La Conférence sur les Unions locales a toujours bien lieu les 13 et 14 novembre prochain. On ne peut pas vraiment dire qu’on sent la tension monter, cela ne semble pas être une priorité dans
l’organisation, et c’est bien dommage…
Quelques débats ont bien eu lieu ici ou là, mais aucun document nouveau depuis le document de lancement, pas
d’impulsion véritable comme l’appareil sait si bien le faire quand il y a, de son point de vue, des enjeux importants.
Trois grandes tendances dans la CGT ?
Donc, histoire d’alimenter la discussion des camarades dans les UL, les premiers éléments de retour des discussions semblent faire apparaître à l’intérieur de la CGT trois grands courants et interprétations de ce qu’est une Union Locale.
Le premier courant est un courant ultra-réformiste qui veut pousser à l’intégration des Unions Locales dans les Bourses du Travail et à la transformation de celles-ci en structures d’accueil social. Cela correspond à une réalité : de plus en plus de salariés en détresse sont envoyés vers les UL ou les Bourses, y compris des institutions officielles (inspection du travail, prud’hommes, assistantes sociales etc.). Face à cette détresse, certains syndicalistes se transforment en assistante sociale pour gérer au quotidien la misère des travailleurs. Ils abandonnent toute compréhension syndicale et vivent dans l’urgence du cas par cas, comme on peut le voir aussi chez de nombreux militants actifs autour du logement, des sans-papiers etc. A l’extrême, ces militants revendiquent l’intégration des permanents des Bourses et des UL dans la fonction publique, en tant que travailleurs sociaux ! Ne riez pas, ce n’est pas si rare !
Le deuxième courant est le courant bureaucratique traditionnel de la
CGT qui analyse l’évolution de la société française, et en particulier des lois de décentralisation. Avec ces lois, les centres de décision se déplacent vers le département, la
région, voire la commune. Il y a création de multiples structures plus ou moins paritaires (intercommunales par exemple), où il y a des places d’experts en négociation à occuper. Alors, les
dirigeants réformistes ne se sentent plus : il faut renforcer le poids des UL, des UD pour négocier sur les transports, sur la politique de la ville, sur… Leur conception est d’adapter le système
de cogestion réformiste et de négociation aux nouvelles donnes de la décentralisation. Quand ils parlent de renforcement du rôle des UL, ce n’est pas du tout pour dire renforcement du travail de
terrain, du syndicalisme de proximité, c’est pour dire renforcement de la collaboration de classe à un niveau plus proche, où ils imaginent qu’il sera plus facile de grappiller des miettes qu’au
niveau de l’état (d’ailleurs cela peut être possible, dans les zones plus favorisées ; dans les déserts industriels et les zones de chômage, c’est autre chose). Bref, il s’agit pour eux de
renforcer leur rôle de partenaire indispensable face au patronat et à la bourgeoisie locale.
Aujourd’hui, dans ce but, les élections prud’homales de décembre 2008 sont déjà un enjeu essentiel !
Enfin, un troisième courant regroupe tous les militants qui défendent le
syndicalisme de proximité, le travail de terrain, avec là encore des interprétations diverses. Entre les militants de base qui sont un peu enfermés dans leurs structures locales
mais qui font un bon travail, les militants dégoûtés par le réformisme syndical en entreprise et qui trouvent dans l’UL un lieu de militantisme différent, les syndiqués isolés qui veulent donner
leur contribution à la lutte des classes, et les syndicalistes de classe qui considèrent que l’UL est une structure essentielle de l’unité des travailleurs, interprofessionnelle, actifs et non
actifs, sur toutes les questions de la société, c’est vrai qu’il y a de quoi faire.
C’est suffisamment rare pour que nous en parlions, même si elle n’est guère intéressante sur le contenu, manifestement pleine d’illusion sur les objectifs de la Confédération. Cela dit, ces camarades défendent une conception de syndicalisme de lutte de terrain, défendent les Unions locales, et dans le contexte actuel, c’est déjà ca.
Voir leur contribution ici, sur leur site.
Mais ces militants se retrouvent sur deux choses : le travail de masse, au quotidien, et la volonté de faire vivre les Unions locales face à toutes les tentatives pour les marginaliser, les mettre au pas, voire carrément les faire disparaître…
Quelques questions toujours en débat
La relation avec la création de syndicats de site. Certains y voient une contradiction, nous pensons au contraire que cela peut être tout à fait complémentaire. Un article précédent à traité de la question, nous y renvoyons.
La participation des syndicats professionnels. Le plus souvent ils sont absents des UL, qu’il s’agisse des enseignants, des postaux, de la métallurgie etc. C’est la marque d’un corporatisme certain qui doit ouvertement être discuté.
Le repli sur leur boîte de nombreux syndicats, qui ne participent donc plus aux structures interprofessionnelles, dont les unions locales. C’est la marque
d’un certain glissement réformiste, du rétrécissement des équipes syndicales qui ne trouvent plus de militants pour assurer les tâches, de la conception des « hommes (ou femmes) orchestre » sans
qui rien ne peut se faire et qui, débordés et un peu découragés, se replient sur le quotidien institutionnel (DP, CE…) sans développer un quelconque syndicalisme véritable…
Les enjeux de la Conférence
Nous n’attendons rien du tout de la Conférence elle-même, où tout est sans doute ficelé et où nous serons informés, en temps et en heure de ce qui aura été décidé… Mais il faut profiter de l’opportunité pour renforcer nos liens, discuter, redynamiser des UL en sommeil, remotiver des jeunes et des isolés pour les porter. Chaque fois qu’une Union Locale disparait, qu’elle soit liquidée, qu’elle disparaisse d’elle-même ou qu’elle se transforme en autre chose (travail social ou bureaucratie syndicale), c’est un pas un arrière pour le mouvement ouvrier. Plus que jamais c’est de cela qu’il faut discuter dans nos structures, unions locales et syndicats !