Jeudi 27 janvier 2011
Rumeurs autour d'un départ de Bernard Thibault
Un article du Parisien (sauvegardé ci-contre) a mis le feu aux poudres ce matin. Bernard Thibault, déprimé et fatigué, serait sur le départ avant la fin officielle de son mandat au 50ème Congrès Confédéral.
Information évidemment immédiatement démentie par l'intéressé sur le site de la CGT (également sauvegardé ICI). Mais information néanmoins confirmée par le Parisien, allez savoir...
Ce n'est pas la première fois que de telles information paraissent, et il y a dans l'article du Parisien un amalgame d'informations syndicales, people et d'hypothèses douteuses effectivement assez invraisemblable. Ca ne fait pas très sérieux.
Cela dit, au delà de la réponse rituelle de complot pour déstabiliser la CGT (il faut bien resserer les rangs !) il faut regarder quand même cet article, pour ce qu'il y a.
- Le constat de l'échec du mouvement sur les retraites. C'est la vérité la plus stricte, et plus fondamentalement c'est l'échec de la stratégie de la Confédération, nous l'avons dit à de multiples reprises. L'échec du mouvement syndical comme moyen de collaboration conflictuelle avec les institutions patronales ou gouvernementales. Thibault a effectivement joué pendant des mois la carte de Sarkozy en imaginant pouvoir ainsi grapiller des miettes. Tristes résultats, qui ont mené au refus d'aller aux voeux de l'Elysée, refus tout symbolique et qui ne mange pas de pain, mais très révélateur des déceptions confédérales.
- Le constat du recul de la CGT aux élections professionnelles de l'après mouvement sur les retraites. Il y a quelques contre-exemples (une belle progression à PSA à Sochaux sauvegardé ICI, et également à PSA Rennes), mais dans l'ensemble il y a un certain recul qui enfonce le clou de l'échec. A force de vouloir être le cul entre deux chaises, ni vraiment réformiste en plein comme la CFDT, FO ou l'UNSA, ni vraiment radical comme certains (pas tous !) SUD, on perd sur les deux tableaux, selon les circonstances et les contextes. Mouvement renforcé par les situations locales et les changements d'équipes syndicales.
A la RATP, c'est SUD qui progresse au détriment de la CGT (sauvegardé ICI). Dans les industries électriques et gazières, c'est la CGC et la CFTC qui progressent. A la Poste, ce sont à la fois la CFDT et la CGC d'un côté, SUD de l'autre qui progressent (désolé de ne fournir qu'un lien de SUD, on a vainement cherché à la CGT...). A PSA Aulnay, c'est SUD qui progresse, sur des bases assez incertaines. Et ainsi de suite.
- Le conflit récurrent au sein du personnel du siège à Montreuil, où la Confédération se comporte littéralement en patron voyou, comme d'ailleurs cela avait été illustré dans les CE qu'elle peut gérer. A Montreuil, un mouvement de grève avait déjà eu lieu en décembre (voir l'article du Monde de l'époque, ICI) et aujourd'hui rien n'est réglé - si l'on en croit le journaliste du Parisien...
- On pourrait rajouter l'échec cinglant du mouvement de grève des sans-papiers, piloté de A à Z par la Confédération et qui produit aujourd'hui des résultats littéralement calamiteux.
Alors, Thibault a-t-il le moral ou pas ? Est-il fatigué ou pas ? Part-il ou pas à la fin de l'année ? Franchement on s'en fout. Et son remplacement par Nadine Prigent, Eric Aubin, Mohammed Oussedik, Frédéric Imbrecht ou n'importe qui ne changera pas grand'chose à l'affaire.
La question c'est celle de la stratégie de la CGT, celle de sa CFDTisation, et donc, celle de la constitution d'une véritable opposition syndicale de classe en son sein.
Encore et toujours les mêmes enjeux...