Voici un compte rendu pour RESF écrit par une militante connue pour son alignement constant sur les positions officielles du mouvement (et donc de la CGT). On n’y trouvera donc pas de franche critique et quelques gros mensonges… et on ne peut pas vraiment dire que c'est "le point de vue des militant(e)s de RESF".
Cela dit, on y trouvera en filigrane toute une série d’interrogations sur l’état actuel des choses. Pour qui sait lire entre les lignes, on y retrouve tout ce que nous disons depuis le début du mouvement...:
- Le mouvement ne se renforce pas
- Le moral n’est pas au beau fixe et les grévistes se demandent « où on va »
- L’information ne circule pas
- Beaucoup de souhaits sur l’élargissement et le soutien financier.
3 mois et demi de grève et 6000 grévistes encartés.
Le temps pèse sur le moral comme sur la situation financière des grévistes.
Le déficit de communication génère des rumeurs insensées : tel gréviste serait déjà régularisé, tel piquet aurait déposé collectivement les dossiers en préfecture, l’argent de la caisse de grève ne serait pas redistribué, etc.
Pourtant, le rapport de force continue à se construire [NdlR : belle formule floue, mais FAUX] et il est plus que jamais nécessaire que les grévistes « tiennent ».
Rencontres avec les associations
Depuis quelques semaines, des associations soutenant le mouvement ont exprimé leur désir d’une rencontre avec les onze. Lundi 18, une réunion était organisée où ont été invitées les associations s’étant déjà signalées par la signature de la pétition ou par le soutien qu’elles avaient apporté au meeting du 14 décembre.
Ce sont déplacés le MRAP, le centre culturel Kurde Ahmet Kaya, l’ACTIT et l’ASSAF.
Le MRAP, qui apporte déjà une aide concrète sur Paris, demande une meilleure information sur l’évolution de la situation.
Les associations de travailleurs immigrés font part de leur désir mais aussi de leur difficulté à s’insérer dans le mouvement de grève car pour les Turcs Kurdes comme pour les Algériens, leurs patrons appartiennent à la même communauté, sont des voisins, des amis voire des membres de la famille.
L’exclusion des mesures de régularisation dont sont victimes les algériens, malgré leurs nombreuses luttes passées, serait à l’origine de leur démobilisation, explique un des membres de l’ASSAF.
Quant au Collectif d’associations Turque-Kurde, domicilié rue Baudelique , il regrette de n’avoir pas pu convaincre les autres occupants, les CSP, de rejoindre le mouvement de grève.
Après ces échanges, reste à savoir si ces communautés en tant que telles vont se mettre en grève....
Ministère du travail et patronat
Une rencontre officielle entre le ministère du travail et les Onze n’est pas encore fixée.
Contact a été pris avec le président de la CGPME. Il se dit favorable à la régularisation des travailleurs sans-papiers et fera savoir sa position sur le site de l’organisation afin d’encourager tous ses adhérents à remplir les contrats de travail cerfa des employés en situation irrégulière. Même son de cloche de responsable à Véolia.
Il faut noter que les notions de compétitivité ne sont pas étrangères à ces positions : l’entreprise qui emploie le plus de sans papier est aussi celle qui casse les prix et donc pique les marchés aux autres !
Les référés et évacuations continuent
L’évacuation la plus notable est celle de l’ADEC, rue de La Pérouse dans le XVI° arrondissement de Paris. Les grévistes qui ont participé mercredi dernier à la conférence de presse à l’Assemblée nationale où ils avaient travaillé - pour le compte de Bouygues - étaient issus de ce piquet : un hasard ? Lors de l’expulsion du site, un syndicaliste a eu une cote fêlée, un gréviste frappé puis embarqué.
Popularisation, médiatisation
Les médias toujours aussi timides pour couvrir l’actu concernant le mouvement de grève n’étaient pas nombreux lors de la conférence de presse du mardi 26 janvier, qui se tenait, il est vrai, sur un chantier Bouygues, à Massy (91). Puissance du propriétaire de la 1ère chaine de télévision et annonceur incontournable n’y sont pas pour rien dans cette frilosité médiatique.
Heureusement, le texte « Ferme ta bouche t’es sans papiers » signé de 30 personnalités (dont celles qui étaient à la « galette ») a bien été publié dans Liberation le 26 janvier.
Jeudi 28 est organisée une marche des travailleuses sans-papiers à Paris.
Différents comités de soutien locaux organisent rassemblements, manifs, et concerts de soutien.
Les comités de soutien
Pièces essentielles dans ce mouvement [NdlR : FAUX, ce sont les grévistes eux-mêmes, bien sûr !], ils souffrent d’un déficit d’information et, avec les grévistes, se demandent « Où on va ».
Lundi 25 était organisée une réunion entre les Onze, des comités de soutien et des grévistes. Ce premier échange - qui aurait dû, de l’avis de tous, avoir lieu plus tôt - a rassemblé plus de 100 personnes. Questions-réponses, réalités de terrain et initiatives souhaitées ont fusé.
En vrac :
Oui, certains grévistes - peu nombreux - ont parfois repris le travail, quelquefois pour un ou deux jours afin de s’acquitter des dettes accumulées.
Non, il n’y a aucun gréviste régularisé à ce jour.
Certains dossiers ont été effectivement déposés mais cela concerne les grévistes du mouvement de l’an dernier.
L’autorisation provisoire de travail délivrée dès que le dossier est déposé n’est pas une garantie de régularisation, pas plus qu’un récépissé.
30 000 euros ont déjà été reversés aux grévistes et cela va continuer, d’où l’importance d’abonder la caisse de grève centrale.
On se trouve bien ici dans un conflit du travail.
A été souhaité une grande manifestation en soutien au mouvement, le passage de Bernard Thibaud sur les piquets de grève, l’organisation d’un grand gala de soutien, la multiplication des comités de soutien dans toute la France pour informer, mobiliser et récolter des fonds, du matériel de propagande (affiche, bulletin régulier, journal des grévistes, etc.), une liste de diffusion pour coordonner l’action des différents comités, etc.
Plus que jamais les grévistes ont besoin du soutien politique, moral et financier de la plus grande partie de la population. On peut effectuer un don en ligne.
Enfin, détail de la soirée : le don de RESF à la caisse de grève a été applaudi. (C’est du reste le seul moment où il y a eu des applaudissements)