Lundi 11 juillet 2011
Procès Eternit/Amiante en Italie : le procureur requiert 20 ans de prison !
COMMUNIQUE DE PRESSE DE l'ANDEVA
Vincennes, le 5 juillet 2011
Un formidable encouragement à la lutte pour les victimes de l'amiante du monde entier
20 ans de prison pour le Belge Louis de Cartier de Marchienne. 20 ans pour le Suisse Stéphan Schmidheiny. Telles sont les peines
requises par le procureur Raffaele Guariniello, lors de la 51ème audience du procès de Turin contre ces deux hauts dirigeants de la multinationale de l'amiante-ciment.
Ils ont violé les règles de sécurité au mépris de la santé et de la vie des salariés des quatre usines de Casale Monferrato,
Cavagnolo, Rubiera et Napoli. Ils sont responsables d'une véritable catastrophe sanitaire environnementale qui a causé plus de 3000 victimes. 70% d'entre elles proviennent de la petite cité de
Casale, cette ville martyre de l'amiante, où l'on compte chaque année, entre 40 et 50 mésothéliomes (cancer rare, spécifique de l'amiante). 80% d'entre elles, n'ont jamais mis les pieds dans
l'usine. Ce sont des fibres d'amiante rejetées par Eternit sur le voisinage ou apportées à domicile par les vêtements de travail des ouvriers, qui les ont contaminées.
Si ce procès a pu avoir lieu, si la culpabilité des prévenus a pu être minutieusement démontrée, audience après audience, c'est
d'abord grâce à l'action courageuse et opiniâtre de l'AFEVA, l'association italienne de défense des victimes de Casale Monferrato et au soutien des organisations syndicales et des institutions
locales. Nous tenons à rendre hommage à Romana Blasotti Pavesi, Bruno Pesce et Nicola Pondrano, qui depuis trente ans ont été l'âme de ce difficile combat, marqué par tant de souffrances et de
deuils.
Avec ce réquisitoire, une étape a été franchie. La prochaine sera celle du jugement qui devrait être rendu avant la fin de
l'année. Il est attendu avec espoir et confiance par les familles de victimes de l'amiante italiennes (6000 parties civiles) et par celles et du monde entier, car l'enjeu du procès de Turin
dépasse les frontières de l'Italie.
Ni Schmidheiny ni De Cartier de Marchienne n'ont daigné assister à une seule des 51 audiences pour s'expliquer devant les familles
endeuillées par le poison qui les a enrichis. Si le jugement à venir suit réquisitions du procureur il montrera que les industriels ne sont pas au-dessus des lois et que la vie des ouvriers ne
doit pas être sacrifiée au profit de quelques uns.
Il n'est pas concevable qu'une catastrophe sanitaire d'une telle ampleur n'ait ni responsable ni coupable.
En France, où l'amiante fait près de 10 morts par jour, ce sera un formidable encouragement pour les victimes qui attendent un
procès pénal depuis quinze ans : un encouragement à réclamer des moyens supplémentaires pour les magistrats chargés de l'instruction, un encouragement à vaincre l'inertie du Parquet qui fait tout
pour retarder ce procès et en réduire la portée.
Ce qui est possible en Italie doit l'être en France.
Face aux multinationales, qui continuent à semer la mort en exportant l'amiante dans les pays où ce matériau cancérogène n'est pas
interdit, face au cynisme du Canada qui bloque l'inscription de l'amiante sur la liste des produits dangereux de la convention de Rotterdam et finance l'ouverture d'une nouvelle mine d'amiante,
la condamnation des dirigeants d'Eternit aura valeur d'exemple.
L'amiante doit être interdit dans tous les pays de la planète.