Vendredi 15 avril 2011
Front National : comment a lieu le débat dans la CGT ?
La désafiliation du syndicat CGT des communaux de Nilvange (Moselle) et le "cas Engelmann" ont brassé dans la CGT, comme nous l'avons rapporté dans cet article précédent.
Et ça continue.
Communiqué de la Fédération CGT des Services publics - Non à l’extrême droite, oui au progrès social !
Réuni ce 6 avril 2011 pour statuer sur la situation du syndicat CGT des agents territoriaux de la mairie de Nilvange, le Comité national de la Fédération CGT des Services publics a adopté les décisions suivantes :
« Considérant la publicité donnée par Fabien Engelmann à son adhésion au FN, parti prônant des thèses contraires aux valeurs de la CGT, et l’utilisation à cette occasion de son appartenance à la CGT, Considérant la confiance renouvelée par la majorité des adhérents du syndicat de Nilvange à F. Engelmann après cette annonce publique, Considérant les rencontres organisées avec F. Engelmann et les adhérents de son syndicat, réunions qui n’ont pas conduit à ce que le point de vue de ces derniers évolue dans le sens des statuts et orientations de la CGT,
- Le Comité National Fédéral réuni le 6 avril décide, en accord avec l’Union départementale 57 et sur la base des statuts confédéraux et fédéraux, la désaffiliation du syndicat des territoriaux de Nilvange. A compter de la notification de cette décision, il n’y aura donc plus de syndicat CGT à la mairie de Nilvange.
- Le CNF acte la nécessité de poursuivre le travail de reconstruction d’un syndicat CGT dans la collectivité.
- Les adhérents du syndicat, dès notification de la décision de désaffiliation, ne seront de ce fait plus adhérents à la CGT. Celles et ceux qui souhaiteraient poursuivre leur adhésion à la CGT, sur la base du partage de ses valeurs, pourront ré-adhérer et devront pour cela prendre contact avec la Coordination Syndicale Départementale des Services publics.
- S’agissant de Fabien Engelmann, le CNF constate qu’il s’est de lui-même mis en dehors de la CGT en l’instrumentalisant au profit d’un parti prônant des thèses contraires à nos valeurs et en conduisant ainsi son syndicat à la désaffiliation. »
Plus largement, le CNF a affirmé sa détermination à combattre toute nouvelle tentative d’instrumentalisation au profit des thèses de l’extrême droite et de leur banalisation. Il a en outre adopté un plan de travail d’alerte et d’information des agents territoriaux quant aux projets du Front national concernant la Fonction publique, projets contraires aux principes de neutralité, d’égalité de traitement, et porteurs de graves régressions pour les services publics territoriaux, leurs usagers et leurs agents.
Le CNF considère enfin que les politiques gouvernementales et patronales de régression sociale créent les conditions de la montée de l’extrême droite. Le meilleur moyen de lutter contre celle-ci est donc le développement du rapport de force, par les luttes et la syndicalisation pour porter haut et fort l’exigence du progrès social.
Montreuil, le 6 avril 2011
Il y a tout d'abord eu le 6 avril avec la décision finale de la Fédé des services publics, dont le communiqué (ci-contre en encadré) a déjà été largement diffusé.
Mais il convient de s'arrêter sur le rapport de Baptiste Talbot à la Commission Exécutive fédérale ayant traité de l'affaire, ayant débouché sur ce même communiqué (ci-dessous en intégral sur l'image).
Ce rapport contient quelques éléments intéressants, et de gros vides.
L'intéressant, c'est qu'il mène une critique assez approfondie de l'influence de l'extrême droite, jusqu'à une critique explicite du courant rouge-brun de "Riposte laïque", que nous dénoncions dans notre article précédent, et dont le fondateur animateur se dit toujours à la CGT. C'est assez important pour le souligner, car cela met mal à l'aise de nombreux camarades de la CGT, qui trouvent que quand même, il ne faut pas exagérer, qu'il y a des choses de vraies même si elles vont trop loin, bref, tous ces arguments foireux qu'on entend autour de nous et qui ouvrent, même sans le vouloir, le chemin à l'extrême-droite et au FN.
Il faut le dire, le répéter, le marteler : aucune concession avec ce courant laïcard, qui a trahi toutes les positions de classe pour s'aligner sur les positions nauséabondes anti-immigrées sous couvert de critique d'un prétendu islamisme marginal et d'une laïcité totalement bourgeoise. "Les prolétaires n'ont pas de patrie", voilà le seul mot d'ordre de la classe ouvrière internationale !
Les gros vides portent bien entendu sur les conséquences politiques de ces positions de principe.
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Pas un mot (dans la fédération des Services Publics !!!) sur la préférence nationale qui existe pour l'emploi dans la Fonction Publique. Pas un mot, silence radio, alors que c'est déjà tout un secteur de l'économie qui
est soumis aux priorités du FN. Et quand elle s'entrouvre aux étrangers (via les vacataires, les précaires, les statuts de droit privé, la sous-traitance...) comme à La poste, la SNCF,
l'Hôpital, EdF ou autres, c'est pour des emplois au rabais, surexploités et qui tirent l'ensemble des travailleurs vers le bas.
Nos camarades fonctionnaires doivent regarder la réalité en face. On ne peut pas en même temps exiger à juste titre le rapatriement de la sous-traitance (comme par exemple dans le nucléaire - voir le dernier communiqué ICI) et rester silencieux sur la préférence nationale dans la fonction publique. Sinon, de fait, quelles que soient les grandes déclarations de principe, on aboutira à s'opposer à nos camarades immigrés, avec ou sans papiers, et à faire le jeu de Sarkozy, Guéant ou Le Pen. -
Et par voie de conséquence, rien sur des positions de la CGT relativement aux sans-papiers. Le rapport se gargarise des
"grands succès" de la CGT pour la régularisaiton des sans-papiers, au mépris des résultats catastrophiques de cette lutte menée au mépris de nos camarades et de la lutte des classes. Mais nous en avons déjà beaucoup parlé sur ce blog...En tous les cas, pour combattre jusqu'au bout la préférence nationale
dans tous les domaines, les seuls mots d'ordre qui tiennent, c'est "Régularisation sans condition de tous les sans-papiers", "Le cas par cas, on n'en veut pas !", et "Libre circulation de tous
les travailleurs !"
On le voit, il y a encore du chemin à faire, et le combat se poursuit.
On notera également dans ce combat un communiqué de la FERC autour de la laïcité et de la xénophobie (voir ICI) qui se démarque de manière positive et
d'ailleurs appelle à la manifestation du 28 mai pour "la régularisation des sans-papiers", sans autre précision... Mais de cette
manifestation nous reparlerons.