Jeudi 27 Mai 2010
Manif à Marseille : la CGT empêche la Marche des sans-papiers de défiler
dans son cortège !
La CGT avait mis le paquet en termes de mobilisation pour réussir la manif retraite du 27 mai, sans jamais aborder la question des sans-papiers comme d'une lutte phare d'aujourd'hui (ça rappelle l'oubli révélateur de l'affiche du 1er mai : salaire, emploi, retraite).
Nous avions la chance que soit aussi présente à Marseille la marche Paris-Nice des sans-papiers (14 coordinations parisiennes représentées). Leur
présence fut forte et mobilisatrice... mais pas du coté de la CGT des Bouches du Rhône qui est restée de marbre. Pas une seule boite, pas un seul cortège n'a exprimé le moindre soutien à la lutte
unitaire des sans-papiers (pourtant bien utilisée au dernier congrès
confédéral pour donner le change quand l'opposition s'exprimait). Il a fallu que le SNES passe pour que le cortège s'arrête, exprime son soutien et prête sa sono pour que les sans-papiers
s'expriment. Ils ont fait part en termes forts de leur identité de travailleurs et du coup de leur déception d'être traités comme des parias de la classe ouvrière par le cortège qui précédait. La
CGT avait poussé le vice jusqu'à mettre quelques costauds du service d'ordre en rempart pour surtout éviter que les sans-papiers ne s'introduisent dans "son" cortège. C'est dire la fraternité de
combat qui les anime...
Quant à comprendre le pourquoi de cette attitude (la CGT avait fait pourtant une brève apparition au comité
marseillais de soutien aux luttes parisiennes des sans-papiers), c'est vu comme une querelle de chapelle après
l'expulsion de la Bourse du travail parìsienne. L'argument ne tient pas puisque 14 collectifs sont présents dans la marche, mais il doit marcher auprès de nos camarades CGT puisqu'aucun
cortège n'est venu rompre cette opprobe (n'est-ce pas plutôt la CGT qui est coupable dans l'expulsion violente et indigne de la Bourse ?? Déjà, nous n'avions pas réussi à l'époque à obtenir ici
une condamnation ferme de cette action).
L'autre argument, du coté sans-papiers, est que la CGT n'accepte pas l'autonomie des coordinations. C'est vrai qu'elle ne soutient dans les luttes des travailleurs que celles qu'elle contrôle. La
régularisation de tous les sans-papiers figure officiellement dans ses mots d'ordre, mais on sait qu'elle travaille concrètement à des critères "justes". Du coup, c'est le PS qui paraît un
meilleur défenseur des marcheurs (sans se prononcer bien sur sur cette question, mais en lui apportant soutien matériel et caution d'élus) que même le PCF, pourtant lui dans le collectif de
soutien !
Reste le point essentiel qui n'est pas perçu spontanément : la direction CGT ne soutient que les luttes qu'elle contrôle. Car son objectif de fond est de monnayer sa capacité d'encadrement
des luttes ouvrières pour des aménagements du capitalisme. Ce qu'elle fait subir aux sans-papiers, la coupure d'avec la masse des travailleurs, elle le fait à chaque fois que sa domination est
mise en cause. Par contre, elle peut soutenir des luttes longues et fermes (Fralib dernièrement à Marseille) dès lors que cette domination n'est pas mise à mal (soit du fait du terrain de lutte, soit du fait des militants qui restent dans le cadre limité
qu'on leur tolère).
La bagarre contre la division de la classe ouvrière, pour l'égalité des droits de tous (donc les papiers) continue. On va continuer à dénoncer et expliquer cette trahison dans les rangs de la CGT et dans ceux des sans-papiers... Même s'ils ne sont pas nombreux les camarades CGT à avoir relevé la tête aujourd'hui...