Aujourd'hui, les Contis défilaient à Amiens, contre la condamnation en justice et pour la relaxe, classe contre classe pour affirmer que la classe ouvrière est encore bien vivante, refuse les lois de cette société barbare pour demain, changer tout la société.
A Philips EGP (Dreux - 28) d'autres ouvrières et ouvriers luttent contre la fermeture de l'usine, comme Continental a été fermée. Après deux vagues précédentes de licenciements, c'est la fermeture finale...
Et la CGT de l'entreprise, animée par des camarades de lutte de classe, développe le combat sur un mode aussi original que radical. Dès septembre, un conseil ouvrier était mis en place pour préparer le combat, autour du mot d'ordre "Pas un seul licenciement, maintien de tous les emplois sur le site". Mi novembre, un grand rassemblement de lutte et de solidarité avait lieu pour élargir au maximum le soutien.
Depuis la semaine, dernière et en forme de résolution de nouvelle année, la lutte s'est radicalisée.
Les ouvriers ont "pris le contrôle de la production" depuis le mardi 5 janvier. C'est à dire (derrière la formule un peu ronflante) qu'ils ont repris la production de leur propre initiative (l'usine tournait au ralenti) en stockant les produits finis dans un hangar sous contrôle. C'est quelque part la reprise de la lutte des LIP en 1974, "On fabrique, on vend, on se paie"... Immédiatement, cette forme à la fois originale et radicale lui apportait un large soutien, de tous les secteurs en lutte.
Prise de court, la direction restait silencieuse, jusqu'à Lundi où elle envoyait un huissier constater l'effroyable "délit" de travailleurs voulant défendre leur emploi à tout prix...
Aujourd'hui, nouvelle attaque. Le délégué CGT écrit : "Aujourd'hui, une attaque de la direction vient d'affaiblir le mouvement ouvrier. La fragilité des membres du syndicat FO qui semblent aujourd'hui ne pas assumer totalement mouvement, ouvre les portes à la reprise par la direction du contrôle de la situation. Cela n'empêche pas la détermination du syndicat CGT, qui en diligentant une mission du CHSCT, a stoppé l'action de reprise du contrôle mené par la direction qui voulait récupérer le stock des travailleurs."
Demain, jeudi 14, au lieu de manifester à Chartres comme prévu devant la préfecture, pour exiger le maintien des emplois, la CGT de Philips appelle à se rendre sur place soutenir les camarades en plein combat ! Soyons nombreux à leurs côtés !
Au delà de l'exemple de Philips...
L'emploi est un droit fondamental, celui de vivre en société, d'être utile à la collectivité, de participer d'une oeuvre commune et collective.
C'est ce droit fondamental que nie le capitalisme, qui en fait une affaire privée. Les ouvriers, les prolétaires sont réduits à l'état de ressources humaines, à côté des machines, des matières premières et des pièces détachées. Surexploités quand on a besoin d'eux pour valoriser le capital, jetés comme des kleenex quand c'est plus rentable ailleurs. Fondamentalement, le capital, ce n'est pas une masse monétaire, plus ou moins spéculative, c'est un rapport social d'exploitation pour extraire la plus-value de notre force de travail.
Et à l'heure de l'impérialisme, il s'approprie tous les aspects de notre vie, non seulement l'exploitation à l'usine, mais la vie familiale, les études, la santé, les loisirs, le logement, l'avenir des enfants...
Quelque part, en affirmant le "contrôle ouvrier" sur l'usine Philips, les ouvrières et ouvriers "remettent le monde à l'endroit", c'est à dire qu'ils montrent où doit être la vraie priorité, qui doit diriger.
La lutte pour l'emploi est rude et âpre, tant elle touche au coeur du capital : la concurrence, la guerre économique, la productivité, la mondialisation. Dans cette guerre sans pitié, il faut justement aller au coeur, remettre en cause les règles du jeu de ce monde de barbares où nous vivons.
Pour cela, il faut soutenir les camarades de Philips, et leur expérience originale : il s'agit non seulement de construire un rapport de forces le plus solide possible, mais en même temps, de montrer l'inhumanité et l'impasse totale du capitalisme, et d'ouvrir la porte et les esprits à un espoir, celui d'une société dirigée par les travailleurs, à leur service, selon leurs besoins et leurs priorités.
Pour autant, il ne faut pas rêver et imaginer plus loin que la société ne peut le permettre. Nombreux parmi les soutiens aux Philips, alternatifs, libertaires, réformistes de gauche, crient au génie, au contrôle ouvrier, à la mise en place d'une coopérative ouvrière comme solution au capitalisme. Nous le disons haut et fort : ce n'est qu'une illusion.
Le contrôle ouvrier mis en place par les camarades de Philips doit être soutenu pour ce qu'il est : une arme de lutte radicale, porteuse de l'idée d'un avenir différent et surtout meilleur. Mais il ne doit pas laisser croire qu'on pourrait ainsi réformer le capitalisme. Les SCOP (qui reviennent bien à la mode) sont des entreprises capitalistes comme les autres, soumises au marché et à la concurrence, où la division du travail est parfaitement capitaliste. Ce qu'explique très bien un expert de la question :
Le socialisme ne peut pas venir de la généralisation des SCOP, de l'augmentation de l'autogestion. Imaginer un autre monde, c'est d'abord changer les règles du jeu, éliminer la concurrence, le profit, la propriété privée des moyens de production, définir la production en fonction des besoins du peuple et pas du capital, remettre en cause la division du travail (par exemple le travail à la chaîne, le travail posté, le travail de nuit, la division entre décideur et exécutant etc.) destructeur physiquement et intellectuellement.
Aucune SCOP, aucune autogestion ne peut y répondre tant que le prolétariat, les travailleurs n'ont pas le pouvoir d'Etat entre leurs mains, leur permettant de mettre en place la société nouvelle, les nouvelles règles du jeu. Rappelons l'histoire de la Yougoslavie des années 60 où l'autogestion était généralisée, et où, donc, les entreprises autogérées se trouvaient en concurrence les unes avec les autres, où les ouvriers en arrivaient à s'exploiter eux-mêmes !
En France, les SCOP sont nombreuses, fonctionnent comme des entreprises capitalistes, avec dirigeants et exécutants, recherche de marchés, limitation des salaires, utilisation de la précarité (CDD, intérim), comme n'importe quelle entreprise. Normal quelque part : on est dans le jeu de la concurrence et du marché !
Alors ne nous trompons pas, ne fantasmons pas... L'économie dite "sociale" (dont les SCOP font partie) n'est qu'un des volets de l'économie capitaliste.
En attendant, c'est de partout que nous devons soutenir les camarades, ils montrent la voie pour transformer toute la société !
Messages de soutien : cgt.pegp@aliceadsl.fr