Dimanche 3 avril 2011
FN : la vase commence à être remuée dans la CGT...
Fabien Engelmann pas encore exclu après sa réception d'honneur à Montreuil (cela doit se régler le 6 avril, beaucoup n'ont pas eu droit à toutes ces attentions... mais bon), les vagues commencent à remuer la vase dans notre Confédération, comme nous le prévoyions.
Le cas Engelmann, en tant que tel, n'est pas très important. Mais il peut très bien illustrer les dérives d'une certaine petite bureaucratie syndicale ambitieuse (comme le détaille ICI de manière intéressante un site des RedSkins), à la dérive faute de base idéologique solide (mais c'est hélas de plus en plus le cas dans notre syndicat...), et en plus évidemment manipulée par le FN. Cela dit, celles et ceux qui l'ont entendu à France Inter le 31 mars, ont compris que le personnage était bien clair dans sa tête, un bon militant de la préférence nationale, et que si manipulation il y a, elle est consentante !
Quoiqu'il en soit, Engelmann annonçait le "coming out" de "dizaines" de militants FN au sein de la CGT, c'est peut-être un peu
prétentieux, mais nous savons qu'il y a une part de vérité, avec une vieille influence frontiste dans notre syndicat. Dès les années 90, on en avait vu la présence (honteuse) dans certains
secteurs du Livre, dans le Nord Pas de Calais et ailleurs. On en verra d'autres, sans aucun doute.
Mais il y a plus grave que le Front National.
Oui, les militants du FN, nous savons les combattre, il sont quelque peu bannis officiellement.
Il y a tou(te)s celles et ceux qui avancent masqués, sous couvert de préférence nationale, de laïcité ou de "fabriquons français". Nous reviendrons prochainement sur le thème de la préférence nationale en termes économiques. Mais nous voulons insister ici sur la question de la laïcité.
Aujourd'hui, dans l'UD 94, se mène une lutte compliquée contre un militant connu des territoriaux (tiens, comme Engelman, comme Pech le militant de SUD à Toulouse, y aurait-il quelque chose à creuser de ce côté ? - Aux camarades territoriaux de répondre...).
Vieux militant CGT, la CSD des territoriaux du 94 vient de refuser qu'il les représente au Congrès de la Fédération des Services publics (voir la déclaration ICI).
Car ce militant a été actif sur le site "Riposte laïque", même s'il a rompu avec lui récemment, et a vu ses articles reproduits
sur des sites d'extrême-droite, ce qui veut dire au moins qu'il n'y avait pas de contradictions... Et il n'a pas changé de convictions.
La polémique est d'autant plus vive que la situation est délétère dans le Val de Marne depuis quelque temps, nous en avons déjà parlé, et que celles et ceux qui mènent l'offensive ne sont pas par ailleurs les plus radicaux.
Alors parlons de laïcité et de ce site qui semaine après semaine se révèle une annexe nauséabonde des thèses les plus sordides de l'extrême-droite (c'est l'initiateur de l'apéro saucisson-pinard à la Goutte d'Or, c'est pour dire !).
Tiens, tiens, ce site est animé par un militant CGT de longue date, Pierre Cassen, syndiqué du livre CGT depuis 1974. Au nom de la "laïcité", il mène de fait combat contre l'islam, et de fait contre la fraction immigrée de la classe ouvrière. Il contribue à développer l'idéologie de la "préférence nationale", le nationalisme, le chauvinisme, la haine de l'étranger.
Il n'est pas possible de faire une virgule de concession à ce courant "Rouge-Brun" qui a déjà fait des dégâts dans le passé dans le mouvement militant. En ce sens, nous ne pouvons qu'approuver, sans aucune réserve, l'impossibilité de ce militant du 94 de participer au congrès fédéral (ce qui ne dédouane nullement les manoeuvres réformistes, bien sûr).
Quand on voit d'autres militants syndicalistes et politiques prendre sa défense (par exemple un militant FSU et PG sur Agoravox), on se dit que le combat va être rude, et qu'il ne faut pas lâcher. Il ne s'agit pas d'une chasse aux sorcières (comme effectivement on en a connu dans la CGT contre des militants de classe...), mais bien d'une lutte frontale contre le nationalisme et ses dérives.
Mais comment ces dérapages sont-ils possibles ?
Tout simplement parce que les laïcards ont perdu tout repère de classe. Il faut dire que l'évolution de la Confédération pousse dans ce sens. Au 48ème Congrès, la notion de Lutte des classes était totalement absente du document d'orientation. Au 49ème Congrès, elle a été réintroduite de manière marginale (pour limiter les vagues face à l'opposition) mais dans le cadre du "développement humain durable" d'une société fraternelle débarassée de tout conflit de classe...
Quand on se dit internationaliste, quand on se dit révolutionnaire, quand on prétend représenter la classe ouvrière et les
prolétaires, on doit au contraire absolument séparer nettement les camps, s'ancrer sur un point de vue de classe.
D'un côté la classe ouvrière multinationale et la solidarité internationale, de l'autre la bourgeoisie, ses manoeuvres, son patriotisme d'entreprise et la défense du rang de son impérialisme dans la guerre économique mondiale.
C'est pour cela que nous défendons les sans-papiers, non pas sur critères et au cas par cas, en fonction de la bonne santé de tel ou tel secteur économique, mais sans condition, pour l'unité et la libre circulation des prolétaires. C'est pour cela que nous revendiquons l'ouverture de la Fonction Publique à tous, sans condition de nationalité.
C'est pour cela que nous disons que dans la lutte pour l'emploi, nous refusons toute préférence nationale qui nous entraîne sur le terrain de la guerre économique de nos exploiteurs.
C'est pour cela que nous disons qu'en termes de laïcité, il y a des combats plus importants que l'islam, comme par intégration sans condition des établissements privés dans l'école publique.
C'est pour cela que nous refusons toutes les discriminations qui ne provoquent que les divisions néfastes dans le mouvement
ouvrier !
Il faut être sans concession contre le FN et tous les remugles nationalistes et xénophobes. Il faut mener le combat contre la préférence nationale, laïque ou pas, non pas en termes de société en général, mais en termes de classe, pour l'unité de combat des travailleurs de toutes nationalités, contre les exploiteurs de toutes les nationalités !
Le combat ne fait que commencer dans notre syndicat, il faut le mener jusqu'au bout, extirper toutes les racines de ce poison !