Lundi 17 Septembre 2007
La réputation des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire en matière de précarité n’est plus à faire. Intérim, CDD, sous-traitance en cascade de multiplient depuis des années, et plus récemment on a vu l’apparition de sociétés étrangères employant sous statut étranger des ouvriers surexploités. Des salaires du tiers monde, des conditions d’hébergement ne dépassant pas le niveau du taudis, des horaires et des conditions de travail insensées.
Depuis des années, la CGT a créé à Penhoët un syndicat de site, une Union Syndicale Multiprofessionnelle, dont une des tâches est de lutter contre ces multiples formes de précarité et de défendre les ouvriers quelle que soit leur nationalité et leur statut. Ainsi, en Septembre 2005, l’USM met à jour un véritable scandale autour de l’utilisation d’ouvriers polonais en provenance directe de Szczeczin, exploités dans des conditions scandaleuses.
Un communiqué est publié, reproduit sur le site de Bellaciao, sous le titre explicite de « la flibusterie des temps modernes ». Un communiqué à lire, à diffuser, à faire connaître largement. La vérité, toute la vérité, rien que la vérité…
Surprise. Le site Bellaciao est convoqué en justice le 12 mai 2006, pour diffamation envers les Chantiers de l’Atlantique. Les faits ne sont pas contestés, seulement la publication du communiqué et la véhémence du ton. Et le procès a lieu ce Mardi 11 septembre dernier, où l’on a vu les Chantiers demander une condamnation de principe (1 € de dommages et intérêts) et même le procureur a demandé la relaxe. Mais aucune condamnation ne saurait être acceptable, même pour un centime d’euro !
L’enjeu n’est pas celui de bâillonner la presse, comme l’affirme la confédération CGT, ou de défendre la liberté d’expression comme se plaît à l’expliquer l’Humanité, ou « du terrain peu défriché des technologies de l’information ». L’enjeu est celui de la précarité généralisée, de la sécurité sociale professionnelle, du contrat de travail unique et de la main d’œuvre ultra-flexible qu’on nous promet pour demain. Et dans ce contexte, il ne fait pas bon mettre à nu la politique patronale, quand en plus il s’agit d’un des plus grands patrons du MEDEF. Le communiqué n’ayant pas été mis en ligne sur le site de l’USM (semble-t-il délaissé), c’est Bellaciao qui va trinquer, d’où le procès…
La chose s’étant connue, et ayant fait quelques vagues, on peut s’imaginer que l’affaire va être enterrée (verdict le 2 octobre). Mais il est sûr que c’était en quelque sorte un ballon d’essai, pour voir jusqu’où on pouvait aller.
Un seul contrat, le CDI !
Solidarité internationale des travailleurs et soutien à l’action de l’USM Saint-Nazaire !