Vendredi 19 octobre 2012
Après les manifestations des 29 septembre et 9 octobre
La première quinzaine d’octobre a été la vraie rentrée sociale et la première période de mobilisation d’ampleur contre le
nouveau gouvernement Hollande /Montebourg.
Malgré tous les efforts des directions syndicales, des partis « de gauche » qui s’égosillaient à demander que le gouvernement «
penche » du côté des travailleurs, « contrebalance » la pression du MEDEF, pour les plus combatifs d’entre nous, l’affaire est pliée : Hollande
ne fait rien de plus que Sarkozy, et l’avenir de nos emplois est bien sombre face à la nouvelle vague de restructurations qui se profile à l’horizon.
Maintenant, il n’y a que sur nos propres forces que nous pouvons compter.
Le 29 septembre
Premier galop d’essai, le rassemblement du 29 septembre à Aulnay, en soutien à la lutte des PSA (« 29 septembre : meeting départemental pour l'emploi à Aulnay
(93) »).
Du monde, certes. Le ban et l’arrière ban des militants du 93, la CGT avait bien mobilisé, LO et le NPA en force. Mais pas plus
que devant l’usine le 22 mars, et surtout, juste les militants. Pas
grand’monde de la cité de la Rose des Vents, et même pas grand’monde de PSA – les ouvriers en ont un peu marre de ces meetings à répétition où ils entendent toujours la même chose, ils
préfèrent l’action directe, le blocage des péages à Senlis ou le Salon de l’Automobile.
Donc
un rassemblement décevant, d’autant qu’il était calé dès le départ, pas d’intervention imprévue, pas de débat, surtout pas d’incertitude, le meeting blindé, quoi.
A tel point que Philippe Poutou, venu à la tête d’une délégation des Ford après leur manifestation au Salon de l’automobile
s’est vu interdire de parole par l’Union Départementale CGT, au prétexte qu’il n’était pas prévu d’intervention « politique »... N’importe quoi ! Pour les amnésiques, Poutou est d’abord le leader
syndical des Ford Blanquefort ! Est-ce qu’on interdit la parole à Hervé Ossant (secrétaire de la CGT 93) qui est au PCF et a appelé à voter Front de Gauche, ou à Jean-Pierre Mercier qui est à LO
et a été candidat aux législatives ?
Les camarades de Ford feront d’ailleurs une mise au point (voir ci-contre) qui sera diffusée uniquement par SUD – le monde à
l’envers !
Le sentiment de malaise, en particulier parmi les travailleurs de PSA avait été renforcé par l’intervention le matin même du SIA
qui avait fait cavalier seul à l’ouverture du Salon de l’Automobile, en distribuant des « cartons rouge » à Montebourg. Cela fera des vagues dans l’usine la semaine qui suivra !
Le 9 octobre au Salon de l’automobile
Entre 1000 et 2000 personnes très remontées devant les grilles du Salon de l’Automobile ce samedi matin. Des délégations
importantes et fournies venues de tout le secteur automobile, mais à part PSA Aulnay (arrivés un peu tardivement à 600), pas de délégation massive. Les Goodyear, par exemple étaient très très
loin des 300 participants du mondial 2010 (moins de 100).
A noter une délégation importante de travailleurs d’Opel Bochum (RFA) venus manifester aux côtés des camarades français,
comme le 28 juin (« PSA et GM : internationaliser le combat ! ») ou
autour du manifeste international (« Manifeste international des
Travailleurs de PSA – GM »), et qui ont eu de nombreuses discussions avec les délégations françaises.
A noter également une délégation notable de camarades de la CGT Ford, manifestement embarrassés par leur cavalier seul du 29
septembre et qui cherchaient ainsi à faire vivre l’unité de la lutte pour l’emploi, à la suite d’ailleurs de leur participation au meeting des PSA à Aulnay.
Pour tous, l’exaspération, la colère, l’envie d’en découdre. Le sentiment que Hollande
poursuit la politique de Sarkozy, ça c’était vraiment partagé.
Les discours de la tribune sur la défense de l’industrie étaient à peine écoutés, c’était bien la défense de l’emploi, de l’intérêt ouvrier qui était au cœur des préoccupations, comme nous en soulignions l’importance (« L’enjeu syndical du salon de l’automobile 2012 »).
Une manifestation très combative (voir le compte rendu de la CGT Renault Cléon ci-contre) et si les manifestants n’ont pas
réussi à rentrer dans le salon comme en 2010, les affrontements avec les gendarmes mobiles (voir les vidéos en fin d’article) ont à la fois montré la colère ouvrière et la position du
gouvernement : pas question de laisser toucher à la foire exposition des exploiteurs, et s’il faut gazer pour cela les ouvriers, pas de souci.
On relativisera une remarque entendue ça et là : « En 2010, on était rentré dans le salon, en 2012 le gouvernement l’interdit ».
Nous nous permettrons de faire gentiment remarquer qu’en 2010, le gouvernement ne l’avait pas autorisé non plus. Mais les ouvriers s’étaient « donné les moyens » d’ouvrir les grilles qui étaient
tout aussi fermées que cette année... (« Mondial de l'automobile : épisode
II (2010) ») Quand on n’apporte pas les coupe-boulons, on a du mal à rentrer... La question est de savoir si on imaginait que le gouvernement Hollande allait laisser rentrer les
ouvriers – douce illusion !
Une manifestation marquée, une nouvelle fois, par l’aspiration au « tous ensemble » qui traverse le mouvement ouvrier en France depuis plusieurs années et qui n’arrive pas à se
construire au-delà des échéances de lutte particulièrement notables. Le tract diffusé par les camarades de Voie Prolétarienne dans ce rassemblement (différent de celui diffusé l’après-midi, et
visible ci-contre) appuyait sur ces limites à dépasser pour pouvoir avancer.
Le rassemblement s’est terminé par une guérilla de 3/4 heure avec les gendarmes (qui avaient visiblement reçu pour ordre de ne
pas créer d’incident), jets de pierre et gaz lacrymogènes de part et d’autre des grilles, marquant la radicalité et la colère des manifestants.
A la fin, la majorité des participants rejoignaient la manifestation parisienne, mais on remarquait que certains (Goodyear,
Métallurgie Nord Pas de Calais) ne suivaient pas.
L’attitude des structures de la CGT à l’égard du Salon de
l’Automobile
Nous avons rapporté dans un article précédent (ICI) toutes les tentatives de la FTM pour empêcher la tenue de ce
rassemblement, et ensuite le minimiser, parfois étrangement aidée par certains syndicats.
La déclaration de la FTM appelant aux manifestations du 9 est parfaitement dans ce droit fil (ICI), et parfaitement scandaleuse... Alors que la décision est prise, que les syndicats commencent la mobilisation, la fédération rapporte uniquement que « les syndicats CGT du groupe PSA mettent en débat dans les entreprises la possibilité de se rassembler au mondial de l’automobile avant la manifestation
parisienne ». On voudrait saboter l’initiative qu’on ne s’y prendrait pas autrement... Le compte rendu est du même tonneau dans le Courrier Fédéral récemment diffusé (ci-contre).
Faute d’avoir pu empêcher le rassemblement qu’elle a combattu, la fédération détourne, minimise, déforme, magouille,
développe sur ses propres initiatives à l’habitude de nos « dirigeants » en fait acoquinés avec le nouveau gouvernement qu’il ne faut surtout pas gêner...
La manifestation parisienne de l’après-midi
L’ensemble des huit manifestations a regroupé du monde, et des ouvriers, de tous les secteurs concernés par les restructurations
et les suppressions d’emploi. C’est un vrai succès.
On va retrouver, sous une forme moins radicale les principaux éléments notés le matin : Hollande = Sarkozy, la défense des
emplois, la non-reprise du discours sur l’industrie. Le tract des camarades de Voie Prolétarienne (« 9 octobre : défendre nos emplois OUI, l'industrie
capitaliste NON ! ») faisait grincer quelques dents, mais finalement passait plutôt bien en démarquant les camps.
Et maintenant ?
Et bien les choses sont de plus en plus claires, et pour de plus en plus de militants combatifs.
Il va falloir compter sur ses propres forces, considérer que ce gouvernement n’est au fond pas différent du précédent (même si
la forme est plus souple) et qu’il n’y a rien à en attendre, que c’est bien « tous ensemble » qu’il faut y aller.
Mais « tous ensemble », pas seulement pour une lutte dure, pas seulement pour se fritter avec les gendarmes et occuper les
usines, pas du tout pour demander une "nouvelle loi" à Hollande, mais tous ensemble « pour une autre vie dans une autre société ».
Les camps se démarquent un peu, en particulier parmi l’avant-garde des travailleurs.
Maintenant, l’enjeu c’est se clarifier sur l’avenir pour lequel nous nous battons, pour nous et nos enfants. C’est le
débat, c’est l’organisation, c’est le regroupement et la confrontation. C’est la lutte des classes contre le gouvernement et le MEDEF.
Ce sont les retrouvailles entre les militant(e)s les plus déterminés, celles et ceux qui veulent en finir avec ce monde
d’exploitation !