Lundi 15 juillet 2013
Retraites : il faut préparer une rentrée de lutte, mais ça va être compliqué !
Trois ans après le mouvement de 2010, nous voilà dans une situation presque similaire. Un été de négociations souterraines pourries, mais où on nous a déjà annoncé la couleur : une nouvelle détérioration des conditions de départ à la retraite...
Cette fois, puisqu'on a changé de gouvernement (?), soi-disant on ne touche pas au symbole de l'âge de départ. Juste on augmente
la durée de cotisation nécessaire pour une retraite complète; avec le choix : partir plus tard pour avoir les trimestres, ou partir normalement mais avec une retraite amputée... Les femmes
de ménage à temps pareil, les ouvrier(e)s à la chaîne de PSA ou de l'agroalimentaire, les maçons des chantiers du BTP apprécieront.
La CGT est sur le pied de guerre, et annonce une grosse mobilisation, journée d'action fourre-tout dès le 10 septembre à l'appui. Le thème est désormais connu : "Le MEDEF ne fera pas la loi", le même refrain qu'on nous a déjà chanté lors de la mise en place de l'ANI pourri. On devrait retenir la leçon, non ? Le gouvernement fait passer les projets du patronat - et c'est ce qui va se passer pour les retraites...
L'idée, c'est la même qu'en 2010 : imaginer établir une pression syndicale suffisante pour contrebalancer la pression patronale et faire ainsi pencher le gouvernement du "bon" côté. Avec le secret espoir que ce qu'on a raté face à Sarkozy, on le réussira face à Hollande puisque lui, est "de gauche"...
Double fatale erreur : 1) Hollande est le représentant d'un gouvernement social-démocrate élu pour gérer la crise capitaliste en
s'appuyant justement sur les syndicats qu'il sait caresser dans le sens du poil 2) le gouvernement ne penche pas au gré des rapports de force, il n'est jamais neutre mais le représentant d'une
classe au pouvoir - en l'occurence les exploiteurs. Et s'il y a des nuances avec le précédent, elles sont infimes on a pu l'apprécier sur l'emploi, les sans-papiers et aujourd'hui les
retraites.
La situation, c'est la même qu'en 2010, à deux [très gros] détails près :
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On a perdu la première bataille, justement il y a trois ans, le bilan n'est pas tiré, et cela va lourdement peser dans la
mobilisation.
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On a un gouvernement "de gauche", et on peut être absolument certains qu'à la différence de 2010 où beaucoup voulaient la peau
de Sarko, nombre de syndicats et de syndicalistes ne voudront pas mettre Hollande en danger - y compris dans nos rangs, même s'ils se font discrets.
Ca ne s'annonce pas facile, alors même que l'attaque va être violente... Un cran au delà de la précédente, alors justement que les prolétaires commencent seulement à subir les effets de la réforme Fillon/Sarkozy.
Le débat est lancé dans la CGT, et l'idée qui fait son chemin, c'est qu'il faut suivre la voie entamée en 2010 avec le blocage des raffineries pour aller vers le blocage général de la production.
C'est le sens d'un rapport de l'UD de Paris pour la CEC du 4 juillet (ci-contre), qui pose clairement l'enjeu à partir d'un
bilan de 2010 : "Bloquer l’économie et empêcher les boîtes de faire des profits est le seul moyen de contraindre gouvernement et patronat à négocier.". Voilà qui mérite discussion... au
minimum !!! Sachant qu'il faudrait aussi préciser ce qu'il y a à négocier...
En attendant la rentrée et pour préparer dans les meilleures conditions la lutte qui s'annonce, nous invitons nos lecteurs à relire les articles de ce blog sur
Le conflit sur les retraites de 2010
Et en particulier :
"Retraites, penser plus loin que le bout de son nez" (11 janvier 2010)
"Retraites : quelques questions, quelques réponses" (21 avril 2010)
"Retraites : les quatre enjeux de la rentrée" (29 août 2010) - celui-là, on pourrait presque le
recopier tel quel pour cette rentrée 2013 !
"Retraites : comment avancer en ces temps incertains" (7 octobre 2010)
Mais on peut prendre le temps de lire tous les articles, il y a de quoi s'alimenter...