
La bourgeoisie se restructure, y compris à sa tête. Et à l'heure des regroupements public/privé (après GdF-Suez) il y a contradictions et enjeux sur la stratégie à suivre, pas tellement sur les personnes.
Proglio prend en main EdF tout en restant à la tête de Veolia, c'est le signe de ce rapprochement, que les monopoles capitalistes d'Etat se distinguent finalement fort peu des monopoles capitalistes privés... Et EdF a une longue histoire à ce propos !
Quoiqu'il en soit, l'affaire Proglio ne nous intéresse pas plus que cela, sinon par la réaction des syndicats.
L'intersyndicale de Veolia s'est fendue d'un communiqué (voir ci-contre) signé y compris par la CGT, "dénonçant avec vigueur la campagne de dénigrement du groupe, orchestrée au travers des attaques menées contre son ancien PDG". Et on a beau tenter des opérations de diversion pour ménager la CGT, la signature est bel et bien là (c'est quand même le DSC Veolia-Eau !) et on n'a toujours pas connaissance d'un démenti éventuel. Finalement, il n'y a qu'à téléphoner au signataire, il y a son téléphone...

Décidément, chaque jour qui passe rajoute à la misère de la veille. Ainsi donc, les syndicats CFDT, FO, CFTC, CGC, UNSA et CGT* du groupe VEOLIA Environnement se sont fardés d’un communiqué laconique, partisan [ci-dessus], dénonçant « le lynchage médiatique » dont serait victime leur pauvre Président, Monsieur Henri PROGLIO.
Le salmigondis syndical ayant pignon sur rue du côté de l’avenue Kléber n’a pas manqué l’occasion de se taire en s’invitant dans un débat dont la cause révulse non seulement les millions d’êtres humains de ce pays et d’ailleurs, assaillis par la précarité, le chômage, la pauvreté, les calamités naturelles, la faim, la soif… et la guerre, mais également tous les syndicalistes honnêtes, sincères et dévoués à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs par opposition à ceux de leurs exploiteurs.
Ainsi donc, les affidés de la rue Kléber, n’ont pas hésité à présenter leurs poitrines face aux « baïonnettes médiatiques » pointés sur l’amoralité de M. Henri Proglio, hier PDG du groupe monopoliste privé, Veolia Environnement, aujourd’hui PDG du groupe monopoliste publique EDF. Mieux encore ils avouent leur « neutralité » sur son double salaire dépassant les 2 millions d’euros par an, soit 1655 fois le SMIC que perçoit en moyenne l’écrasante majorité des salariés de Veolia Environnement.
Ce communiqué soulève des hauts le cœur dans un contexte de crise aiguë et de paupérisation extrême de millions de travailleurs.
Dans une de ses livraisons de novembre 2009, le quotidien Libération dépeint ainsi l’ex PDG de Veolia: « Homme de réseaux économiques et politiques, Henri Proglio sait également s’appuyer sur les représentants des salariés. Et au premier rang la CGT »… qui déclarait par la voix de son administrateur au conseil d’administration (CA) à propos de la double casquette EDF-VEOLIA de M. Proglio : « dans l’absolu ce n’est pas choquant, d’autant qu’il était déjà au CA d’EDF. »
Tout est dit ! Les érudits de la courbette et de la réunionite préfèrent verser des larmes de crocodiles sur leur façonneur que de se révolter contre le licenciement d’Evelyne Gaillet, déléguée syndicale du CGT-E Dalkia, harcelée, discriminée puis licenciée pour activité syndicale. Ils choisissent la chaleur de leurs bureaux feutrés de la rue d’Anjou dans le 8e arrondissement de Paris au soutien des deux dirigeants de SUD Energie qui ont fait 18 jours de grève de la faim, du 14 au 31 décembre 2009, pour la réintégration de deux syndicalistes licenciés pour faits de grève et dénoncer les atteintes aux libertés syndicales et la répression dont sont victimes de nombreux militants à EDF et GDF après le mouvement social du printemps dernier.
Ils ont tourné la tête devant le comportement abject de la direction de GrDF (GDF) qui les a isolés dans un local par une milice dédiée à cette mission. Ils ont fermé les yeux quand cette même direction a poussé l’infamie en leur interdisant pendant plusieurs jours l’accès aux toilettes et aux douches. Ils ont gardé le silence contre ces indignités qui ont contraint un gréviste à poursuivre son action sous une tente malgré le grand froid.
Mais jusqu’où iront-ils dans la compromission ? Ont-ils le droit d’agir de la sorte alors qu’ils disposent de la faculté de parler au nom de leurs mandants et des salariés qu’ils sont censés représenter sans avoir pris la précaution de les consulter préalablement ? Il appartient à ces derniers d’apprécier la portée du communiqué de la coalition syndicale de VEOLIA et les dividendes personnels qu’elle espère en tirer de son fourvoiement médiatisé.
* La CGT Veolia n’est pas à son premier essai. En 2007, ses dirigeants ont protesté vigoureusement contre le limogeage du DRH du groupe par M. Henri Proglio.