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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 11:03

Samedi 5 octobre 2013

Nettoyage CGT : le Coté Lumineux et le Côté Obscur de la Force !

 

Le Côté Lumineux, c’est  la grève des femmes de ménage du Palace Vendôme

 

Les femmes de ménage et le personnel de service de l’Hôtel Hyatt Vendôme viennent de remporter une belle victoire partielle. Après un jour de grève d’avertissement (le 12) suivi de cinq jours de grève totale (du 20 au 24), elles ont obtenu gain de cause : application de l’accord de 2007 sur le 13ème mois jamais versé par La Française de Service, abandon des contrats inférieurs à 130h mensuelles, soit 6 heures par jour. La transformation de sept temps partiels en temps plein a également été obtenue, tout comme la revalorisation des classifications conventionnelles des salariées et la suppression des clauses de mobilité. Enfin, les salariées obtiennent des primes de sites et d'assiduité, équivalente à 3% du salaire brut et une prime de reprise du site de 300 euros brut (voir le tract de la CGT HPE ci-contre).

Hyatt, c’est une chaîne mondiale, propriété d’un fond d’investissement qatari, qui gère une dizaine d’hôtels en France, dont le Vendôme un des huit Palaces officiels de la capitale, et le seul où le personnel de service soit en sous-traitance. C’est cette question qui est au cœur de la lutte, ce qui est fort peu sorti dans la presse. La sous-traitance dans l’hôtellerie de luxe est l’enjeu d’une forte lutte, par exemple dans le groupe Accor  qui joue à fond cette carte, comme on l’a vu dans le conflit du Novotel Les Halles fin 2011. Déjà la grève à Arcade en 2002 se déroulait dans les hôtels Accor, et déjà la sous-traitance était au cœur du conflit. Et c’est maintenant reparti dans tous les grands groupes, Accor, Louvre Hôtels, Hyatt…

Cette question de la sous-traitance est une question clé. Elle s’est développée depuis une trentaine d’années, sans véritable opposition syndicale au départ, comme forme de restructuration des emplois de services dans tous les grands groupes, industriels, hôteliers ou autres. La restauration, le nettoyage, le gardiennage, puis la maintenance, nombre de secteurs ont été sous-traités pour attaquer ainsi directement le contrat de travail, horaires, salaires, flexibilité, précarité etc. Pendant vingt ans, les syndicats (la CGT comme les autres) sont restés bien trop silencieux, à de rares exceptions près, et ce n’est qu’avec les vagues suivantes de la crise qu’ils se sont rendus compte que l’unité du collectif de travail, l’unité de la classe ouvrière était une question clé, tant pour le rapport de force que pour lutter contre toutes les formes de division. La lutte contre la sous-traitance revient ainsi au premier plan,  portée par les secteurs les plus combatifs. C’est le cas dans l’hôtellerie à Paris, et c’est dans ce cadre que nous nous sommes intéressés à ce conflit.

 

On notera que même la très réformiste Fédération du Commerce, bien connue de nos services, a  pour l’instant toujours défendu la syndicalisation du personnel de nettoyage dans les rangs des syndicats de l’entreprise donneuse d’ordre. C’est le cas des grévistes de Hyatt, syndiquées au syndicat des Hôtels Prestige et Economique (HPE).

 

Nous avons rencontré quelques grévistes :

Alors satisfaites ?

C’est une victoire, une belle victoire, mais c’est quand même seulement une demi-victoire pour nous. On a fait plier notre patron, on l’a même éjecté puisqu’on va en changer au 1er janvier (NdlR un nouveau prestataire va reprendre le contrat sur la base des nouvelles clauses), mais on n’a pas gagné sur notre revendication principale, la fin de la sous-traitance et la ré-internalisation de nos emplois chez Hyatt. L’hôtel Vendôme, c’est le seul palace où le personnel de service soit en sous-traitance sur Paris.

Et puis c’est un exemple, on nous téléphone de partout, ça doit donner du courage à toutes les femmes de ménage des hôtels !

Finalement, vous avez gagné rapidement, si on se souvient du très long conflit d’Arcade en 2002 ?

C’est vrai. Là, selon nous, ce qui a joué c’est le secteur, la rue de la Paix, juste le royaume du luxe, et en pleine Fashion Week. Quand on a manifesté en parade rue de la Paix (voir un diaporama de la parade ICI), ça a fait désordre – on s’est bien amusées. Par exemple, on sait que des bijoutiers célèbres sont restés rideaux fermés, parce qu’ils craignaient pour la sécurité de leurs clients !!! Et puis on été tous là, déterminés et bien préparés. On est 80 dans l’entreprise, il y a 70 syndiqués, 60 à la CGT et 10 à la CNT, ça donne de la force toutes et tous ensemble.

Comment c’est parti ?

Le ras le bol, surtout la question du 13ème mois où la Française de Service refusait d’appliquer un accord qui datait de 2007. Et puis les heures supplémentaires non payées, le fait de travailler toutes seules dans les chambres (ailleurs on est deux, le travail est dur). On avait fait une journée d’avertissement une semaine avant, mais le patron s’en est moqué, alors on y est allé.

Ce qui nous a encouragé en plus c’est la victoire à Louvre Hôtel de Suresnes au mois d’Août juste avant, où les filles ont eu une victoire en rase campagne en étant ré-intégrées à l’hôtel, l’entreprise de sous-traitance a disparu (voir ICI). Là on s’est dit que c’était bien pour nous !

Encore cette histoire de sous-traitance ! C’est très important.

Oui, nous c’est ça qu’on veut au final. C’est pas normal, les chambres vont de 900€ à 12 000€ la nuit, et nous on est traité comme des moins que rien ? Et c’est vrai pour tous les hôtels, nous on veut finir avec la sous-traitance, et la bataille n’est pas finie. D’ailleurs la direction de Hyatt prétendait qu’elle n’était pour rien dans l’affaire, que ce n’était pas son problème et bla et bla, n’empêche qu’il est sûr qu’elle est intervenue en douce pour faire plier la Française de Service, et on a obtenu le changement de prestataire au 1er janvier. Si ça c’est pas une intervention directe dans une question qui la regarde directement ! Non, au final, ce qu’on veut c’est la ré-internalisation à Hyatt, directement.

Vous avez eu du soutien ?

Oui, d’abord les journalistes ont été là tout de suite, ils étaient déjà au courant suite à la grève d’avertissement, et puis la Rue de la Paix, la Fashion Week… ils en ont beaucoup parlé. Et puis, tout le temps, surtout le midi on avait le soutien des camarades de la CGT des Hôtels, Cafés et Restaurants, informés par la CGT des Hôtels qui étaient nombreux avec nous. La CNT Solidarité Ouvrière aussi était là.

Et pas de soucis ?

Ah si alors ! Le vendredi  matin on a vu débarquer trois délégués CGT de la Française de Service, ils ont tout fait pour nous démobiliser, nous décourager, ils encourageaient les non-grévistes à rentrer, ceux qui venaient des autres hôtels avec la clause de mobilité, ils nous disaient qu’on n’aurait jamais gain de cause. Ils n’avaient rien à dire, seulement qu’il fallait qu’on trouve un terrain d’entente avec la direction. On les connaît bien ces délégués, ils sont vendus à la Française de Service, ils sont avec les patrons. On ne les a jamais vus quand on avait besoin d’eux pendant trois ans, ils faisaient la sourde oreille. Et là ils débarquent clairement pour briser notre grève. Ca a chauffé, des insultes, l’un a traité les collègues de « connasses », on s’est pas laissé faire, on les a mis de côté, ils sont venus le vendredi et le samedi, et après on ne les a plus vus. Ils disent qu’ils sont à la CGT, mais nous on dit qu’ils sont avec les patrons !

Alors aujourd’hui ?

Et bien on a eu les élections professionnelles le Vendredi 4 octobre, il y a eu des grosses pressions pour faire voter nul, et au final il va y avoir un deuxième tour, pas assez de votants. Les gouvernantes qui font pression sur les travailleuses en venant discuter dans les chambres, en les menaçant « faites attention, vous avez des enfants », « ne suivez pas les délégués, vous n’êtes pas des moutons », des fouilles au poste de garde, des contrôles inopinés etc. Une ambiance de représailles, des manœuvres sournoises quoi.

Mais on se serre les coudes, et on tient bon. Et on continuera pour en finir avec la sous-traitance !

 

Le Côté Obscur, c’est cette CGT du nettoyage affiliée aux Ports et Docks

 

La tentative de casser la grève des femmes de ménage du Hyatt décrite par les camarades n’est pas une nouveauté. Chaque fois qu’il y a un conflit dans le secteur du nettoyage, qu’ils considèrent comme leur chasse gardée, on voit déboucher ces faux syndicalistes – vrais mafieux pour tenter de briser la grève. Cela avait déjà été le cas en octobre 2011 au Novotel Les Halles (Nettoyage : quand la Fédé du Commerce fait le jeu des Ports et Docks »), et encore récemment « La CGT Paris soutient les pratiques  mafieuses des Ports et Docks »).

 

La CGT Nettoyage de la région parisienne est totalement gangrenée par la corruption et les pratiques mafieuses, et pour preuve supplémentaire (s’il en fallait encore…) un document circule largement depuis la semaine dernière qui est proprement stupéfiant (on le lira en intégral ci-contre). Où l’on apprend comment les dirigeants du syndicat touchent en sus de leur paye officielle, des revenus officieux de provenance patronale – évidemment pour briser les grèves !

On y apprend avec bonheur quand même que les mafieux sont appelés au Tribunal en avril 2014 pour répondre de leurs actes !

 

Dissolution de la CGT Nettoyage de la Région parisienne !
Affiliation des syndiqués au syndicat des donneurs d’ordre !
A bas la sous-traitance !
 

 

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