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11 octobre 2007 4 11 /10 /octobre /2007 17:16
Jeudi  11 Octobre 2007
Manifestation du 13 octobre : décidément ce monde tourne à l'envers !

print-pdf.gifLors de la manifestation nationale de samedi 13, à l'appel de l'ANDEVA et de la FNATH, soutenue par la CGT, nous diffuserons le tract ci-dessous, également disponible en version imprimable (ci-contre).
Il s'agit non pas d'appeler à la lutte (les participants savent bien pourquoi ils sont là...) mais de montrer en quoi la santé au travail, les destructions de l'amiante ne sont pas des bavures, mais la manifestation profonde d'un monde qu'il faut changer.


Notre santé est pourrie par l’amiante et le reste,
Notre santé est détruite par le travail,
Et en plus il faudrait payer ?
Décidément, ce monde tourne à l’envers !

Voilà plusieurs années que nous nous retrouvons à l’appel de l’ANDEVA et de la FNATH, aujourd’hui rejoints par la CGT. Plusieurs années que nous venons dire notre colère, exiger justice et réparation pour nos morts et nos malades, crier à la face du monde la barbarie de ce monde et de notre exploitation.

Non, nous ouvriers, ne sommes pas des ressources industrielles jetables au fil des restructurations et de l’intensification du travail, de la course à la productivité et des dégâts collatéraux qu’ils entraînent. Non, nous ne nous résignons pas à être les « producteurs de plus value » qu’on voudrait que nous soyons. Nous sommes des exploités, les soutiers de l’économie capitaliste, mais avant tout nous sommes des travailleurs, des êtres humains qui souffrons dans notre chair de l’inhumanité de l’exploitation. Et qui nous révoltons, car de ce monde, nous n’en voulons plus.

La santé au travail, la pénibilité, le stress, l’amiante et les toxiques,
on commence à en parler.

Tant mieux. Mais ce n’est pas grâce aux bons sentiments de quiconque. C’est d’abord le fruit de la lutte acharnée de nos camarades de l’ANDEVA, des syndicats qui se sont battus pendant des années contre le silence complice. Aujourd’hui, plus personne ne nie le scandale de l’air contaminé et de ses 100 000 morts à venir.
De même, il a fallu malheureusement la multiplication des suicides dans l’automobile pour voir à quel désespoir pouvait mener l’intensification de l’exploitation, provoquant indignation, réaction et mobilisation. Nous, c’est dans la lutte collective qu’on résiste au désespoir et à la pression !
Et puis, il y a tous les petits combats, mais qui commencent à faire parler d’eux, comme celui des travailleurs d’Adisséo dans l’Allier, 27 cas d’empoisonnement dans le même atelier à un composé organique, le chloracétal C5, 9 morts…

Responsables et coupables !

Face à la révolte, aux mobilisations (comme aujourd’hui), à l’information qui commence à circuler, grosse réaction au niveau patronal.
Un objectif, un seul : éviter à tout prix qu’apparaisse l’exploitation comme cause unique, éviter de révéler que la plus-value, les richesses, elles sortent du sang, de la sueur et de l’empoisonnement des ouvriers. Ils n’ont que mépris pour notre vie, notre santé, notre équilibre mental. Ils n’ont que profit, comptes, guerre économique à la bouche. Nous on ne connaît que la « souffrance », ce mot à la mode, mais qui décrit tellement bien cette société capitaliste.

Alors, pour cacher la vérité, d’abord on veut limiter à tout prix la mise en cause de la responsabilité des patrons. Au plan du droit du travail, de la justice, l’offensive est par exemple pour dépénaliser le code du travail : nous affirmons au contraire que les bourgeois sont responsables et coupables de cette société qu’ils ont construite.
Quant aux victimes, décidément trop voyantes, on refuse absolument de les traiter collectivement, on fait du cas par cas, les visites médicales individuelles, les études personnalisées, le FIVA contre la reconnaissance des sites amiantes, à l’image de toute la politique de Sarkozy : il faut à tout prix empêcher la mise en cause d’un système fondé sur le profit, le marché, la concurrence, l’exploitation !

Peut-on réparer l’irréparable ?

Et en face, que réclame-t-on, partis traditionnels et syndicats réunis ?
On réclame « réparation », « remboursement », « non aux franchises »…
Sans doute. Evidemment même.

Mais la retraite anticipée peut-elle corriger l’injustice fondamentale qu’est la vie raccourcie d’un ouvrier, usé prématurément par l’exploitation (le bâtiment) ou empoisonnée par l’amiante ?  L’argent, bien sûr, il ne manquerait plus qu’on paye ! Ce sont des revendications justes, mais c’est vraiment un minimum. Et en rester là, c’est au fond accepter la machine à broyer la santé de l’ouvrier…

Car à côté, c’est trop souvent le silence sur l’interdiction du travail de nuit (pour tous !), du travail posté, du travail à la chaîne, sur les horaires hachés qui non seulement nous détruisent physiquement et mentalement, mais détruisent nos familles (divorces, enfants livrés à eux-mêmes dans les cités…), sur les multiples toxiques que nous rencontrons jour après jour…

Nous ne voulons plus de ce monde de barbares !
Nous ne sommes pas des machines et nous voulons VIVRE, réellement !
Nous ne voulons plus mourir à petit feu et qu’en plus patronat et gouvernement aillent cracher sur nos tombes !

Nous sommes ici aux côtés de l’ANDEVA et de la FNATH, avec la CGT, parce que notre vie n’existe que dans la révolte, dans la lutte, dans l’espoir d’un monde meilleur, plus juste, plus égalitaire, plus collectif, et où avant tout on ne perde pas sa vie à la gagner, où la santé de tous soit au premier plan ! Un monde où il faudra bouleverser tout le système productif non seulement dans ce qu’on produit, mais dans la manière dont on le fait, qui respecte désormais l’intégrité de l’ouvrier, tant au plan physique que de ses capacités intellectuelles.
Et si les mots socialisme et communisme ont encore un sens, c’est celui là que nous leur donnons !

Nous avons la rage de l’ouvrier qui subit cette vie de sang de sueur et de poisons.
Mais nous voulons que cette rage soit utile, qu’elle travaille à ce  monde futur, le nôtre, que nous construirons sur les décombres de celui-ci. C’est pour cela que nous nous regroupons, bien sûr dans des syndicats et des associations (comme pour cette manifestation), mais surtout dans une organisation politique, communiste, pour reconstruire notre parti, celui des exploités. Car nous sommes sûrs d’une chose : hors de politique, point de salut !

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