Jeudi 17 juin 2010
La pénibilité, symbole d'une réforme de classe !
Le gouvernement vient de présenter son projet de réforme des retraites.
Comme le dit pour une fois justement la Confédération, « un recul social sans précédent »… Ce sont les travailleurs qui vont d’abord payer la facture, c’est clair et net.
Mais plus qu’un bilan comptable et qu’un exercice d’équilibre financier qui nous viderait les poches, c’est l’état d’esprit des propositions qui retient l’attention. Et à ce titre, les mesures retenues en matière de pénibilité sont plus que symboliques, relèvent bien de la provocation et surtout de la domination de classe.
Nous l’avons souvent abordé sur ce blog, la pénibilité touche au cœur de l’exploitation, au cœur des rapports de production. Travail à la chaîne ou aux pièces, horaires atypiques de jour comme de nuit, destruction physique et abrutissement intellectuel, toxiques, bruit, chaleur, stress, intempéries, c’est bien là que se jouent au final les gains de productivité, dans la chair et le sang des prolétaires au travail.
Les conséquences sont bien connues, qu’il s’agisse des morts de l’amiante, de la différence d’espérance de vie, ou notre vie réduite à n’être qu’une force de travail pressée au maximum, jetée dès qu’elle n’est plus rentable.
La pénibilité est le symbole du capitalisme, et il n’y a pas négociation avec le capital sur ce terrain.
Rendues obligatoires par la loi de 2003 sur les retraites, les « négociations » avec le MEDEF n’ont rien donné – ils savent qu’il faut préserver à tout prix les zones où l’on peut gagner en productivité, quel qu’en soit le coût. Treize réunions de bavardage entre partenaires sociaux et au final, rien, à peine une liste de situation reconnues comme pouvant être pénibles.
Et aujourd'hui, la réforme Woerth/Fillon/Sarkozy reprend mot pour mot les positions du MEDEF : refus absolu de tout caractère collectif à la pénibilité (en particulier la définition de métier ou de poste pénible), l’individualisation complète avec l’humiliation ultime (oui, c'est bien comme cela que nous le vivons) de devoir passer devant une commission médicale pour justifier d’une invalidité supérieure à 20% et avoir ainsi droit… à partir à 60 ans !!! Déjà 20%..., style deux doigts qui manquent à la main droite…
C’est une honte, un tel mépris pour l’ouvrier, une insulte supplémentaire jetée à notre figure, et aujourd'hui dans les ateliers c'était bien compris comme cela.
Les associations comme l’ANDEVA et la FNATH le rappellent dans leur communiqué : il suffira de placer les seuils à 19% dans les commissions de contrôle… et tant pis pour ceux qui ne relèvent pas d'un tableau reconnu !
Les camarades de PSA Mulhouse le rappellent dans un bon tract diffusé avant connaissance des détails (voir ci-contre, également en lien) : nombre de handicaps et de situations invalidantes se déclarent après le départ en retraite, et nombre d’ouvriers se contentent tout simplement de mourir avant 65 ans.
Le combat contre la pénibilité est un combat permanent, pas seulement celui de la réparation et d’une retraite anticipée.
C’est le combat pour les conditions de travail, pour préserver les capacités physiques et intellectuelles des travailleurs, quels qu’ils soient. C’est le combat pour changer le travail lui-même, interdire le travail de nuit (sauf bien sûr secteurs vitaux – comme la santé), le travail à la chaîne ou aux pièces, pour remettre l’homme au cœur de la société et pas le profit. C’est le combat pour changer de société, en finir avec l’exploitation qui nous réduit en pièces. C’est un combat où nous devons nous organiser, bien au-delà des calculs comptables ou des équilibres financiers pour préparer notre libération.
La retraite à 55 ans, pour tous, sans aucune condition de trimestres, 50 ans pour les travaux pénibles !
Interdiction du travail de nuit et du travail à la chaîne !
Baisse des cadences, des horaires, hausse des salaires !
C’est le capital dans son ensemble qui est pénible, finissons-en !