Lundi 26 juillet 2010
Syndicalisme de classe : le congrès de l'UL de Tourcoing
Nous venons d'être informés du congrès de l'Union Locale CGT de Tourcoing, qui s'est tenu au mois de Juin et a élu une commission exécutive de 26 membres des différentes entreprises de la localité.
Et c'est avec un plaisir véritable que nous publions ci-dessous le document d'orientation voté à cette occasion.
Nous le publions en intégral ci-dessous, car c'est un texte important, qui peut d'ailleurs servir d'exemple à d'autres camarades. C'est un texte de fond, travaillé et qui sort de la langue de bois habituelle, tout en allant assez au fond des problèmes de la défense intransigeante de notre classe.
Il reste à approfondir la véritable nature du réformisme, en particulier sur le terrain syndical. Sur des sujets comme
l'emploi industriel, comme la défense des services publics, par exemple, il y a de quoi débattre, y compris entre nous !
Il y partout en France des pôles de résistance au réformisme, à l'image de la CGT de Tourcoing, et il faut les faire connaître. La région Nord Pas-de-Calais est particulièrement bien représentée avec l'USTM (d'où est issue la candidature de JP Delannoy au 49ème Congrès), l'union locale de Douai, ou les cinq UL (Auchel, Béthune, Bruay, Isbergues, Lillers) qui travaillent main dans la main autour de la raffinerie des Flandres à Dunkerque.
Mais partout ailleurs, des camarades résistent.
Le problème qui demeure, c'est cet éparpillement, qui permet toutes les manoeuvres de la part de la direction Confédérale. Car il ne suffit pas de défendre âprement des bastions locaux, il faut "sortir du bois", relancer l'offensive pour proposer publiquement une alternative générale face à la direction actuelle de la Confédération.
Nous n'en sommes malheureusement pas là, la confusion politique étant encore forte dans nos rangs.
Dans l'immédiat donc, prenons exemple sur les camarades de Tourcoing, faisons connaître leurs positions !
(également disponible en pdf, cliquer sur l'icône)
DOCUMENT D’ORIENTATION
21ème CONGRES DE L’UNION LOCALE CGT TOURCOING
« Rien n’a fait plus de mal
aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif
le plus puissant. C’est pour la mener avec succès, en rassemblant l’ensemble des travailleurs, que fut créée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit
pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaudrait pour la classe ouvrière à se livrer pieds et mains liés à l’exploitation et à l’écrasement. »
(Henri Krasucki, travailleur immigré, résistant, déporté, secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992).
« La lutte des classes existe et c’est la mienne qui est en train de la remporter »
(Warren Buffet, capitaliste, milliardaire, Etats-Unis).
« L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. »
(Karl Marx et Friedrich Engels).
La CGT, jusqu’à nos jours, s’inscrit dans cette Histoire. Créée en 1895, elle est alors LE syndicat des ouvriers, outil syndical
pour mener la lutte des classes, obtenir par cette lutte des avancées sociales, alors que le but ultime de la CGT est de préparer les travailleurs à « abolir le salariat et le patronat »,
c’est-à-dire renverser le système capitaliste pour y substituer « la société libre des producteurs ».
Depuis et jusqu’à nos jours, le Capital (les patrons) et ses représentants (politiques, syndicaux, etc…), qui eux mènent sans
jamais y renoncer la lutte des classes, ont tout fait pour abattre ou attiédir le syndicalisme de classe et de masse qui, seul, menace leurs intérêts immédiats. Soit ils usent de la matraque, et
c’est la droite, la Réaction, la soumission sans fard au MEDEF. Soit on use de moyens plus subtils. Répondant au doux nom de réformisme, la somme de ces efforts « subtils » s’incarne dans des
politiques et des méthodes dont l’échec patent – du point de vue de la situation des travailleurs - permet toutefois, pour l’instant, de maintenir le système d’exploitation tout en semant des
illusions parmi les travailleurs.
Qu’elle soit ouverte ou masquée, la collaboration de classes livre pieds et mains liés la classe ouvrière à l’exploitation. On le
constate à la fois dans les sphères politique et syndicale. Dans cette dernière, elle se manifeste par l’émiettement syndical, dans la création, au fil du temps, d’organisations syndicales
réformistes dont le but historique est de contrecarrer le syndicalisme révolutionnaire CGT ; elle se manifeste aussi par le renforcement du réformisme à l’intérieur même de la CGT.
Elle se manifeste enfin et surtout, dans la vie quotidienne des travailleurs, par l’existence dans les entreprises de syndicats «
jaunes », c’est-à-dire de syndicats qui, ouvertement adeptes du « compromis » avec le patron, ne peuvent que sombrer dans la compromission avec le patron. Il y a là l’une des raisons premières de
la désaffection des travailleurs vis-à-vis du syndicalisme, comme d’ailleurs du politique. La responsabilité en revient aux imposteurs qui, tout en ayant à la bouche « la défense de vos intérêts
» servent dans les faits les intérêts des exploiteurs.
Le réformisme a pénétré profondément dans les consciences et dans les pratiques, non sans contradictions : tant que les classes
populaires voyaient, peu ou prou, leur condition s’améliorer, tant que la protection sociale et le plein emploi permettaient « d’oublier » la lutte des classes, le réformisme pouvait se prévaloir
de quelques « progrès », redevables en fait aux luttes réelles des travailleurs ainsi qu’à un contexte mondial obligeant le Capital à « lâcher quelques miettes » ici, en renforçant l’exploitation
des peuples du Sud.
Aujourd’hui, alors que le capitalisme traverse la crise la plus grave depuis celle des années 30, alors que le chômage massif et
la précarité gangrènent le monde du travail, alors que la protection sociale (retraites, sécurité sociale, services publics…) est démantelée sous nos yeux, alors que les inégalités se creusent
encore davantage, que le Capital se goinfre comme jamais, y compris en supprimant l’emploi, et que les travailleurs vivent à crédit, menacés de chuter encore plus bas, le réformisme, qui
accompagne les choix capitalistes, révèle son vrai visage : plus qu’inutile, il est un frein aux mouvements sociaux qui seuls, peuvent construire un rapport de force favorable aux classes
populaires.
Face à la colère qui gronde, face à la volonté d’en découdre, face à l’urgence d’une riposte, vécues par une partie de plus en
plus importante des salariés, le réformisme propose une stratégie illisible, incompréhensible, où la mobilisation, à peine embrayée, est enterrée sous les fastes de « négociations » qui ne
débouchent sur rien d’autre qu’un repli du réformisme sur lui-même, sur une fracture de plus en plus ouverte entre la « base » et le « sommet ». Le réformisme nous plonge dans
l’impasse.
L’argument massue du réformisme, c’est l’inertie des travailleurs, leur individualisation, la précarité et tout ce que le Capital
a inventé pour nous diviser et nous éloigner du terrain de la lutte. S’il est apparemment plus difficile de mobiliser dans les conditions actuelles qu’en 1936 ou 1968, cela ne remet pas pour
autant en cause la nécessité d’une lutte frontale, générale, organisée en conséquence, comme d’ailleurs l’exemple plus récent du LKP guadeloupéen l’a démontré. Ce que cela dit est qu’il revient à
toute direction de tracer des perspectives, et c’est ce qui manque cruellement aujourd’hui, en particulier aux milliers de travailleurs isolés de fait dans leurs luttes, et aux millions de
travailleurs qui attendent une perspective pour se mobiliser.
Bien sûr, «il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour lancer la grève générale », laquelle ne « se décrète pas », évidemment.
Néanmoins, on peut, on doit, préparer les conditions qui la rendront possibles, on doit et on peut fixer cet objectif, non pas par purisme révolutionnaire mais parce que tout, dans notre
expérience, indique que là réside l’unique solution à la crise, et que toute hésitation, tout compromis négocié sur les bases de la bourgeoisie ne fait que reculer cette solution, ne fait que
renforcer les forces les plus réactionnaires qui s’apprêtent à découdre tout ce qu’il nous reste d’acquis sociaux et politiques.
Car, et il suffit de considérer le passé, la crise que nous vivons, ne se distingue en rien des précédentes, et ses mécanismes
sont connus depuis le XIXème siècle. En période de crise, la bourgeoisie, qui, encore une fois ne renonce pas et ne renoncera jamais à mener la lutte, fait et fera tout pour maintenir et
accroître ses privilèges, fait et fera tout pour faire payer les classes populaires.
Licenciements, chômage, casse des droits et acquis à tout va, pour « sortir de la crise », la classe dominante ne peut et ne fait
que nous y enfoncer davantage. Dès lors, la colère sociale, produit du désordre capitaliste, ne peut que s’amplifier, et la violence infligée aux masses ne peut que se manifester dans la vie
sociale tout entière. La stratégie, la seule stratégie du Capital dès lors ne peut être que de dévoyer la colère et la violence des masses, en les dirigeant contre elles-mêmes. C’est là toute
l’utilité du chauvinisme, du racisme, et de tous les ferments de division entre travailleurs que la bourgeoisie distille dans la société.
« Le capitalisme porte la guerre en lui comme la nuée porte l’orage ». (Jean Jaurès) Pour conquérir des marchés, étendre son
influence sur la planète, ce système met le monde à feu et à sang, et met même en péril la survie de celui-ci. Pas une guerre ne cache, derrière de prétendus « chocs des civilisations » et des
motifs nationaux ou religieux, des intérêts économiques bien réels.
Même oubliées, même niées, ces réalités n’en demeurent pas moins. Manifester la volonté d’amender ce système, de l’améliorer, par
le « dialogue social » entre « partenaires », relève sinon de la trahison pure et simple, tout au moins de l’aveuglement. Le réformisme, en maintenant l’illusion du compromis, dans le contexte
actuel, ouvre objectivement la porte aux perspectives les plus réactionnaires.
Nous devons absolument voir ce qui se tapit derrière ces mots : c’est à un recul social sans précédent qu’il faut s’attendre, si
nous, nous en tant que classe, ne sommes pas capables d’imposer un rapport de force sur le terrain de la lutte des classes.
« Les idées dominantes sont toujours les idées de la classe dominante ». (Karl Marx) Jamais encore le système capitaliste n’a
disposé comme aujourd’hui des moyens d’imposer l’idéologie bourgeoise. Les choses seraient plus claires si les travailleurs se forgeaient leur jugement en fonction de leur situation réelle. Or,
un bulldozer médiatique, piloté par le même patronat qui nous exploite, entretient parmi nous la confusion, le désespoir, le fatalisme, les illusions. Le crédit nous soumet, la publicité dévoie
nos besoins, la télé nous abrutit. Face à notre situation réelle donc, se dressent de multiples obstacles nous empêchant de considérer le réel avec nos yeux, avec notre conscience de
classe.
Le travail militant consiste dès lors en parallèle des luttes sur le terrain, à mener la bataille des idées, pour combattre la
confusion et la résignation. Ce travail militant au sens large ne peut se faire qu’en acceptant par avance les conditions réelles auxquelles nous sommes confrontés, en partant du principe « qu’il
faut fleurir là où l’on est ». Il faut combattre la confusion, les illusions réformistes, la résignation et le défaitisme, sans pour autant céder au dogmatisme et au sectarisme, sans s’isoler des
masses et de leurs organisations.
Une posture radicale, qui ne serait que posture, se dressant, irréductible, face au réformisme tel un chevalier blanc, sans dans
le même temps construire dans les masses le rapport de force, déboucherait sur une stérilité tout aussi coupable que ce qu’elle prétendrait combattre. Pour être clair, c’est dans toute notre CGT
qu’il faut mener la bataille des idées, c’est par la CGT que cette bataille, en dépit des contradictions, sera menée. C’est en portant fièrement les couleurs de la CGT, de son héritage et
de ses valeurs essentielles, que nous pouvons mener ce combat efficacement.
Face à la casse sociale généralisée, face à ses effets sur les masses, nulle autre considération que l’exigence d’unité dans la
lutte ne peut guider l’action de tout militant sincère, vivant parmi les siens les conséquences dramatiques du capitalisme destructeur.
Pour l’Union Locale CGT de Tourcoing, cette orientation générale s’inscrit dans une continuité, des origines marquées par les
âpres luttes de nos anciens dans l’industrie, particulièrement textile, où le patronat souvent « paternaliste » imprime sa marque, à ce jour, où la désindustrialisation massive a diversifié le
salariat, partagé entre industrie et services, marqué par la précarité, et qui continue de se confronter à la dureté des conditions de travail et à un patronat toujours aussi « moralement »
exploiteur.
Cette orientation générale de notre CGT ne tient donc pas tant aux personnalités d’aujourd’hui et d’hier qui animent ou ont animé
l’Union Locale, mais surtout au terrain des luttes économiques lui-même, qui imprime l’identité CGT ici, sur un territoire fortement ravagé par le chômage, la précarisation, et tout ce que cela
entraîne dans la vie sociale. Les militants les plus engagés de la CGT sur Tourcoing sont les produits de cette réalité sociale, qui s’accorde mal aux pratiques clientélistes encouragées par
certain patronat et certaines municipalités, en vue de garantir la « paix sociale ».
Par rapport aux changements intervenus dans le paysage économique de notre territoire, avec les fermetures d’industries notamment
textiles, la démultiplication des sites et enseignes appartenant pourtant aux mêmes capitalistes, l’atomisation d’une partie du salariat, le grand nombre de syndiqués « isolés » ; par rapport aux
enjeux du travail féminin, de la question de l’accès des jeunes à l’emploi ET au syndicalisme, un grand nombre de questions sont posées au syndicalisme CGT, qui ont suscité de nombreuses
réflexions à tous les échelons de la CGT.
S’il nous faut adapter nos pratiques au contexte, et nous allons voir ce sur quoi s’engage notre Union Locale, il nous paraît
nécessaire de « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». C’est-à-dire que sous couvert « d’adapter » nos pratiques syndicales et nos structures, il ne nous apparaît pas opportun de rejeter d’un
bloc « les pratiques héritées du passé ». Qu’il faille tenir compte des transformations liées à la précarisation et d’une manière générale aux méthodes patronales imposées au monde du travail,
c’est une évidence. Mais il faut dans le même temps se garder de jeter aux oubliettes les pratiques syndicales de nos aînés quand celles-ci, très nettement « de classe et de masse », ont démontré
leur pertinence. L’analyse qui consiste à pointer du doigt les scléroses, les « archaïsmes » de la « vieille CGT », pourrait nous agréer si dans le même temps, une analyse sérieuse des
orientations confédérales et de leurs effets sur les luttes et « le moral des troupes » était faite. Une critique des structures et méthodes héritées du passé nous agréerait si elle s’inscrivait
clairement dans une optique de lutte de classes tournée vers la construction d’un rapport de force général sans concession.
Notre Union Locale, s’engage, en dépit des grandes réticences correspondant à la mise en place du Cogitiel et du Cogetise, à
utiliser ces outils mis en place par notre organisation. De même, nous nous engageons à faire en sorte que nos syndiqués isolés s’organisent en syndicats en fonction du site et/ou des branches
auxquel(les) ils sont liés. A inciter, dès que les conditions le permettent, les sections à se former en syndicats.
Notre Union Locale n’évacue pas les questions dites « sociétales », lorsque celles-ci, de toute évidence, affectent le terrain de
la lutte. A ce titre, nous devons noter que l’engagement des femmes, sur notre territoire, est très marqué, dans les services, et y compris dans l’industrie. Il nous appartient collectivement de
faire en sorte que la participation effective des femmes dans nos syndicats et sections, soit en quelque sorte reproduite à notre échelon. Beaucoup d’efforts restent à faire, et il convient
d’encourager toutes celles qui se battent au quotidien, pour qu’elles prennent davantage de responsabilités.
De même, si l’on se plaint souvent d’un certain vieillissement des cadres militants, on s’aperçoit que depuis quelques années, la
participation de militants plus jeunes dans le syndicalisme CGT de Tourcoing et environs, est une réalité. Et la question d’un « conflit générationnel » dans notre CGT nous semble tout à fait
minime et sans effet, dès lors que l’orientation est claire. Le capitalisme n’a pas changé au point de susciter des contradictions insurmontables entre les générations. Nous expérimentons cette
évidence dans notre Union Locale au quotidien, où l’énergie de jeunes « nés dans la crise » et vivant dans la précarité, ne se trouve pas en contradiction avec l’expérience de militants plus âgés
ayant connu des situations sensiblement différentes par le passé. Mais encore une fois, la réalité de l’exploitation capitaliste n’a pas connu une mutation qui justifierait une coupure
irréversible entre classes ouvrières d’hier et d’aujourd’hui. Au contraire, il nous appartient de mettre en relief la continuité et de notre organisation, et de ses pratiques de lutte des
classes, seules à même de répondre à la volonté affirmée de nos jeunes « d’en découdre ».
L’enjeu de la formation syndicale, à cet effet, nous semble considérable. Notre Union Locale s’engage à multiplier les sessions de
formation syndicale CGT, et, par le rajeunissement de fait de notre structure, à transmettre aux nouveaux les outils légués par les anciens. Dans le même esprit, notre Union Locale devra, comme
elle l’a parfois fait, être capable d’organiser des rencontres-débats ouvertes au public, sur des enjeux importants.
La place des travailleurs retraités est donc naturellement induite par la nécessité évoquée ci-dessus, qui donne à l’engagement de
nos anciens une responsabilité particulière.
La France de 2010 – et singulièrement notre territoire – présente un visage multiculturel, produit par une immigration qui, en
particulier sur notre territoire, constitue un pan majeur de notre Histoire commune. Que notre CGT soit la maison de tous les travailleurs, sans exclusive, est heureusement un fait objectif.
Chacune et chacun, dans l’entreprise, dans le quotidien, dans les luttes, partage de fait avec « l’autre » une seule et même réalité qui fait plus que tous les discours pour rapprocher les
travailleurs partageant les mêmes intérêts, les mêmes problèmes, etc…
Ceci dit, et parce que la bourgeoisie n’hésite pas à employer tous les moyens pour maintenir son emprise sur la société, parce que
le racisme est une arme de destruction massive pour la classe ouvrière, parce qu’il permet de diviser ceux et celles qui ont tout intérêt à s’unir, nous avons le devoir de combattre ce racisme –
ouvert ou masqué – de manière résolue, à chaque instant, et tout simplement par l’exemple, en affichant nos valeurs dans les faits. A ce titre, l’Union Locale de Tourcoing soutient sans réserve
le combat légitime des sans-papiers, qui doit être un combat de « première ligne » pour l’ensemble des travailleurs. Chaque victoire du racisme d’Etat conduit à une défaite pour l’ensemble des
travailleurs, dont les droits dès lors reculent.
C’est à l’unité de l’ensemble des travailleurs que nous devons œuvrer : malgré les difficultés, nous nous engageons à tout faire
pour développer les Comités de Privés d’emploi. A tout faire pour unir dans de mêmes combats précaires et non-précaires (« moins » précaires devrait-on dire…). A tout faire pour travailler,
d’ores et déjà dans le quotidien de notre U.L., à l’unité réelle du public et du privé. A combattre tout ferment de division, sur quelque base que ce soit.
Nous n’oublions pas que notre CGT est internationaliste. Tout ce que l’on peut dire et éprouver sur la situation des travailleurs
ici, se vérifie, souvent de manière encore plus crue, dans le monde entier. Le capitalisme est mondialisé, nos patrons sont bien souvent aussi les patrons de l’ouvrier roumain ou chinois, de
l’employée marocaine, du travailleur agricole sénégalais. Le capitalisme, à l’échelle mondiale, fait jouer la concurrence entre travailleurs, considérés comme des coûts qu’il faut réduire. Plus
les droits et intérêts des travailleurs sont attaqués dans tel ou tel pays, plus la situation générale des travailleurs partout se dégrade.
Cet internationalisme est indissociable du combat contre la guerre, outil extrême aux mains des capitalistes, qui trouvent là
moyen de sortir de la crise, de mettre la main sur des matières premières, de conquérir des marchés. Le combat contre l’impérialisme doit être nôtre, comme il le fut, comme le fut le combat
contre le colonialisme. L’Union Locale de Tourcoing s’engagera dans ce combat, en soutenant les mouvements s’opposant à la guerre et à l’occupation, en affichant la solidarité des travailleurs
d’ici avec les travailleurs d’ailleurs, soumis à la violence capitaliste et à ses formes militaires.
Le constat du moment, qui montre l’accélération de l’offensive du Capital contre les travailleurs, ici, à Tourcoing et environs,
mais aussi, de manière indissolublement liée, contre les travailleurs et les peuples du monde ; ce constat, qui montre l’impasse absolue du système économique que nous subissons ; ce constat, qui
pointe du doigt nos propres difficultés à organiser une riposte à la hauteur, à gagner la bataille des idées, à sortir les travailleurs du pessimisme et de la résignation ; ce constat, pour
autant, doit nous permettre d’agir, de militer, d’espérer, car il n’existe aucune autre solution que celle résidant dans ce combat-là.
C’est parce que les camarades qui ont pris l’initiative de faire vivre l’Union Locale jusqu’à ce congrès étaient convaincus
de cela, qu’ils ont pu continuer à faire exister la CGT à Tourcoing malgré l’absence de moyens et de perspectives immédiates. En mettant en place des permanences tenues chaque jour par des
militants motivés, en faisant appel aux énergies, en travaillant à la reconstruction d’un mouvement de fond sur le territoire, ils et elles ont pu mesurer que, malgré les difficultés, la lutte
paye. Seule la lutte paye, mais encore faut-il l’organiser. Cette difficulté demeure, mais elle n’est pas insurmontable, et notre UL fera tout pour convaincre ses syndiqués que tous ont leur
place dans ce combat, que tous peuvent le mener, et que c’est même là, au-delà d’une nécessité collective, la possibilité d’un épanouissement individuel inédit.
La particularité de l’UL de Tourcoing, à la fois dans son histoire et dans son fonctionnement plus récent, mérite d’être
soulignée, car elle prouve qu’un syndicalisme indépendant peut exister. Nous proposons de continuer dans ce sens.
Parmi les camarades impliqués dans l’UL, tous n’ont pas les mêmes centres d’intérêt : certains préfèrent
s’investir dans la défense individuelle des salariés, d’autres sont plus à l’aise dans les conflits collectifs, certains développent des compétences juridiques indispensables dans la lutte,
d’autres des expériences sur le terrain même de cette lutte collective, mais tous ont à cœur de faire en sorte que l’UL soit un lieu d’échange et d’expérience pour chacun et chacune,
et que nous puissions dépasser nos limites individuelles en devenant une force collective.
Dans les conflits collectifs nous continuerons à mettre en avant l’organisation du mouvement par les travailleurs eux-mêmes, en
nous appuyant sur leur détermination à défendre leurs revendications. Ce qui veut dire chercher en premier lieu à impliquer l’ensemble des organisations présentes sur un conflit, travailler
à leur unité, mais en imposant à toutes le contrôle et la direction des luttes par la base. C’est en rendant aux travailleurs la direction de leurs combats et non en
le laissant aux mains de « spécialistes autoproclamés » que nous pourrons construire des bases solides et offensives.
La nécessité d’un vaste mouvement d’ensemble est chaque jour plus évidente, l’organisation d’un mouvement de grève générale
reconductible doit être au centre de nos préoccupations même s’il ne se décrète pas. Il est de notre devoir de veiller à son avènement, et la constitution d’équipes syndicales
combatives, ainsi que l’organisation des précaires, participent à cet objectif. Nous ne saurions prévoir quand ce mouvement aura lieu, mais c’est en nous y préparant que nous serons en
mesure de le mener à bien.
Il fut un temps où le syndicalisme pouvait se contenter de gérer les CE en proposant aux travailleurs des vacances ou des loisirs
bon marché. Aujourd’hui, c’est de la survie même des familles ouvrières qu’il s’agit. Ces activités, laissons-les aux syndicats réformistes et d’accompagnement. Disposer d’élus de combat est bien
plus important pour les salariés.
Dans les entreprises notre rôle est d’informer les travailleurs sur les problèmes de la boite, mais aussi sur les grandes
questions d’actualités. Nous devons mettre en place des équipes qui diffusent la presse syndicale à la porte des entreprises quand cela ne peut être fait de l’intérieur. En instruisant les
salariés, nous contrebalancerons l’information des médias au service du patronat, lesquels laissent les travailleurs sans réelle vision qu’un autre monde est possible et qu’il n’y a pas de
fatalité. Il faut aussi que les revendications entrent dans les entreprises pour quelles deviennent celles de toutes et de tous : le Smic à 1600 euros, l’interdiction des
licenciements, le droit à la retraite pleine et entière à 60 ans, le retour aux 37 annuités dans le public comme dans le privé, etc…
Dans le combat contre la classe capitaliste, les travailleurs doivent montrer les dents pour se faire respecter, L’Union
Locale CGT de Tourcoing ne sera pas une muselière.
Voila les grands axes qui devraient guider notre action tout au long des prochaines années, avec le concours actif de l’ensemble
des syndicats et syndiqués.
17 juin 2010