Mercredi 21 juillet 2010
Les GM vont-ils choisir la voie des Conti plutôt que celle des Goodyear ?
Les camarades de General Motors Strasbourg ont donc voté à 70% pour accepter le blocage des salaires, la disparition de l'intéressement et la suppression de 6 RTT. Avec l'espoir (?) que cela suffira pour empêcher la fermeture de l'usine, mise en danger dans la guerre économique mondiale (voir l'article du journal "L'Alsace" ci-contre).
Comme si les sacrifices acceptés un jour apportaient autre chose que la misère de demain ! Car se soumettre un jour au diktat du patron, c'est rentrer dans la logique du capital et de la concurrence, accepter de n'être que des pions dans la course au profit, c'est rentrer dans le jeu. Et si donc, plus tard, d'autres difficultés surgissent pour le capital, la soumission d'un jour n'étant que le marchepied de la soumission future.
On le voit à Strasbourg : à peine le vote acquis, voilà le repreneur qui exige en plus l'annualisation des horaires, même pas peur !
C'est ce qui s'est passé à Continental : les ouvriers, dirigés à l'époque par un syndicalisme ultra-réformiste (la CFTC) avaient accepté de revenir aux 40h... avec la promesse de la survie de l'usine. On sait ce qu'il en a été. Et si la révolte a été exemplaire lors de la fermeture, elle n'a pu se mener pour la défense de l'emploi et les camarades se retrouvent malgré tout au chômage.
Car contrairement aux illusions répandues par les réformistes, le capitalisme ne peut donner aucune garantie pour l'avenir, précisément parce que, par nature, il est aveugle sur le futur. Qui a prédit la crise financière ? Quel capitaliste connaît les projets de ses concurrents pour anticiper ses propres projets ? Aucun, évidemment ! Il faudrait pour cela une économie organisée, planifiée, structurée sur la satisfaction des besoins véritables de la population, et donc prévisible sur l'avenir, une économie organisée sur la base de la coopération et pas de la concurrence...
Les camarades de GM devraient méditer l'exemple de l'usine Opel d'Anvers, comme le rappelle un camarade de la CGT : "Malgré les accords et les sacrifices consentis par les salariés d’Opel à Anvers, la direction de GM a fait passer ce site belge de 5 000 salariés en 2007 à 2 300 aujourd’hui et l’usine va fermer ses portes à la fin de l’année. Les engagements n’ont pas été respectés à Anvers, ils ne le seront pas à Strasbourg".
Il y a une autre voie que celle de l'acceptation et de la soumission. C'est celle de la résistance et de la détermination. Celle des Goodyear. Il y a deux ans, le 15 juillet 2008, la CGT dénonçait l'accord menant aux 4x8 sur l'usine d'Amiens Nord. Immédiatement, la direction annonçait 402 licenciements, et tout devait être bouclé en fin d'année.
Aujourd'hui, deux ans plus tard, il n'y a toujours eu aucun licenciement économique, et au contraire des discussions en cours, sous couvert d'un médiateur, pour la reprise de l'entreprise.
Les Goodyear ont refusé le chantage de la direction. Ils ont affirmé haut et fort qu'ils défendraient les intérêts ouvriers, et rien d'autre. Ils se battent, becs et ongles pour l'emploi.
C'est la seule voie à suivre pour notre classe.
Aujourd'hui à Strasbourg, outre la nouvelle provocation autour de l'annualisation des horaires, toute la pression tombe sur la CGT qui avait appelé à voter NON au référendum et refuse de valider l'accord. Au nom de la "démocratie" du vote, il faudrait que nos camarades plient. Car c'est le seul enjeu : la CGT est de toute les façons minoritaire et ne peut empêcher les autres syndicats de signer. Mais non, il faut en plus qu'elle se rallie, quelle se soumette...
Mais de quelle démocratie s'agit-il ? De celle du chantage et de la soumission ? De celle de la prétendue égalité où les cadres ont participé au vote pour évidemment valider les choix de la direction ? D'une démocratie où ce sont les ouvriers qui vont payer la note, et ce sont les cadres qui ont fait basculer la décision... on appelle cela une démocratie de classe !
Les travailleurs de GM se sont exprimés, c'est un fait. La CGT de l'usine s'est opposé depuis le début à l'accord, elle doit se tenir fermement sur la voie des Goodyear, même si aujourd'hui le rapport de force ne lui est pas encore favorable.
Gageons qu'il y aura encore des surprises, à Strasbourg dans les mois à venir !
Dans l'immédiat, soutenenons nos camarades :
CGT General Motors Strasbourg
81, rue de la Rochelle
67026 Strasbourg Cedex
Tél./Fax : 03.88.55.85.34
Email : cgt67.generalmotors@gmail.com
[Mise à jour 24 juillet] Nous publions ci-dessous le communiqué du 22 juillet de la CGT General Motors, suite à la séquestration de huit délégués CGT par une bande de gangsters patronaux, cadres et techniciens, pour obliger la CGT à signer l'accord de chantage.