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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 12:45

Vendredi 25 janvier 2014

Goodyear, c'est plié !

 

Voilà, c’est fait, la CGT a signé l’accord de fermeture de l’usine avec la direction (voir l’article du Courrier Picard ).
Cette fois, elle n’a pas oublié de le faire valider par les travailleurs venus massivement présents à l’assemblée assister à l’enterrement de leur emploi, histoire de se couvrir, bien sûr…
Convoc-CE-GY-140124.jpgLe CE a déjà eu lieu pour valider l'accord, convoqué en catastrophe hier sous ultimatum du préfet. (voir la convocation ci-contre). Quant au contenu de l'accord lui-même, disponible ICI pour les curieux, il n'y a pas de quoi s'étouffer, et même FR3 Picardie est carrément circonspecte sur le caractère supposé spectaculaire de son contenu.

On notera avec amusement (?) que la CGT se désiste de toutes ses procédures juridiques (hors prud'hommes) et que moyennant quoi la direction de Goodyear va rembourser les frais de justice au syndicat à hauteur de 75 000 €, pour sans doute payer l'avocat Fiodor Rilov, alors qu'il a échoué dans la voie juridique qu'il prétendait incarner !
La porte est désormais ouverte au projet Titan, soutenu par Montebourg, à savoir la reprise de l'activité sur une usine vide, et la ré-embauche d'une petite partie du personnel (333 max sur 1173) avec un nouveau contrat de travail, avec perte de tous les anciens avantages et niveaux de salaire... On peut gager que Monterbourg va se gargariser de ce « succès » !

Bref, tout cela ne fera pas oublier qu’il n’y avait plus de vraie mobilisation depuis des mois, plus de combat réel, que c’était la résignation qui dominait parmi les ouvriers après l’échec de la voie juridique (encore une procédure déboutée supplémentaire en janvier, celle aux USA, supposée – à l’époque – mettre à genoux l’empire mondial Goodyear…).

L’occupation de l’usine et du dépôt ? Bidon, nous l’avons dit et la CGT était hyper agressive à ce propos ces derniers jours. Mais lorsque 200 camarades syndicalistes sont venus de toute la France vendredi dernier 17 sur le parking soutenir la lutte des Goodyear, ils n’ont pas vraiment vu les travailleurs en lutte, juste une équipe de délégués à peine élargie… alors que la CGT de l’usine avait bel et bien appelé à ce rassemblement. Certains le reconnaissent honnêtement quoique discrètement, d’autres « font semblant » (comme le compte rendu du Front  Syndical de classe particulièrement affligeant), d’autres enfin magouillent pour trouver une explication bidon à cette absence ; ainsi le NPA nous explique que ce sont « les menaces de la direction » qui ont empêché cette rencontre… Ah bon, c’est à cause de la direction que les travailleurs de Goodyear ne sont pas venus (soit sortis de l’usine « occupée », soit venus de la ville) à ce rassemblement ??? C’est une plaisanterie ? Mort de rire !
Camarades, « seule la vérité est révolutionnaire », et on ne construira rien sur les mensonges et les magouilles… Et quand il s’agit de la lutte des classes, la réalité nous rattrape à coup sûr…

 

Certes, le lendemain (samedi 18), il y avait un peu de monde avec les familles dans rues d’Amiens (voir ci-contre) , mais très loin des mobilisations de 2010, et pas vraiment de pêche. Pourtant l’initiative était bonne, mobiliser les familles, les conjoint(e)s, les enfants même (il aurait pu se faire du boulot de popularisation dans les lycées !). Mais elle arrive un an et demi trop tard, au moins !
La CGT Goodyear a refusé d’élargir sa lutte, tellement ses dirigeants étaient persuadés de gagner en justice, de faire plier le capital par la voie juridique. C’est quand même Mickaël Wamen qui disait fin 2010 « Les manifestations main dans la main, avec bobonne et les chiens, ne servent à rien. La lutte passe aujourd’hui par le juridique ». Ils ont refusé toutes les initiatives de coordination des luttes, et Xavier Mathieu (Continental) comme Jean-Pierre Mercier (PSA) présents sur le parking n’étaient pas rancuniers après ce qu’ils ont pu entendre sur leur lutte. Ils ont refusé tout combat commun avec les travailleurs de l’autre usine Goodyear, Dunlop, celle qui est de l’autre côté de la rue. Ils ont refusé l’information et la mobilisation de la population amiénoise et autour. Et ainsi de suite.

 

Non, l’accord signé, c’est la logique de l’échec de la CGT de l’usine. Ou plus exactement le résultat de leur orientation totalement réformiste (quoique très radicale dans le discours) face à la crise du capitalisme. Il faut quand même le faire : dans une usine à forte tradition combative (cf les salons de l’auto 2008 ou 2010), ils ont réussi à démobiliser les travailleurs, à tel point que la fermeture a eu lieu sans lutte réelle, mis à part quelques initiatives à Rueil qui ont eu malgré tout un petit caractère massif et déterminé…

L’heure est désormais au bilan, que nous avons commencé à aborder dans notre article  précédent (« Goodyear : sursaut de révolte ? »). Pour l’heure, nous renvoyons à tous les articles publiés sur ce blog autour de la lutte pour l’emploi à Goodyear…

 ICI

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