Mardi 20 mars 2012
Hollande hué par la CGT de Fessenheim
Lundi matin, devant son QG de campagne, François Hollande a été hué par une forte délégation de salariés de la centrale nucléaire de Fessenheim, accompagnés de la CGT et de la CGC, venus lui demander des compte (avec des panneaux sexistes d'un goût nauséabond...).
Les interrogations du technicien interviewé ne souffrent aucun commentaire. Evidemment, les travailleurs de la centrale s'interrogent sur leur avenir en cas de fermeture, et ils ont parfaitement raison d'exiger des garanties en terme d'emplois sur place. Comme il le dit, les conséquences individuelles et familiales sont lourdes.
Par contre, sur le nucléaire, juste la répétition sans fin que les centrales sont sûres et sans problèmes. On retrouve une attitude que nous avions soulignée dans notre précédent article ("Un an après Fukushima : la CGT et le nucléaire") : on défend son emploi, mais derrière on défend mordicus le nucléaire en refusant de se poser la moindre question de société, sur des enjeux pourtant énormes, à l'échelle de la planète et qui engagent l'humanité pour des siècles voire des millénaires.
On aimerait avoir un interview des camarades de Fessenheim sur leur appréciation de la catastrophe de Fukushima...
La CGT et les travailleurs de Fessenheim interpellent Hollande.
Pourtant, question anti-nucléaire, ce n'est pas un violent, c'est le moins que l'on puisse dire, tout le contraire même :
Et l'on voit dès à présent des voix s'élever pour remettre en cause l'accord électoral PS/Verts, à la suite de la CGT de l'Energie qui en a fait un cheval de bataille depuis l'origine (voir le communiqué de la FNME à l'époque). Et l'on voit Hollande annoncer une nouvelle réunion entre les deux tours ("Hollande déçoit les Fessenheim" sur 20 Minutes), on peut imaginer que la reculade est déjà en marche.
Le nouveau communiqué de la FNME du 19 mars ("Non à la fermeture de Fessenheim") ne prend même plus la peine des précautions concernant le risque nucléaire, la messe est dite : pour la CGT, les centrales sont sûres, nous avons confiance en l'Autorité de Sécurité Nucléaire.
Nous renvoyons les lecteurs à notre article précédent plus général concernant le nucléaire, mais on voit que les positions se durcissent. A partir d'une interrogation légitime sur l'emploi et les conditions de vie, renforcés par des syndicats qui finalement préfèrent encore Sarkozy à Hollande, les travailleurs refusent absolument de s'interroger sur les choix fondamentaux de société.
Comment allons-nous faire pour la "France de demain" comme le dit l'affiche de la CGT pour la semaine sur l'Industrie ("La semaine de la CGT sur l'industrie") si on ne peut pas toucher au nucléaire, aux industries d'armement, à tous les secteurs parasitaires et inutiles de la production capitaliste ? Cette société de demain risque fort de n'être que la reproduction de la société d'aujourd'hui...
Nous ne défendons pas les Verts dont le réformisme n'est plus à prouver.
Mais un syndicalisme de classe, pour une société nouvelle, ne peut être qu'anti-nucléaire. Cela suppose des choix et des transformations économiques, des choix politiques, des choix démocratiques, cela suppose des bouleversememnts majeurs par rapport à ce qu'est la société française capitaliste, dont un des piliers est précisément le lobby nucléaire (AREVA, Bouyghes, Schneider, EdF...), qui malheureusement a trouvé des relais dans le monde syndical. Cela suppose une révolution économique et politique, rien de moins.
Mais c'est bien moins utopique que d'imaginer un nucléaire sans risque et sans danger !