Samedi 27 novembre 2010
Où en est le mouvement des camarades sans-papiers ?
Tous les articles précédents de ce blog sur la grève des sans-papiers, ICI
Le silence s'est fait autour de la grande lutte de nos camarades sans-papiers, en partie étouffée par le mouvement contre la réforme des retraites. Pourtant, rien n'est fini.
A la date du 25 novembre, sur 6804 grévistes, 2400 dossiers ont été déposés et il y a à peine 600 régularisations ou récépissés (rappelons que selon Francine Blanche elle-même, il y a 300 000 à 400 000 travailleurs sans papiers en France). Des autorisations provisoires, surtout dans le 93 (environ 150) et les Alpes Maritimes (environ 130), mais aucun déblocage, les syndicalistes transformés en fonctionnaires préfectoraux, une bureaucratie ahurissante et tatillonne, et bien sur le chantage absolu : "plus aucun piquet, plus aucun mouvement, sinon on ne régularise personne"...C'est ainsi qu'un dernier piquet, celui de la Porte des Lilas (géré par Solidaires) a été levé le 14 octobre, face au même chantage...
Un an de lutte, un an de combat pour cela, alors que tous les moyens étaient réunis au départ pour élargir et en faire un puissant mouvement de lutte de classe !
400 000 travailleurs sans papiers
6804 cartes de grévistes
600 autorisations provisoires de travail
Voilà le bilan, sec et impitoyable (et pas reluisant), d'un an de combat dirigé par des réformistes. Largement inférieur à ce qu'annonçait Besson au départ. Car ce ne sont pas les grévistes qui sont en cause, leur détermination et leur courage remarquables méritent toute notre admiration et notre respect. Ce sont les responsables syndicaux (de la CFDT à Solidaires en passant par la CGT qui pilote) qui les ont mené dans une impasse totale.
Depuis le 7 octobre, les grévistes occupent à nouveau, cette fois la Cité de l'Immigration Porte Dorée, enfin, occupent... ont transformé une partie des locaux en bureaux administratifs pour élaborer les dossiers de régularisations... Face à une tension extrêmement forte parmi les grévistes, Raymond Chauveau directement et violemment pris à partie en assemblée, des délégués qui commençaient à se voir en toute indépendance (sans le chaperon de la CGT officielle), il fallait un dérivatif pour masquer la faillite actuelle. Mais ce n'était que façade.
On apprend maintenant (le 20 novembre) que la CGT ne prendra plus en charge les repas des occupants, et veut consacrer les sous récoltés aux frais de défense juridique (alors que la CGT a toujours déconseillé, voire s'est opposée aux recours juridiques dans les cas individuels d'APRF ou d'OQTF !!!).
Jour après jour, il se confirme que le mouvement des grévistes sans-papiers ne débouche que sur un nouvel échec provisoire, du fait non seulement de l'intransigeance du gouvernement (cela n'est pas pour étonner), mais surtout de l'orientation donnée à la lutte par les "Onze", pilotés par la CGT. A vouloir se poser en interlocuteur responsable, on ne voit la lutte des classes que comme manifestation symbolique, que comme moyen de pression ("Arrêtez-moi, sinon je fais un malheur !") et pas comme rapport de force en construction pour faire céder l'ennemi, de gré ou de force.
Mais de tout cela, nous en avons régulièrement parlé sur ce blog (voir le dossier ICI).
De tout cela, nous faisons le bilan, et tous les responsables devront en rendre des comptes, qu'ils soient à la CGT ou à Solidaires, au delà du discours radical.
Alors, quand Thibault est venu faire son cinéma devant les sans-papiers, sauf erreur de notre part pour la première fois, le 7 octobre dernier, en plein mouvement de grève sur les retraites, comme par hasard le jour de la "journée mondiale du travail décent", on a cru à une blague - sordide !
Surtout pour ne rien dire de concret, juste se faire mousser au plan médiatique. Nous mettons les deux vidéos en ligne. La première, carrément angélique, le bonheur pour tout le monde, Thibault bras dessus bras dessous avec les sans-papiers, une intervention pour ne rien dire... franchement, dur - un remake de l'intervention au 49ème Congrès, la manipulation élevée à la hauteur de l'art.
La deuxième, l'intervention de Francine Blanche (voir en
fin d'article, purement désolant...) le même jour pour justifier le mouvement, et, nouveau recul, en arriver à s'appuyer positivement sur "l'addendum aux guides de bonnes pratiques annexé à la circulaire Besson", mon
dieu, le réformisme n'aurait-il aucune limite ? [réponse : et bien, non]
Car bien sûr, depuis, plus de nouvelles on est passé à autre chose...
Les réformistes ne peuvent rien à la lutte des classes. Ils peuvent tenter de la contrôler, de la contenir, de l'étouffer, de la détourner, rien n'y fait. La contradiction capital/travail, l'exploitation, sont plus fortes que toutes les conciliations.
Aujourd'hui, nos camarades sans-papiers ont été trahis et abandonnés. Mais avec eux, nous repartirons à l'attaque, cette fois vers le succès !
Les critères, on n'en veut pas !
Le cas par cas, on n'en veut pas !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !