Jeudi 13 mai 2010
Sans-papiers : sept mois de lutte et l'été approche...
Tous les articles sur la lutte des sans-papiers : ICI
En parallèle avec le mouvement gréviste, les collectifs regroupés avec la CSP75 autour du Ministère de la Régularisation de Tous les Sans-Papiers (occupation de la rue Baudelique) ne restent pas inactifs.
Depuis le 3 Mai, ils ont entamé une marche vers Nice, via Lyon et Marseille.
Parce qu'il y aura là-bas du 24 mai au 1er juin une réunion internationale des chefs d'États africains concernant le cinquantième anniversaire des indépendances des anciennes colonies françaises...
Toutes les informations au quotidien sur le site du Ministère.
Depuis sept mois de grève, rien ne bouge malgré les déclarations optimistes des 11 organisations et syndicats qui
ont déclenché les mouvements d’occupation. Les promesses de rendez-vous avec les ministères se succèdent. Vendredi 14 une réunion est prévue avec le ministère de l’immigration et le ministère du
travail rue de Grenelle, avec les Onze, mais toujours sans représentant des sans-papiers.
La CGT appelle à un rassemblement à 9 heures métro Varenne (ligne 13). En sortira-t-il autre chose que des promesses pour gagner du temps ? Le gouvernement sait que le temps joue contre la
lutte.
Les grévistes sans papiers sont de plus en plus inquiets. Ils ne comprennent pas où veulent les conduire ceux qui, dans la CGT, dirigent le mouvement et qui refusent que les travailleurs sans
papiers décider de quoi que ce soit. Mais Chauveau et Francine Blanche savent-ils eux-mêmes, où ils vont ?
A Creil, Joinville ou Aubervilliers, des militants CGT ont accepté de déposer des dossiers de travailleurs sans papiers, subissant les foudres de Chauveau et de Francine Blanche, menacés
d’être « exclus » du « mouvement national » des sans papiers, on se demande de quel droit suprême, provoquant en tous les cas des confrontations très violentes. Certains soutiens
politiques, militants, maires ou élus de gauche, prennent prétexte de cette « exclusion » pour refuser leur appui à ces grévistes. Malgré cela, des militants de la CGT et du PCF, voire du
PS, en désaccord avec cette attitude persévèrent dans le soutien aux sans papiers. Il y a donc bien deux voies dans la CGT sur cette question.
Contrairement à ce que disent les deux prétendus « représentants » du mouvement, le mouvement qu’ils dirigent n’est pas un « mouvement national », mais seulement un mouvement parisien. Dans les
Yvelines (78), la CFDT, la CGT, la LDH, RESF …, c’est à dire les mêmes qui participent au mouvement sur Paris, déposent des dossiers de demande de régularisation en préfecture. Précisément ce que
se refuse à faire la CGT sur Paris. Il n’y a donc pas un « mouvement national » de la CGT, mais une lutte nationale des SSPP qui prend de multiples formes, avec le soutien ou pas des syndicats,
avec ou sans collectifs. Divisée, cette lutte reste faible. Sa force, c’est à dire son unité, reste à construire.
La situation est très dure pour les sans papiers qui sont sans ressource et tiennent surtout par la solidarité des foyers. Malgré cela, beaucoup d'entre eux sont contraints de reprendre un
travail pour faire face aux besoins de leur famille qu’elle soit ici ou au pays. Les dirigeants actuels du mouvement refusent d’envisager le dépôt des dossiers, espérant toujours une nouvelle
circulaire… dont on ne voit pas ce qui pourrait pousser le gouvernement à l’émettre. Circulaire qui, de toute façon rappelons-le contre les mensonges des Onze, n’aurait aucun caractère
contraignant pour les préfets qui conservent dans ce cas leur pouvoir « discrétionnaire », qui est un pouvoir arbitraire. Seuls une loi ou un décret seraient d’une application impérative. Depuis
le début du mouvement ils demandent une « circulaire », en sachant pertinemment qu’elle ne peut pas être « juste », « harmonisée » et « apaisée » comme ils nous le chantent…
Enfin, le gouvernement durcit son attitude se sachant en position de force et cherche à désamorcer le mouvement. Ce que nous avons constaté sur le terrain, c’est que sur 100 dossiers déposés, en
moyenne, 50 sont acceptés et 50 sont rejetés avec une OQTF. Il y a donc effectivement un risque à déposer des dossiers (c’est d’ailleurs un argument de la CGT pour refuser de le faire), mais il y
en a encore plus à ne pas les déposer. Car le temps joue contre les sans papiers, et demain, si la crise s’approfondit ce qui est probable vu la déroute financière des états, ce sera encore plus
difficile.
Les travailleurs sans papiers ne restent pas passifs. Dans l’intérim, ils font la chasse aux cerfas, sans que la CGT n’intervienne dans ces mobilisations. Sauf… Mardi 11. Les intérimaires avaient
prévu d’occuper le siège d’une grosse boite d’intérim. Cela contre l’avis du militant CGT qui les suit. Hier matin mercredi, Chauveau a participé à la réunion des délégués intérimaires pour les
dissuader d’intervenir contre cette société… justement parce qu’elle fait partie des entreprises sur laquelle il compte pour imposer au gouvernement de changer de politique !! On préfère la
collaboration de classe au rapport de forces, l’approche « commune » avec une partie de la bourgeoisie à l’indépendance de classe !
Les sans papiers ont la conviction qu’ils doivent sortir de cette impasse. Sortir de cette impasse, c’est construire un mouvement coordonnant touts les sans papiers actuellement en lutte (sans
exclusive aucune composante) pour la régularisation de tous. Si cette unité se construit, nul doute qu’elle sera renforcée par la venue de milliers d’autres sans papiers. Eux seuls peuvent
décider des modalités de cette coordination. L’enjeu en est la régularisation de tous les sans papiers.