Mardi 21 septembre 2010
Et après le 23, la grève générale ?
La journée de jeudi s'annonce forte et mobilisée.
Mais partout monte la même interrogation ? Et après ? Cela a fait débat sur ce blog, mais ailleurs aussi.
Nous reproduisons ci-dessous deux documents.
Le premier est une déclaration de la CGT SEVA à Châlons sur Saône (dont nous avons déjà publié plusieurs déclarations), qui s'interroge sur la motivation réelle des directions syndicales à mobiliser, quand on ne se donne pas les moyens de construire un mouvement suivi. Ne se réunir que le vendredi 24 pour une nouvelle initiative, qui ne pourra donc avoir lieu que la semaine d'après, est très révélateur en ce sens.
Les camarades reprennent à juste titre ce qui semble être un des débats du CCN du 11 septembre : "ayant « raté l’après 7, il ne faudrait pas rater l’après 23". On ne saurait mieux dire...
Le deuxième est un appel de "syndicalistes unitaires", dont nous avions également parlé dans l'article précédent et publié le projet pendant quelques heures, avant qu'on nous demande de le retirer - ce que nous avions fait sans bien comprendre l'intérêt de ne publier qu'un texte ficelé, sans débat public, mais bon...
Cet appel comporte des signatures connues, comme celles de nos camarades de la métallurgie du Nord Pas de Calais, les camarades
de Philips Dreux, de Continental Clairoix, de la SBFM, nombre de camarades de SUD et d'ailleurs. Il peut également être signé en ligne ICI.
Il comporte une analyse intéressante de ce qu'est le capitalisme comme système de société et de la nécessité de repasser à l'offensive, d'exister à nouveau comme classe en lutte.
Mais les deux documents souffrent du même travers, que nous notions précédemment.
Ils mobilisent pour "la grève générale", pour l'affrontement, mais sans contenu précis, sans mots d'ordre, sans plateforme. Soyons même caricatural : il pourrait y avoir une grève générale pour défendre l'état des lieux, la retraite à 60 ans... et nombre de réformistes pourraient tout à fait s'y retrouver.
La question, c'est de savoir ce que nous voulons, "comme classe sociale" (pour reprendre une juste formule de l'appel des syndicalistes).
- nous voulons mettre un point d'arrêt à l'offensive Sarkozo-Parizienne. Nous voulons une bonne fois arrêter le rouleau
compresseur de l'alliance Gouvernement/MEDEF. En ce sens, l'appel à la grève générale et au retrait de la réforme répond à notre attente. Donc nous soutenons, sans réserve ces appels, et il n'y a
pas lieu de s'opposer à leur signature.
- nous voulons beaucoup plus, défendre nos exigences, nos revendications face à une vie de plus en plus dure. Et là, il faut savoir ce que l'on veut. Pour nous, c'est clair, c'est
55 ans sans condition de trimestres
50 ans pour les métiers pénibles
et le combat pour l'interdiction du travail de nuit, à la chaîne, etc.
On ne pourra réunir, et combattre efficacement, construire le long terme, que sur une base minimum, à la fois de lutte et de
contenu. Depuis le début du mouvement, nous avons pu constater la force et la puissance de débat autour de ces revendications qui "défrisent" et ne sont pas vraiment consensuelles.
Toutes celles et ceux qui multiplient en ce moment les appels à la grève générale, à la reconduction, sans donner de contenu revendicatif, imaginent que celui-ci va surgir comme par magie de la lutte de classe elle-même. C'est une illusion, celle qui traîne depuis des décennies dans le mouvement ouvrier français : celle qui depuis 1830, 1848, la Commune, 1936, 1945, 1968, 1995 etc. imagine que la force de la lutte suffit à ouvrir l'avenir.
Or si le mouvement gréviste peut bloquer un temps l'offensive patronale, il n'est pas en lui-même source de projet et d'avenir. Le rôle des syndicalistes de classe, des militants d'avant-garde, c'est justement de proposer un autre chemin, un autre espoir, un autre avenir - une autre société pour une autre vie ! C'est le sens de la bataille que nous menons depuis de longs mois...
Alors, soyons attentifs, dans toutes les assemblées, toutes les réunions, menons le débat et la mobilisation pour construire l'avenir !