Vendredi 2 décembre 2011
Solidarité internationale avec les travailleurs des "Aciéries grecques" (Helliniki Halivourgia)
Nous n'avons pas parlé pour l'instant sur ce blog de la crise grecque (et c'est une grosse lacune liée à la difficulté de trouver des informations fiables et intéressantes), tant la crise de la dette et la concurrence entre monopoles devient féroce et sans pitié. Oui, la solidarité internationale doit prendre de plus en plus d'importance, au concret, au quotidien, au delà des simples messages de solidarité.
Nous publions ci-dessous une déclaration de la communauté militante grecque en France, en soutien à la grève des travailleurs
des Aciéries Grecques, déclaration que nous soutenons sans réserve.Une collecte sera prochainement organisée.
Depuis le 1er novembre 400 travailleurs des « Acéries grecques » (Helliniki Halivourgia) sont en grève, après avoir refusé
la proposition du patronat qui consistait soit à la suppression de postes et à des licenciements, soit à la réduction des salaires « afin d’éviter les licenciements ». Une proposition similaire à
celle imposée par Fiat à ses ouvriers il y a quelques mois. L’assemblée générale des travailleurs de Helliniki Halivourgia n’a accepté aucune des deux propositions et la direction a décidé de
licencier 34 travailleurs. Leur réponse a été la grève, qui continue aujourd’hui, même si la direction a essayé de faire d’autres propositions, comme par exemple de réembaucher les licenciés en
intérim. Ils ne l’ont pas accepté...
La lutte des travailleurs de Helliniki Halivourgia, surtout dans la situation actuelle de crise, de chômage et de précarité, n’est
pas juste « une autre lutte », elle incarne en ce moment la lutte de toute la classe ouvrière. Les travailleurs montrent qu’ils se battent ensemble, sans les fausses divisions entre « licenciés »
et « non-licenciés ». Ils ont conscience du fait que leurs intérêts sont communs et opposés à ceux de la direction de l’entreprise. Comme ils le disent dans leur communiqué du 17 novembre « nous
sommes en grève, comme un poing, pour le 16ème jour. Et nous continuons ! Nous ne reculons pas, nous avons choisi le chemin de l’honneur et de la dignité, pour défendre le pain et l’avenir de nos
enfants ». Il s’agit d’une lutte qui n’a pas d'autre choix que de gagner…Sa victoire sera une victoire de tous/tes les travailleurs en Grèce et ailleurs.
Plusieurs messages de soutien arrivent du monde entier : des syndicats d’Argentine, du Chili, de Russie, ou d’Espagne,… et bien
entendu des syndicats, des lycéens et des étudiants grecs. Les actes de solidarité dans le pays se multiplient : des travailleurs d’une usine de production de lait (Mevgal) ont apporté du lait
aux grévistes, des retraités, des lycéens et des étudiants ont symboliquement offert de l’argent à la caisse de solidarité des grévistes, beaucoup d’anonymes apportent leur soutiens financier,
matériel ou tout simplement moral.
Nous aussi, nous exprimons notre soutien et notre pleine solidarité avec les grévistes de « Helliniki Halivourgia » !
Leur lutte est la nôtre aussi !
Leur victoire sera aussi à nous !
Initiative des étudiants et des travailleurs grecs de Paris, …
Contacts : solidarite.acieriesgr@gmail.com
[Mise à jour 6 décembre - trouvé sur le site de l'OCL]
Message des grévistes des « Helliniki Halivourgia » (« Aciéries Grecques ») à la classe ouvrière
Décision de l’Assemblée Générale des travailleurs des « Aciéries Grecques », prise mercredi 30 novembre.
À la classe ouvrière, au peuple travailleur :
Collègues, diffusez notre message : les travailleurs de l’acier ne se rendent pas !
Depuis les portes des « Aciéries Grecques » nous écrivons ensemble une page de plus dans le grand livre des luttes de notre peuple. Les associations syndicales, les chômeurs, le peuple pauvre,
les étudiants, les élèves, tous vous nous donnez une aide matérielle qui vous fait défaut, du salaire que vous ne percevez pas, de l’allocation de chômage qui ne vous arrive pas. Vous nous donnez
force et ténacité ! Nous sommes dans une grève dure depuis un mois et nous continuons.
Nous avons brisé le mur du silence, nous avons démontré que nous les ouvriers, nous avons beaucoup de force. Les propriétaires des usines sont préoccupés, le propriétaire de l’aciérie, Manesis,
bien que terrifié, n’est pas seul. Ils le soutiennent parce qu’il joue le rôle du lièvre. Si les mesures passent dans les « Aciéries Grecques », alors les portes seront largement ouvertes pour
qu’ils ne laissent plus rien debout. S’ils nous cassent ici, rien ne sera plus pareil dans les autres entreprises.
Ne faites pas attention aux mensonges des patrons des usines et de leurs laquais. Eux, ils ne vont pas travailler à l’usine pour des miettes. Ils sont bien payés pour leur sale besogne. Comme les
« visites » aux domiciles, les « lettres » et le terrorisme des documents extrajudiciaires sont tombés dans le vide, ils poussent maintenant le ministère du Travail pour qu’il nous « conseille »
: « Vous acceptez les conditions de Manesis, sinon vous serez tous chômeurs ». Ils nous menacent avec 180 licenciements de plus !
Messieurs les industriels, vous faites erreur. Nous n’avons pas dit notre dernier mot ! Nous sommes comme un poing. Prêts pour la lutte de classe la plus dure ! Nous ne retournons pas dans le feu
et le fer pour 500 euros. Que soient déjà réintégrés nos 34 compagnons licenciés !
Notre lutte concerne tous les travailleurs. Les derniers développements sont révélateurs. Les patrons utilisent les dernières lois du gouvernement des partis PASOK - Nouvelle Démocratie -
Karatzaferis [1]. Ils imposent le travail par roulement, ils éliminent les conventions collectives, ils réduisent les salaires à 450 - 500 euros. Partout où les travailleurs ont reculé,
l’offensive patronale a été plus forte. Et elle s’est traduite par des licenciements, par l’intensification du travail, jusqu’à la fermeture des entreprises, avec les travailleurs ne percevant
plus rien pendant de nombreux mois.
Il y a milliers d’exemples, nous en avons tous l’expérience. Les industriels ont fermé leurs maisons mais pas notre lutte pour l’emploi. Notre pain, nous le défendons avec la lutte, pas avec des
suppliques.
Collègues de travail, ouvriers, les mesures se généralisent, les travailleurs de la sidérurgie ne sont pas les seules cibles, nous sommes tous visés. Le moment est venu où la lutte dans les
usines doit prendre comme le feu. Maintenant, votre participation au combat n’est pas une question de solidarité, c’est une question vie ou de mort pour toute la classe ouvrière. Négligez les
laquais des patrons, ne vous inquiétez pas, ils sont impuissants quand les travailleurs décident.
Appelez à des assemblées générales, contactez-nous, décidez de la grève.
Il est l’heure que les patrons reçoivent un message clair, que seule la lutte des ouvriers peut leur donner.
Tous dans la lutte. La victoire sera la nôtre.
L’assemblée générale des ouvriers des « Aciéries Grecques »
Aspropyrgos, Athènes, 30 novembre 2011.
[1] Leader du parti d’extrême droite qui participe au dernier gouvernement