Mercredi 20 octobre 2010
Le temps des manifestations est passé, celui du blocage est venu !
Du monde, encore et encore... Comme le titrent les syndicats, la presse et tout le monde, "la mobilisation ne faiblit pas". C'est le moins que l'on puisse dire...
Mais le plus important, l'essentiel aujourd'hui, ce sont les blocages qui se généralisent partout, avec deux secteurs en pointe, la Chimie et les transports. Blocage des raffineries, des dépôts, hier des aéroports, partout les actions se multiplient sans véritables publicités, mais avec une détermination radicale.
Ce n'est certes pas la grève générale, car ce sont des secteurs combatifs ou des militants combatifs qui sont en
mouvement, pas les larges masses. En particulier, dans les entreprises des autres secteurs la mobilisation n'est pas facile, c'est la même minorité qui participe aux actions depuis le début, sans
vraiment s'élargir. Mais c'est une radicalité de secteurs combatifs, les plus avancés, et c'est eux que nous devons soutenir et encourager, d'autant qu'il font MAL au capital !
La Chimie et les transports en pointe.
Blocage de la Zone Amiens Nord
Depuis ce mercredi matin, le blocage des camions a démarré à la Zone industrielle d’Amiens Nord, premier lieu d’activité économique de
la Picardie. La jonction a marché entre, d’une part, les ouvriers des boîtes (Valeo, Goodyear, Procter, etc.) et d’autre part, des renforts venus de la ville. Les gars ont le moral à fond, et
sont désormais qu’ils vont tenir plusieurs jours.
Pour ça, il faut que vous y veniez, y reveniez, avec des copains, des frangins, qu’on se réapproprie la Zone, qu’on passe y boire un
café, y mâcher une merguez, discuter de la suite au coin d’un feu de palettes. Venez vous regonfler le moral là-bas, si jamais votre secteur a du mal à bouger. Pour aujourd’hui, il faudra
notamment une présence aux alentours de 19 heures – pour que le moral ne flanche pas alors que la nuit reviendra, le froid avec, et les flics peut-être bien aussi. Passez nous voir une heure en
sortant du boulot.
Il est essentiel que la Zone devienne un point de résistance. D’abord, parce qu’on peut en être sûr : le Medef local va appeler le
Medef national, qui va souffler dans les bronches de l’UMP que ça ne peut plus durer. Ensuite, c’est un encouragement aux cheminots : jusqu’ici, sur Amiens, seuls les copains de la SNCF mènent
un mouvement sur la durée. Le meilleur service à leur rendre, c’est de monter un – puis deux, puis trois, si possible – points de résistance, afin de briser la solitude. C’est, enfin, un
encouragement au niveau national : car le blocage de la Zone industrielle d’Amiens n’est pas qu’une affaire locale. L’information va circuler. Et le signal sera envoyé aux raffineries, à
Marseille, etc. qu’ils ne sont pas tout seuls.
Deux secteurs hyper déterminés, et partout, tout le temps la même rengaine, la pénibilité du travail, qu'il s'agisse du travail posté dans la Chimie ou des manutentions dans les transports, le caractère absolument insupportable d'une vie à se casser au boulot. La Chimie, les transports, les deux secteurs qui se radicalisent depuis ces dernières décennies et qui peu à peu prennent la place de la métallurgie des années passées, durement touchée par les restructurations.
Des piquets, des blocages avec les camarades où à chaque fois reviennent les mots d'ordre "60 ans, c'est déjà trop tard", et où le mot d'ordre "55 ans, sans condition de trimestre" fait à chaque fois son chemin. Des piquets, des blocages où tout le monde se moque comme d'une guigne du financement, "de l'argent, il y en a dans les poches du patronat". Le discours bien pourri d'une "autre" réforme, plus "juste" que nous chantent la CFDT et notre direction confédérale ne passe pas du tout, mais alors pas du tout !
Voilà que ne que nous avancions sur ce blog il a quelques semaines trouve un écho bien plus large qu'initialement !
On ne veut pas mourir au travail ! Retraite à 55 ans, sans aucune
condition de trimestre ! 50 ans pour les travaux pénibles !
Retraite mini à 1600 €, retraite maxi à 3500 € !
Interdiction du travail de nuit (sauf bien sûr quelques exceptions comme la santé...), du travail posté, du travail à la chaîne
!
Baisse des cadences, 30 heures par semaine, sans baisse des salaires !
Des blocages, pas des manifestations.
Battre le pavé a pu permettre de mobiliser l'opinion. Maintenant, l'heure est venue de passer à autre chose. Les camarades les plus avancés nous montrent la voie, celui du blocage de l'économie, de toucher le capitalisme là où ça fait mal, à la production, suivant en cela les propositions des camarades de Goodyear. (voir l'encadré ci-contre, les nouvelles d'Amiens transmises par le journal Fakir, également le journal "Havre de grève" N°7 et 8 sur ce qui se passe dans ce port).
Le mot d'ordre pour tous les camarades est là : on ne perd pas son temps dans des manifestations (bon, il peut être utile d'y participer, mais dans le cadre d'autre chose), on ne perd pas son temps dans des assemblées d'enseignants ou d'étudiants qui ne font que bavarder, tous sur les piquets, tous en soutien au blocage des raffineries et au blocage des dépôts, tous en soutien au blocage des transports (aéroports, routiers, ports). L'heure des piquets et blocages ouverts, multiprofessionnels est arrivé, tout le monde est bienvenu.
Alors pas d'hésitation : camarades des syndicats du privé comme du public, camarades enseignants, lycéens et étudiants, TOUS SUR LES PIQUETS, tous dans les assemblées de blocage, dans les manifestations de terrain, comme celle de hier à Roissy (voir ci dessous). Et d'abord, tous sur les piquets des raffineries et dépôts, pour défendre les camarades face à l'arrogance de Sarkozy !
C'est un choix de politique, à l'instant, et qui démarque les camps. Certaines UD y sont favorables (Bouches du Rhône, Seine Saint-Denis), mais bien d'autres s'y opposent discrètement en faisant tout pour saboter les initiatives, ou tout simplement en freinant des quatre fers.
Le combat se radicalise nettement, prend un tour politique, "c'est toute la société qu'il faut changer", et c'est bien le capital dans son ensemble qui doit être visé, là où ça fait mal, à la production !
Et en plus, ces piquets deviennent de vraies assemblées de lutte, où le débat peut se mener, sur le fond, sur la réforme, sur Sarkozy, sur cette "société-là" et les solutions à y apporter...
Nul ne sait comment va évoluer la situation actuelle, nul n'est capable d'imaginer la suite, et les syndicalistes de classe sont encore trop éparpillés, trop dans l'attente des confédés (encore que... - ça change un peu !) pour pouvoir proposer une alternative crédible, même dans la lutte immédiate. Mais il faut absolument profiter du moment, y aller à fond, reconstruire les réseaux, autour des secteurs ouvriers en lutte.
Zone aéroportuaire de Roissy : une manifestation de combat.
Hier mercredi, près de 2000 travailleurs de la zone aéroportuaire, ainsi que de la ZI Paris Nord II se sont retrouvés à l'aéroport
Charles de Gaulle pour tenter de bloquer la zone. Du monde et du bleu à l'arrivée, des gendarmes bien comme il faut, et de plus en plus au fil de la matinée !
Une manifestation qui a fait le tour du terminal 2, bloquant progressivement la rocade et la circulation.
Une manifestation extrêmement déterminée, où la pénibilité était présente un discours sur deux, dans toutes les discussions, et où les prolétaires de la zone étaient extrêmement mobilisés.
Les gendarmes, très nerveux, tentaient de maintenir la circulation, ce qui provoquait un coup de colère et une intervention déterminée des manifestants pour bloquer la voie, opération menée de main de maître par les camarades du transport, et tenue ensuite "au contact étroit" [vous voyez ce qu'on veut dire ?] face à la poussée des gendarmes qui cherchaient sans succès à rouvrir la voie, gazeuses à la main. Un camarade embarqué, relâché, et la route était gagnée. Voilà une détermination qu'on souhaiterait voir plus souvent !
On ne peut que regretter que malgré un appel de l'UD, très rares étaient les camarades venus en solidarité des autres secteurs du département (on a vu des camarades de Bobigny, de Sevran, d'Aubervilliers... mais pas bien d'autres !). Car tout le monde est ressorti avec une pêche d'enfer, bien décidé à continuer !
[Mise à jour 22 Octobre] le tract commun de l'UD et de l'UL de Roissy, ICI
Néanmoins une interrogation (toujours notre mauvais esprit, et aussi des "sources bien informées"). La manifestation était publique, largement annoncée, négociée avec la police, bien calibrée et tout et tout. Pourtant initialement, les objectifs étaient différents, entre autres la paralysie du terminal, les pistes, les avitailleurs (le kérosène). Mais la diffusion publique hyper large (y compris sur le site de la CGT Air France) de la manifestation, sur tous les sites militants ne pouvait évidemment que compromettre l'opération. La présence des gendarmes mobiles plutôt que les CRS par exemple...
Il se dit sournoisement et discrètement que ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard, et que le BN de ce syndicat pourrait avoir choisi de torpiller ainsi une éventuelle action radicale en
rendant largement publique l'opération...