Voici ce qu’on peut lire dans le dernier numéro d’Ensemble (N°5 - février 2008) envoyé à domicile à tous les syndiqués CGT
« Editorial de Maurad Rabhi – secrétaire de la CGTEn toutes circonstances, la signature ou non d’un accord par la CGT dépend de son contenu et de lui seul.
Nous jugeons que le texte issu des négociations sur la « modernisation » du marché du travail est profondément déséquilibré. Le patronat obtient de nouvelles facilités pour licencier, un contrat précaire supplémentaire, l’allongement des périodes d’essai, le durcissement des conditions d’accès aux conseils de prud’hommes etc.
Par comparaison, les mesures destinées à sécuriser les parcours professionnels des salariés apparaissent bien timides d’autant que leur application est exprimée sous forme de vœux ou renvoyée à des négociations ultérieures. Au bout du compte, c’est davantage de flexibilité pour les employeurs et plus de précarité pour les salariés. L’expérience montre qu’une telle situation n’est pas favorable à l’emploi.
Les salariés ne s’y trompent pas, puisque 68% d’entre eux réclament davantage de protections contre les risques de licenciements (sondage CSA).
Pour autant, les syndicats n’ont pas ménagé leurs efforts au cours de cette négociation.
Leur opposition unie a contraint le patronat à en rabattre sur ses prétentions. Notre organisation s’est faite force de propositions et même Laurence Parisot pour le Medef a dû convenir que le texte final portait « la patte de la CGT ».
Cette démarche constructive, faite de contestations et de propositions, restera en quelque sorte notre marque de fabrique pour affronter les échéances à venir.
Les salariés jugeront. »
Comment comprendre ce double discours ?
L’article d’analyse du même journal (page 13) décortique pourtant à peu près correctement le contenu d’un accord bien pourri.
Mais cet éditorial ? Un texte qui « porte la patte de la CGT », et qui représente « davantage de flexibilité pour les employeurs et plus de précarité pour les salariés » ? Cherchez l’erreur…
Ou n’est-ce pas le moyen de nuancer sans le dire le résultat final, de ménager les autres syndicats signataires, de considérer que finalement on a obtenu un résultat pas si mauvais ?
Maurad Rabhi représente sans aucun doute le courant le plus réformiste dans la confédération. Déjà partisan de signer l’accord sur le contrat de transition professionnelle, (et un affrontement vif avait eu lieu avec Maryse Dumas sur la question) il est aujourd’hui propulsé par la direction confédérale pour porter un point de vue « nuancé » sur l’accord, montrant la progression des dégâts réformistes dans la Confédé à propos de la Sécurité Sociale Professionnelle. En passant, on justifie toute la démarche et donc la négociation à froid sans aucun rapport de force, aucune mobilisation. « La marque de fabrique de la CGT pour affronter les échéances à venir » ?
Nous prenons la direction confédérale au mot : les salariés jugeront, et en premier lieu les syndicalistes de classe.