Nous l'avions annoncé, l'acte II du mouvement de régularisation des sans-papiers a été lancé aujourd'hui.
Un bref communiqué de la CGT informe de l'entrée en lutte simultanée d'un millier de camarades sans-papiers sur la région parisienne.
Il ne s'agit pas que d'un communiqué. Après des réunions de préparation, comme dans le 94 (150 personnes après appel dans les foyers), le 93 (une réunion à Bobigny le 4 octobre) et une réunion de 2500 personnes hier à la Bourse du Travail de Montreuil, les camarades sont rentrés en grève et ont commencé à occuper des entreprises et des lieux symboliques. 27 lieux d'occupation sont annoncés, sans qu'il soit possible pour l'instant d'en dresser la liste précise.
Le chantier du tramway est occupé Porte des Lilas. Les camarades du BTP occupent la fédération patronale. Les camarades du nettoyage se retrouvent Porte de Champeret, ceux de la restauration à l'institut de formation. Les intérimaires se retrouvent rue de Rome pour occuper trois agences, ils étaient si nombreux qu'ils auraient pu en occuper le double. Sans compter les conflits qui se poursuivent depuis des mois, comme les vigiles de Monoprix à Strasbourg Saint-Denis, ou de Addeco Magenta.
En gros, le choix a été fait de regrouper les camarades par corps de métier pour toucher à la fois les entreprises, et des secteurs symboliques permettant de regrouper les camarades isolés dans leurs toutes petites boîtes. Ce choix en vaut un autre, à noter qu'il est compliqué à gérer pour les collectifs locaux qui regroupent sur un secteur géographique des sans-papiers de métiers très différents.
Il y a de nombreuses différences notables avec l'acte I (le mouvement de grève lancé le 15 avril 2008), et on peut le comprendre. Quelque part, c'est le bilan d'un échec qui a été tiré, pour une part au moins.
- échec de la stratégie de pression sur un gourvernement qui ne comprend que le rapport de forces. Là le mouvement est parti pour prendre immédiatement de l'ampleur, d'autant que les camarades rentrent en lutte avec l'énergie du désespoir.
- échec de la stratégie des grèves symboliques dans des entreprises symboliques. Seulement 1500 à 2000 régularisations sur un an et demi, c'est misérable. Là le mouvement démarre d'emblée sur une base générale, y compris en regroupant les camarades isolés autour d'objectifs symboliques (chambre patronale par exemple). Quelque part, le bilan désastreux de l'occupation de la Bourse du Travail et de son évacuation musclée est là.
- échec du contrôle total de la CGT sur le mouvement. Cette fois, c'est un mouvement intersyndical ouvert aux associations qui est lancé. La CGT apporte son appui et son soutien - rien de plus de précisé... Quelque part le sentiment que la CGT ne veut pas être la seule à porter le chapeau... Quelque part aussi que le caractère intersyndical et spectaculaire de l'action de nos camarades remplit le vide des journées d'action bidon...
Mais l'acte II repart aussi sur les mêmes bases pourries que l'acte I, et il faut le dire : la régularisation sur critères, à partir de la loi Hortefeux. Le communiqué de la CGT est extrêmement discret sur la question, il ne cite qu'une partie du courrier envoyé à Fillon. Mais pas celui sur les critères Hortefeux !!! La citation du communiqué ne parle que de critères "améliorés, simplifiés, harmonisés"... plus vague et flou tu meurs !
Les camarades de la CGT investis dans le soutien aux sans-papiers et qui se retrouvent dans ce blog doivent absolument se saisir de cette nouvelle offensive.
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Il faut élargir le plus possible le mouvement, et en particulier en province. Personne ne parle
d'élargissement de la grève, de grève générale des sans-papiers, c'est pourtant dans ce sens qu'il faut avancer. Donc mettre toutes nos forces dans ce combat. Nous savons que nombre de
camarades en régions sont attentifs à cette question, voilà l'opportunité !
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Il faut aller à la bataille, sans hésitation, car
c'est le moment. Mais avec prudence, vigilance et méfiance, car nous avons déjà été trompés une fois par la direction de la CGT. Nous
avons deux batailles à mener en même temps, en fait c'est la même :
- celle contre le gouvernement Sarkozy/Fillon/Besson
- celle pour la régularisation sans condition de tous les sans-papiers, ce qui veut dire refus de tout critère et de toute sélection au cas par cas. - Pour l'instant, seuls les camarades sans-papiers sont véritablement mobilisés, et les militants de la CGT et du soutien sont rares sur les piquets. C'est une malchance et une chance. Une malchance, car on a toujours besoin de soutien. Une chance, car c'est l'occasion pour les camarades sans-papiers de prendre vraiment eux-mêmes leur lutte en main, en toute autonomie. Ne ratons pas l'occasion !
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Dans la direction de la lutte, la démocratie et la participation la plus large doivent être respectés. Il ne
suffit pas de nommer des délégués et de leur faire confiance. Si c'est pour qu'ils fassent ensuite le boulot de la CGT, même pas la peine ! Il faut des délégués, oui. Mais il faut aussi des
assemblées, des discussions ouvertes, des décisions prises par tous et toutes en connaissance de cause. Ce sont les papiers, les emplois de tous et chacun qui se jouent dans la grève
!
Mais ce combat est celui de toute la classe ouvrière, classe internationale et multinationale !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !
Une seule classe ouvrière, mêmes ennemis, même combat !