’en pratique nous pouvons avancer ensemble sans dommage même si nous ne partageons pas, sur ces questions, les mêmes idées.

La journée s’est conclue par l’adoption d’une résolution commune

Sur la base d’un projet qui convenait à l’assistance, c’est très important de le souligner, des amendements très minimes ont été proposés, partagés par tous, et vont être intégrés pour pouvoir publier une version définitive.
Pour résumer : il y a un engagement à faire vivre le regroupement par un bulletin de liaison, une adresse postale et électronique et deux axes de campagne interne et externe aux syndicats : contre la Sécurité Sociale Professionnelle et contre les mesures Sarkozy, avec la défense du droit de grève et le refus du contrat unique. Enfin, tout le monde a convenu de se retrouver à l’automne pour un deuxième Forum du Syndicalisme de classe et de masse !

Et c’est en chantant l’Internationale que nous nous sommes séparés, reprenant en cela les vieilles traditions du mouvement ouvrier bien oubliées par le syndicalisme officiel !

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