Mercredi 31 mars 2010
Nous publions ci-dessous l'intégralité d'un compte rendu trouvé sur le site Bellaciao du rassemblement qui a eu lieu hier devant le Tribunal de Commerce de Nanterre. Nous ne partageons pas toutes les conceptions de ce compte rendu, en particulier les illusions sur "le droit de regard" sur la gestion des entreprises... Mais ne chicanons pas, c'est une bonne description de l'ambiance de ce rassemblement que nous reproduisons ici.
On notera que ce site a également lancé depuis quelque temps une pétition de soutien aux camarades de Goodyear, que nous invitons tous nos lecteurs à signer, d'autant que sur ce blog nous popularisons ce combat depuis bien longtemps...
Aujourd’hui 30 mars 2010, nous étions réuni-e-s devant le Tribunal de Commerce de Nanterre pour apporter notre plein et entier soutien à nos camarades de chez GOODYEAR Amiens, en
lutte depuis 3 ans contre l’actionnariat et le capitalisme international qui veulent dépouiller la France de son industrie pour aller produire dans des pays dits "à bas coûts".
De nombreux salariés en grève, dont Mickaël WAMEN et l’équipe d’élus CGT (tous, héroïques) arrivent d’Amiens vers
10h45 ; ils s’organisent, sortent les drapeaux, les sifflets, prennent la parole...
Sans relâche, avec patience, précision, clarté, mais néanmoins, avec la passion, la détermination et la volonté qui animent tous les travailleurs de cette usine
engagés dans cette lutte pour leurs vies, Mickaël WAMEN, le secrétaire général de la CGT GOODYEAR Amiens, plein d’humour, sans
aucune note, l’esprit à 300 à l’heure (monté sur pneus course Goodyear ?) rappelle l’histoire de la lutte engagée par les salariés GOODYEAR Amiens, commencée il y a 3 ans
maintenant.
Il explique, trace les perspectives à venir, éclaire certains sur l’échéance d’aujourd’hui, félicite, encourage les travailleurs à poursuivre leurs luttes, à continuer d’être solidaires, et
rappelle la nécessité de maintenir la lutte syndicale quotidienne en plus des luttes judiciaires...
Pas besoin de dessin, ces travailleurs-là ont la lutte de classe dans le sang, ce sont des guerrier-e-s qui ne lâcheront rien.
Les travailleurs en lutte, dont certains étaient venus après une nuit de travail, étaient accompagnés de leurs avocats, dont M° Fiodor RILOV, d’une délégation de la
Fédération CGT de la Chimie, d’une délégation de l’UD CGT de la Somme et d’élu-e-s PC du département et d’Amiens.
Une délégation d’ouvriers de CONTINENTAL CLAIROIX emmenée par Xavier Mathieu était là également, venus apporter leur
soutien, alors qu’eux mêmes s’apprêtent à vivre un "troisième round" dans ce match qui nous opposent toutes et tous au même ennemi, puisque notamment, proposition de "reclassement" vient de leur être
faite par la direction de CONTINENTAL d’aller travailler en Tunisie pour 137 euros (260 dinars env.) par mois. Sachant qu’un logement à peu près décent coûte environ 150 dinars par mois,
sans parler de "tout le reste", vous imaginez.
Pour "les CONTI" non plus, quoi que licenciés, la lutte n’est pas finie, puisqu’en plus, 6 d’entre eux sont toujours poursuivis au civil pour les dommages-intérêts suite aux
évènements qui se sont déroulés dans les locaux de la préfecture. Cela pourrait leur coûter des dizaines de milliers d’euros (en d’autres termes, la quasi-totalité de leurs indemnités de
licenciement.... rendez-vous le 7 avril à Compiègne pour les soutenir).
L’absence de certains blesse, irrite, peine, soulève de l’incompréhension et parfois, une colère sourde, mais réelle. Mais
les coups sont portés avant tout contre l’ennemi de classe, il n’y a pas d’erreur.
Plusieurs camarades présents dans l’assemblée disent qu’il faut dorénavant songer à s’organiser davantage partout dans la CGT pour que change réellement le contexte de toutes
ces luttes, d’autant que les attaques du patronat contre la classe ouvrière et la casse de l’industrie française continuent, sans parler de ce que l’on nous prépare pour les retraites et que les
salaires en prennent un bon coup dans la figure depuis plusieurs années.
Pendant la manifestation, le secrétaire de l’UD CGT de la Somme nous informait d’une décision de fermeture d’une nouvelle usine du coin, LEE COOPER (env. 130 emplois). Personne,
d’ailleurs, n’oublie toutes les luttes encore actuellement en cours, on pense aux FORD à Blanquefort (33), aux PHILIPS à Dreux, mais aussi aux travailleurs sans
-papiers, nombreux à être toujours en grève depuis plusieurs mois, entre autres !
Notons une autre absence remarquable, celle des médias, presse écrite, radio, télé...
RIEN ! PERSONNE, ou tout comme .
Alors quoi ? Il faut se pendre ? Se jeter par les fenêtres ? Il faut tout casser, tout brûler ? Bien-sûr, c’est ce que beaucoup, au gouvernement, au MEDEF...espèrent. A quel jeu les médias
prêtent-ils la main ici ? Les journalistes sont-ils conscients de la responsabilité qu’ils endossent en se rendant complices de cette politique scandaleuse ?
Évidemment, cette lutte des GOODYEAR, ce bras de fer avec la finance internationale, ne doit pas exister médiatiquement, il se pourrait qu’elle donne des (bonnes) idées à d’autres
travailleurs...
Mais dans ces cas, une forme de droit moral à l’insurrection civique n’exige-t-elle pas que les journalistes se servent de leur outil de travail pour apporter une solidarité active à cette lutte
exemplaire?
La profession policière, elle, était bien représentée, puisqu’on a compté environ 2,5 CRS pour un manifestant, (mais apparemment, pas de syndiqués solidaires parmi
eux !).
Pour les GOODYEAR , c’était donc, (entre grèves, tracts, syndicalisation, mobilisations de solidarité avec d’autres
entreprises en lutte en Picardie...) une autre étape de la lutte qu’ils mènent comme des acharnés depuis trois ans pour garder leur emploi, le droit de vivre et de travailler
dignement, de faire vivre leurs familles.
Un recours a en effet été déposé par M° RILOV, sur la base d’une jurisprudence "FRUEHAUF" qui n’a pas été utilisée depuis des décennies, tendant à faire nommer un administrateur provisoire
pour dessaisir les patrons actuels de leur pouvoir de désosser les filiales françaises.
On comprend que cette action, dans ce contexte, fasse littéralement paniquer le patronat en général. Imaginons que des juges donnent raison aux travailleurs et privent le patronat d’une partie de
ses pouvoirs ? Il s’agit bien ici d’une reconnaissance d’une forme de propriété des travailleurs sur leur outil de travail, d’un droit de regard sur la gestion de leurs
usines.
Le but pour le patronat de GOODYEAR, quant à lui, est transparent, puisqu’il est sanctionné par la justice française à plusieurs reprises sur son "plan social", il joue le pourrissement
délibéré des filières pour pouvoir dire qu’elles ne sont pas rentables et donc, avoir un autre argument pour les fermer.
C’est cela que les salariés de GOODYEAR entendent contester par tous moyens.
Non, ils ne veulent pas devenir chômeurs.
Ils ne veulent pas non plus être de la "chair à patrons".
Les salarié-e-s de GOODYEAR veulent vivre et faire vivre leurs familles décemment.
Rappelons que si ce sont les GOODYEAR d’Amiens qui, avec la CGT, sont actuellement en tête de cette lutte, à terme, dans le groupe, cela peut être 3000 emplois mis en cause en
France.
Quand on connait le triste état du service "Pôle Emploi", l’insuffisance pour ne pas dire plus, de l’assurance chômage désormais, il y a de quoi être plus qu’inquiet et être motivé pour se
battre.
Vous trouverez ci-après une vidéo des principales interventions de la matinée, ainsi que des photos.
Ensuite, nous avons filé couvrir la manifestation des cheminots pour leurs retraites, à quelques kilomètres de là ,
jusqu’au siège de leur direction nationale, mais de celle-là non plus, sans doute, les médias officiels ne vous parleront pas...Elle était pourtant, elle aussi, bien réelle.
Longue vie à toutes celles et tous ceux qui luttent pour leurs emplois et leur dignité, en France et partout dans le monde, courage et force aux GOODYEAR, en espérant que cette audience
devant le Tribunal de commerce de Nanterre portera ses fruits, en première instance ou en appel. C’est tous ensemble, unis, solidaires, que nous aurons une vraie chance de nous en
sortir.