Jeudi 24 mai 2012
Commerce CGT : jusqu'où les laisserons-nous aller ?
Nous publions ci-dessous un texte de divers secteurs oppositionnels dans la Fédération du Commerce et des Services, qui font le point des affrontements en cours. Ce document est accompagné sur l'article original de plusieurs fac-similés de courriers officiels (recommandés, tribunal etc.) qui montrent à qui veut bien le lire où sont tombés des dirigeants qui osent encore se dire syndicalistes.
Comme on le verra, les choses ne s'arrangent pas (on pouvait malheureusement s'y attendre) et les licenciements annoncés sont dans la suite logique des affrontements précédents, que nous avons rapportés sur ce blog.
Tous les articles sur le conflit dans la Fédération du Commerce et des Services CGT, ICI.
Il faut maintenant arrêter de rêver à une supposée médiation confédérale, elle a eu lieu (Doneddu) et elle pris le parti de la Fédération. Il faut arrêter de s'afficher comme les meilleurs militants de la CGT et assumer la seule réalité : ces militants combatifs du commerce sont de fait, qu'ils le veuillent ou non, en contradiction avec la CFDTisation de la confédération. Il faut arrêter d'imaginer des arrangements qui n'arriveront jamais. Le conflit dans la fédération du Commerce est désormais clair, tracé au rasoir. Il y a deux camps, deux côtés à la barricade : il faut choisir le sien.
[nota : chaque fois qu'il est indiqué "voir doc", c'est en référence à l'article original, ICI]
Jusqu’où les laisserons-nous aller ?
mardi 22 mai 2012
Voilà, c’est fait !
Moins d’un an après le congrès de Poitiers, la direction de la fédération du commerce a choisi de licencier Olivier Bireaud (voir
doc) et une procédure de licenciement vise Yücel Basarslan (voir doc).
Les prétextes importent peu, même s’il convient d’y répondre. La méthode est scandaleuse, même si elle ne nous surprend
pas.
Quant aux promesses faites (avant le congrès) par Michèle Chay, secrétaire générale de la fédération CGT du commerce, de la
distribution et des services, qu’il n’y aurait « jamais de licenciements » à la fédération, elles viennent s’ajouter aux innombrables mensonges que les militants de la fédération ont l’habitude
d’entendre.
Les faits sont têtus : déjà en octobre 2010, Sandra Buaillon,secrétaire fédérale en exercice avait été mise au chômage (voir doc),
la fédération refusant de tenir les engagements pris envers elle.
Yücel Basarslan a dû saisir le juge des référés pour obtenir le paiement de ses salaires depuis le mois de janvier car la
fédération refuse d’appliquer le contrat... qu’elle lui a imposé. Condamnée, l’UD du Haut-Rhin a fait appel de la décision de justice, persistant à nier que la CGT est bien l’employeur de
Yücel. Pourtant, elle a entamé dans le même temps une procédure de licenciement contre lui !
En juillet 2011, l’US de Paris dont l’activité et les résultats ne sont un secret pour personne se voyait confirmer une subvention
fédérale divisée... par 4 ! (voir doc) La subvention a totalement disparu en 2012 et l’US a déjà dû procéder à un premier licenciement économique (voir doc). Cette organisation qui a la charge de
milliers de syndiqués parisiens est menacée d’asphyxie.
Le licenciement d’Olivier Bireaud n’est donc pas le licenciement d’un salarié fautif, comme tente de l’expliquer la
fédération.
Le vrai fond, c’est qu’il est interdit d’exprimer des désaccords avec la manière dont notre fédération est dirigée, y compris (et
surtout !) lors des congrès.
Il est difficile de faire croire, dans ces conditions, que le fonctionnement de notre organisation est démocratique. Pire encore
et depuis maintenant deux ans, notre fédération ne décide plus pour elle-même, depuis qu’elle a été placée sous la tutelle de Michel Doneddu (voir doc), administrateur confédéral.
Plus que jamais, les syndiqués du commerce et des services doivent reprendre leur destin en main. Ce ne sera pas facile, car nos
secrétaires fédéraux sont prêts à tout pour conserver leur place. Ils font du chantage aux délégués récalcitrants, ils ferment les yeux sur des pratiques syndicales indignes de notre
organisation, ils couvrent des actes qui feraient honte à plus d’un patron.
Ce ne sera pas facile, comme dans nos boîtes, mais c’est néanmoins nécessaire. Nous sommes nombreux à avoir décidé de résister car
nous tenons à la CGT et à sa place essentielle auprès des salariés. Notre organisation mérite mieux qu’une « équipe » dont l’attention principale ne se focalise pas sur les luttes mais sur
l’élimination d’« opposants », réels ou fantasmés.
Aujourd’hui, ce sont Olivier, Yücel et l’US de Paris qui servent de bouc-émissaire, pour tenter de masquer les carences du
secrétariat fédéral et pour occuper les esprits à autre chose qu’au travail revendicatif.
Mais voilà bientôt un an que les camarades désignés du doigt ne sont plus dans la direction fédérale. Et à ce jour, la fédération
ne se montre pas plus efficace, bien au contraire !
Faudra-t-il, demain, en désigner d’autres pour continuer d’excuser l’indigence d’une organisation qui capte près du tiers de nos
cotisations ?
Combien de temps encore va-t-on cacher le bilan de notre fédération ?
Faire du syndicalisme, c’est d’abord agir. Ce n’est pas se contenter de déclarer, sur papier glacé, qu’ « ensemble on est plus
forts », tout en s’attachant à nous dresser les uns contre les autres.
La mobilisation des salariés, le rapport de forces, c’est aussi la capacité de la fédération à fédérer les revendications, à
anticiper les nouveaux enjeux, à former et apporter l’aide nécessaire aux militants, toutes choses qu’elle ne fait pas ou très peu.
Non, les adhérents de la fédération ne sont pas divisés sur l’emploi, le temps de travail, les salaires, ou les conditions de
travail. Non, les divergences que nous pourrions légitimement avoir sur ces questions de fond n’expliquent pas la violence qui règne dans l’esprit des secrétaires fédéraux.
Ce qui explique la violence, c’est la peur. La peur des syndiqués, des idées, du débat, du mouvement.
Cette peur ne doit pas être communicative !
En l’occurrence, le pouvoir d’une minorité ne tient que par le manque de réaction de la majorité.
Or, nous sommes certains que la majorité ne peut accepter les licenciements pour délit d’opinion, ou l’asphyxie financière des
organisations qui expriment des désaccords. La majorité ne peut approuver le soutien apporté par la fédération à des briseurs de grève. Elle ne peut fermer les yeux sur les utilisations douteuses
des moyens fédéraux (voir image). Elle n’accepte pas que la fédération aggrave les divisions plutôt que de les aplanir (voir doc).
Pour agir, cette majorité doit être informée et pouvoir contrôler ce que disent les uns et les autres.
Surtout, une fois informée, elle doit imposer son point de vue. Elle en aura les moyens, si elle le décide.
L’immense majorité des adhérents ne ressemble pas à ceux qui prétendent diriger la fédération. Alors, nous avons décidé de mettre
à leur disposition tous les documents que nous avons en notre possession et qui prouvent ce que nous disons.
Lorsque chacun aura pu se faire son idée, alors chacun pourra prendre position, sans crainte d’être manipulé ou sanctionné. Et la
fédération pourra enfin changer !
Dans l’immédiat, nous demandons l’arrêt de la procédure de licenciement de Yücel Basarslan, la réintégration d’Olivier Bireaud et
le rétablissement de la subvention de l’US commerce et services CGT Paris.
Premiers signataires :
Union Syndicale CGT commerce et services Paris
Syndicat CGT commerce et services du bassin Alésien
Syndicat CGT Transgourmet
Syndicat CGT Samaritaine
Syndicat commerce et services de Brest et de sa région
Pierrick Villette - Militant CGT Darty
Syndicat CGT Printemps Haussmann