Mardi 27 septembre 2011
PSA : une déclaration de guerre contre l'emploi
Nous reprenons aujourd’hui le titre des divers tracts diffusés par la CGT dans le groupe PSA, à l’issue du CCE extraordinaire
qui s’est tenu la semaine dernière, autour de la GPEC, la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences. La GPEC, vous savez, ce truc où on tente d’embarquer les syndicats dans la logique des réductions d’effectifs, des plans sociaux et des
licenciements, au nom des contraintes du marché et de la concurrence.
Suite aux révélations de la CGT l’été dernier, on imaginait que le scandale allait mener la direction à un peu de prudence, en attendant les élections présidentielles, histoire de ne pas
mettre de l’huile sur le feu pour ménager le gouvernement.
Depuis, il y a eu le plan social à PSA Madrid, annoncé début septembre et toujours
en cours de négociation (jusqu’au 6 octobre) basé sur un sureffectif de 383 personnes, avec chômage technique, suspensions temporaires de contrats, mobilité et mutations… En Espagne, il n'y a pas
les mêmes contraintes politiques qu'en France !
Mais voilà que la direction de PSA n’en reste pas là, et envisage carrément la diminution de l’effectif du groupe de 10% en France, par suppression des
emplois intérimaires et autres mesures. D’ores et déjà, 300 suppressions d’intérimaires à Aulnay plus 115 suppressions d’emplois (en plus des 165 qui ont déjà eu lieu), 185 suppressions de postes
à Melun avec licenciements secs si refus de mutation.
C’est la fébrilité dans le groupe et l’inquiétude parmi les salariés, on le serait à moins.
Les camarades
de la CGT PSA La Garenne ont réagi en faisant le lien entre toutes les usines concernées, en particulier Aulnay, Sevelnord et Madrid (voir le tract ci-joint).
Par contre, on est plus que déçu du communiqué de la CGT du groupe :
« La direction vient d'annoncer 500 suppressions d'emplois de CDI et des centaines d'intérimaires sur 3 mois :
180 licenciements secs sur le site de Melun (usine de pièces détachées en cours de fermeture) si les salariés refusent les mutations
forcées.
Sur Aulnay, 115 suppressions d'emplois de CDI, et 300 sur les 350 intérimaires. C'est une nouvelle étape de l'application du plan de
fermeture de l'usine d'Aulnay qui confirme les propos de M. Varin affirmant qu'il n'y aura plus de production après 2014.
Pour la CGT, ces annonces sont un véritable scandale national. Après avoir bénéficié des milliards d'aide public qui ont permis à PSA de
s'enrichir en traversant la crise, après avoir mis 11 milliards de côté, PSA demande encore de nouveaux sacrifices aux salariés. Il ne peut y avoir un double discours : d'un côté demander aux
salariés de perdre leur travail et de l'autre claquer 200 millions € en rachat d'actions PSA.
Tout cet argent serait mieux utilisé socialement en maintenant les emplois plutôt que d'être mis dans la spéculation
boursière.
Jean-Pierre Mercier DSC CGT PSA »
Pas un mot sur Madrid, alors qu’il s’agit du même plan de
restructuration et que les camarades ont tous les détails du plan social sur l’usine espagnole (c’est nous-mêmes qui leur avons transmis la totalité des documents), et en plus cette référence à
la spéculation boursière qui n’a aucun sens, dans la mesure où la restructuration du groupe PSA est évidemment lié à la guerre économique mondialisée, et pas à une quelconque « mauvaise gestion »
spéculative…
Qui peut croire que PSA pourrait « mieux utiliser socialement l’argent pour maintenir les emplois » ?
De son côté, la CGT PSA Aulnay est tout aussi silencieuse sur le nouveau plan social à Madrid, alors qu'elle proteste à juste titre contre les nouvelles annonces du CCE et contre les attaques sur l'emploi contre Aulnay et Sevelnord... et qu'elle est également parfaitement informée de ce qui se passe en Espagne (voir les déclarations ICI, sur son blog, ou le tract ci-contre distribué à l'usine).
Scandale « national » ou scandale « international » ???
Comme le disent les camarades de La Garenne, l’heure est à la lutte commune, pour l’emploi, pour la réduction du temps de
travail et des cadences. L’heure est à nous organiser ensemble, contre la barbarie de l’exploitation, pour un avenir meilleur. L’heure est à la solidarité internationale et pas au repli
franco-français, et c’est pour cela que nous participerons au CITA en mai 2012, même si cela vient
percuter la période des élections présidentielles et législatives où on va pouvoir vraiment discuter à fond de la société qu’il nous faut (sachant que ce ne sont pas ces élections qui vont
changer grand'chose pour nous...).
Les suppressions d’emplois ouvriers à PSA entre 2002 et 2010
Pour le CCE de jeudi dernier, la direction de PSA a transmis toute une série de documents statistiques indigestes, comme d’habitude, mais on peut en retirer par croisement quelques informations intéressantes…
Sans rentrer dans le détail, on remarque :
- Que sur l’ensemble des usines en France, il n’y a eu que 154 licenciements économiques d’ouvriers…
- Qu’il y a par contre eu 1900 départs dans le cadre de plans sociaux
- Qu’il y a eu 3855 départs à la retraite
- 4274 licenciements pour « autres causes » (inaptitude ? longue maladie ? disciplinaire ? etc.)
- 4749 démissions
- 950 décès
Formidable, non ? Pratiquement pas de licenciement économique… quelle direction extraordinaire, alors que l’effectif global
ouvrier a diminué de 14 000 personnes en France et que chacun connaît la restructuration permanente qui sévit dans l'automobile.
Mais on trouve près de 9000 départs par démission ou licenciement « pour autre cause ». Nous on sait ce que c’est : la pression de la production, des petits chefs, le « nettoyage » des malades, les provocations qui se transforment en incidents, bref toutes ces méthodes bien rodées pour diminuer l’effectif officieusement sans faire de vagues…
Et puis il y a deux chiffres supplémentaires :
- 30 000 fins de CDD (oui, trente mille !!!)
- 5800 intérimaires de moins qu’en 2002
C’est l’illustration claire et nette de ce qu’on connaît bien dans ce secteur, la gestion de la crise par la précarité, la gestion
des effectifs en flux tendus via l'intérim et les CDD, selon les variations de la conjoncture, l’ouvrier(e) n’étant qu’une variable d’ajustement structurelle, au mépris de sa nature d’être humain
qui aspire à une vie normale pour lui ou sa famille.
Le capitalisme, c’est la barbarie. C’est ce que nous disons sur ce blog. Ça ne se réforme pas, ça se combat, et dans ce combat on
s’organise pour une autre vie, où nous pourrons travailler à une production utile, où nous pourrons en finir avec la précarité, avec le travail à la chaîne, les horaires de cinglés qui nous
détruisent le corps et le cerveau. C’est cela qui est à l'ordre du jour, à PSA comme ailleurs !