Vendredi 13 avril 2012
Les Sans-papiers, les élections et la CGT
Les périodes électorales sont toujours propices au débat, sur les questions politiques bidon (permis de conduire, viande hallal...) ou essentielles qui se posent dans la société.
Ainsi en est-il de l'immigration, cette partie de la classe ouvrière d'origine étrangère soumise non seulement à l'exploitation ordinaire dans des travaux durs, au même tire que leurs autres collègues, mais au racisme, à l'oppression et pour ceux qui sont sans-papiers à la sur-exploitation de patrons féroces.
Le quiquennat de Sarkozy a été marqué par les grands mouvements de lutte des camarades sasn-papiers pour la régularisation de tous, ainsi que par le mouvement de résistance du Réseau Education Sans Frontières (RESF).
Il y a de quoi dire !
Et pourtant, ce n'est que marginal dans les débats électoraux. Hollande déclare qu'il ne régulisera qu'au cas par cas (finalement comme Sarkozy), et il faut attendre les positions plutôt correctes de Mélenchon (son clip sur le droit du sol intégral) ou de Poutou pour qu'on en parle un peu.
La Confédération est plutôt discrète, alors qu'elle est présente de manière tonitruante dans le débat électoral, au travers de polémique Thibault/Sarkozy. Alors qu'elle se gargarise d'avoir mené la garnde lutte des travaileurs sans-papiers, il n'y a que quelques lignes anodines dans le quatre pages lagement diffusé un peu partout :
Pas de rappel, pas de bilan des mouvements menés depuis 2007, pas de rappel des revendications essentielles pour nos camarades... Juste l'affirmation que le mouvement a contraint le gouvernement à négocier...
Mais "négocier" pour obtenir quoi ???
Il est où le résultat ? Victoire ou échec ? Quelle régularisation des sans-papiers ?
Nous avons eu l'occasion de l'écrire, et il faut le rappeler : ce mouvement de lutte, mené avec un courage et une détermination hors du commun par nos camarades sans-papiers dont beaucoup ont tout perdu (travail, logement...) n'a débouché que sur des résultats dérisoires, et le bilan est clair : c'est un échec, doublé d'une instrumentalisation assez honteuse des camarades en lutte au profit des tentatives désespérées et répétées d'amener le gouvernement à lâcher des miettes, exigences de plus en plus réduites au fil des mois et des refus successifs de Sarkozy/Hortefeux/Besson et autres... Sans plus de résultats.
Beaucoup de camarades de la CGT, en particulier ceux qui ont été actifs dans ce mouvement, n'arrivent pas à admettre ce bilan et ne voient aucune critiques à faire à la confédération.
Et pourtant, en juillet dernier, selon un document officiel du ministère (ci-contre), il y avait eu de l'ordre de 800 régularisations (sur plus de 6000 grévistes), et autant d'expulsions (OQTF). Beau résultat, nous renvoyons nos lecteurs à la centaine d'articles parus sur ce blog sur le sujet :
La CGT et le soutien aux sans-papiers, ICI
De son côté, l'Union Départementale 75 de la CGT tente de se démarquer de ce bilan calamiteux ("Sans-papiers : un bilan de l'UD CGT de Paris"), en critiquant (mais après la bataille...) le mouvement passé. On ne l'avait pas bien entendue au fil de la ltute, et on n'a quand même pas oublié que c'est cette UD qui a organisé l'évacuation de la Bourse du Travail occupée par les sans-papiers ("Le SO de la CGT évacue par la force les sans-papiers de la Bourse du Travail").
Mais, bon.
L'UD 75 tente de se refaire une virginité en publiant, avec d'autres associations, une adresse aux candidats à l'occasion des élections (voir ci-contre). On admirera les superbes couleurs bleu-blanc-rouge du document qui situent bien l'immigration dans un cadre "national". Et nous qui croyons encore à l'internationalisme...
A la différence de la Confédération CGT qui continue de pleurnicher pour une supposée application correcte et honnête de subtilités qu'elle croit avoir lu dans le CESEDA, les signataires ne se font pas d'illusion et appellent à la modification de la loi, en s'appuyant sur une série d'exemples parlants effectivement exclus de la régularisation.
C'est donc un petit pas en avant.
Mais pas jusqu'à exiger la régularisation pour tous et encore moins l’abrogation du Ceseda. Elles militent pour un cas par cas plus juste, plus humain, plus large.
Le cas par cas, c'est forcément des critères, forcément celles et ceux qui en sont exclus, forcément la concurrence et la discrimination, forcément des expulsions, des camps de rétention, des injustices humaines et sociales insupportables.
Le seul cas par cas "juste", c'est celui qui prend tout le monde en compte, et alors, bien sur, ce n'est plus du cas par cas !
Nous ne sommes jamais rentrés dans ce jeu, Depuis le début du mouvement des sans-papiers, nous y avons participé, mais en défendant l'unité internationale des travailleurs contre les exploiteurs communs, l'égalité des droits sur tous les plans !
ABROGATION DU CESEDA !
LE CAS PAR CAS ON N'EN VEUT PAS
LIBERTE DE CIRCULATION ET D'INSTALLATION !
REGULARISATION SANS CONDITIONS DE TOUS LES SANS-PAPIERS !