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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 13:50

Mardi 26 février 2013

Le 5 mars, on ne laisse pas passer l'accord pourri du MEDEF et du gouvernement

 

Declaration-8-02-2012-ULDouai.jpgDe partout monte la colère contre l’accord signé le 11 janvier entre le MEDEF et la CFDT.
On ne compte plus les argumentaires qui détaillent point après point la régression qu’il ouvre, et la précarité et flexibilité renforcées qu’il nous promet pour l’avenir (voir par exemple ceux de la Chimie, ou du Verre). Partout, les appels à manifester mardi prochain se multiplient, en faisant toujours la relation avec les attaques subies en ce moment, le plus notable étant la négociation en cours à Renault, à l’image de ce qui s’est passé à Sevelnord il y a quelques mois : le texte officialise les supposés accords « compétitivité emploi » et leur cortège de régressions. On peut par exemple lire ci-contre l’appel de l’UL CGT de Douai qui fait ce lien dès le début du mois de février (et il y en a beaucoup d’autres).
Pour une fois, les structures de la CGT et la confédération ont fait leur boulot, et la critique est pour l’essentiel correcte. C’est bien.

Sur ce blog, nous avons également pris le temps de dépouiller le texte article par article (« L’emploi à flux tendu : un accord pour la guerre économique ») en montrant en quoi il est dans la continuité de la dérégulation du marché du travail depuis quinze/vingts ans (« Emploi : un accord dans la droite( !) ligne des précédents »).
Le 5 mars, nous serons donc dans la rue avec nos syndicats, pour refuser cet accord de régression, pour rejeter la politique du gouvernement qui s’apprête à le valider dans la loi, au nom du respect du « dialogue social » qui n’est que la formule officielle de la collaboration de classe.

Il n’y a pas une hésitation à avoir, pas une objection à retenir. Mardi prochain nous serons dans la rue, dans toutes les villes, nous appellerons à la grève, à la mobilisation.

Après, et c’est là qu’on va en énerver quelques-uns, on se mobiliser pour quoi, contre qui ?
Pour nous, l’affaire est claire :

MEDEF à l’offensive, CFDT et gouvernement complices.
Non à la précarité et la flexibilité voulues par le MEDEF et le gouvernement !

 

Mais pour nos dirigeants à la CGT, ce n’est pas exactement cela.
tract-urif-CGT-5mars.jpgQue lit-on dans les appels et les tracts, sur les banderoles ?
« Les exigences du MEDEF ne doivent pas faire la loi »
« Ce sont les parlementaires qui doivent faire la loi, et certainement pas les intérêts du MEDEF »
« Le MEDEF ne recule devant rien, il veut un pouvoir législatif, un pouvoir judiciaire muselé et entravé aux ordres »
« Il faut rappeler aux responsables politiques leurs droits et devoirs pour celles et ceux qui leur ont fait confiance en mai 2012 »
Et ainsi de suite…

Traduction : on a des députés de « gauche », ils ne vont tout de même pas faire la politique du patronat !
Avec l’idée que le parlement et le gouvernement, c’est quelque part un endroit plus ou moins « neutre », qui défend l’intérêt « général » (voir  ICI ce que nous pensons de l'intérêt "général") plus ou moins équilibré selon la couleur obtenue aux élections. Et que ça se joue donc au rapport de force, que le Parlement va pencher dans le sens de celui qui crie le plus fort, ou qui montre le plus ses biceps. On avait déjà un peu cette idée lors du mouvement sur les retraites de 2010, on le retrouve aujourd’hui, renforcé par le changement de gouvernement en mai dernier. En ce moment, le grand jeu dans les UL, c’est de demander rendez-vous aux élus socialistes pour leur expliquer pourquoi il ne faut pas qu’ils votent la loi…

Soyons clairs : le rôle du parlement, du gouvernement, c’est la « gestion de l’Etat ».

La gestion économique, la gestion politique, la gestion militaire, éducative, sanitaire etc. Aussi la gestion de l’intox par les médias… C’est la gestion de l’entreprise « France » dans la guerre mondialisée. L’Etat, le Parlement, ce n’est pas « nous », c’est le quartier général de nos ennemis, là où ils gèrent la façon dont ils vont nous faire passer, nous, au broyeur de la guerre économique.
Bien sûr la couleur peut changer d’une élection à l’autre. Bien sûr les ministres, les élus peuvent changer, selon la période de la crise, selon les tensions politiques et sociales, selon les mesures à prendre. Mais les règles du jeu restent les mêmes : l’ouvrier à la chaîne et au chômage, le bourgeois à la manœuvre et au portefeuille.
Les parlementaires (députés, sénateurs…), les ministres, ne représentent pas le peuple – contrairement à ce qu’ils prétendent. Ce sont maintenant des politiciens professionnels, qui font une carrière dans la politique sans jamais avoir connu la « vraie vie » (la nôtre, quoi !), et qui sont en charge de la gestion de l’Etat, après avoir géré des entreprises ou des institutions (Martine Aubry à Pechiney), ou avant de s’y recycler (Christine Lagarde au FMI).

Dire que « le MEDEF ne fera pas la loi », c’est juste ne rien comprendre au capitalisme, à quoi servent les lois,  la police, la justice. C’est imaginer un  monde où l’économie pourrait être capitaliste et le droit populaire. Même pas en rêve… Les réformistes sincères qui en ont rêvé en sont morts (tels Allende au Chili…).
Ouvrez les yeux, regardez un peu la réalité : le gouvernement Hollande/Montebourg montre qu’il valide tous les licenciements, toutes les fermetures, tous les plans sociaux (PSA, Goodyear, Mittal…). Face à la colère et à la mobilisation ouvrière, que fait-il ? Valls crée une police des manifestations pour empêcher toute véritable révolte.
Et vous imaginez que le gouvernement va voter une loi pour interdire  les licenciements ? (« Une loi pour interdire les licenciements boursiers ? »). Vous imaginez qu’il va être sensible à l’amicale pression des bureaucrates syndicaux pour se rendre à la raison et ne pas valider la loi ?
Ce sont bien les parlementaires qui vont faire la loi, et ce sera bien la politique du MEDEF, car telle est la politique des réformistes !

Mardi, nous défilerons dans la rue, sans réticences, car l’enjeu est d’importance, ce projet de loi est un nouveau pas majeur dans la régression sociale.
Mais partout, il faut montrer la « vraie vérité » : avec l’attitude face aux licenciements, avec la circulaire Valls pour les sans-papiers (« Circulaire Valls : leur montagne vient d’accoucher de sa souris »), avec la politique de Peillon sur les rythmes scolaires, avec l’intervention au Mali, le gouvernement Hollande/Ayrault ne se distingue que sur la méthode des divers gouvernements Sarkozy qui l’ont précédé. La gauche, c’est comme la droite.
Alors combattons cette loi, mais ne nous trompons pas : au Parlement, au gouvernement, ce ne sont pas des amis qui se trompent, ou trop mous, ce sont des ennemis qui se cachent !

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